Var : les urgences sont toujours surchargées

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L’activité des urgences est anormalement élevée sur les hôpitaux du Var … et sans leçons tirées de la crise de la Covid. Aucune politique d’anticipation de la part de l’ARS !?
Les équipes de terrain ont adressé au Préfet du Var et instances une lettre que nous publions

Équipe paramédicale des Urgences
Hôpital Sainte-Musse
CHITS – Toulon

Toulon, le 17 juin 2021
Objet : lettre ouverte d’alerte sur la situation des urgences

Monsieur le Préfet du Var,
Monsieur le Directeur de l’ARS PACA,
Monsieur le Maire de Toulon,
Monsieur le Directeur du CHITS,

Depuis maintenant plus d’un an, l’hôpital public fait preuve d’un engagement sans faille dans la « guerre » menée contre le SARS-CoV2. Les urgences sont, une nouvelle fois, au front et doivent quotidiennement prendre en charge des patients suspects ou confirmés d’une infection à SARS-CoV2.
À l’heure où l’épidémie régresse les urgences restent en alerte en identifiant les patients suspects et en les prenant en charge dans le strict respect des mesures d’isolement jusqu’à confirmation ou infirmation du diagnostic. Nous assurons un véritable rôle de veille sanitaire.

Dans ce cadre, nous avons obtenu un renfort permettant de s’assurer d’une prise en charge optimale des patients la nuit, notamment en Salle d’Accueil des Urgences Vitales (SAUV).

À l’aube de la saison estivale, les experts s’accordent à dire que les français choisiront la France pour leurs congés, et en première intention : le Var. Selon certaines sources, les réservations sont en hausse de près de 40% par rapport à une saison normale.
À l’heure actuelle, la structure des urgences fait face à un afflux important de patients équivalent à la haute saison.

La situation est grave et la sécurité des patients est en danger. Ce 16 juin, les urgences sont tellement saturées que le délai d’attente avant de voir un infirmier organisateur de l’accueil dépasse les 4 heures en journée, 2 heures la nuit. Un patient pris en charge par un équipage SMUR a dû patienter plus de 35 minutes avant de pouvoir disposer d’une place aux urgences. Durant la nuit, 7 entrées ont eu lieu en SAUV. Deux d’entre-eux sont des patients qui se sont dégradés durant leur attente dans les ambulances.

Ce 17 juin au matin, les urgences sont toujours surchargées et nous ne voyons pas le bout du tunnel.

Cette surcharge concerne aussi le pré-hospitalier. Ce 16 juin, un enfant de 20 mois en arrêt cardiaque suite à une noyade est arrivé en SAUV sans avoir pu bénéficier d’une équipe SMUR.
Nous avons alerté notre encadrement qui, lui-même semble démuni. Le dispositif « Hôpital en Tension » n’a été déclenché qu’à 22h… et n’a produit aucun effet.

Qu’attendons-nous avant de bénéficier des moyens nécessaires à l’exercice de notre mission de service public ? Le « quoi qu’il en coûte » comprenait-il aussi la vie des patients ?

Dans quelques jours la saison estivale sera lancée avec l’accueil du Grand Prix de France de Formule 1. La structure des urgences, pourtant au cœur du dispositif, ne sera pas en capacité d’accueillir un afflux supplémentaire de patients.
Nous n’oublions pas le risque terroriste qui pèse sur ces grands événements. Au moment où les équipes sont épuisées, pourrions-nous réagir à une telle crise ?

En 2018, face à une dégradation de la prise en soins des patients, nous avons agi en nous engageant dans 118 jours de grève.

Ce combat s’était soldé par des engagements de l’ARS et de la direction du CHITS. Parmi eux, l’affection d’un renfort infirmier durant la saison estivale et durant la période grippale.

À l’heure où nous écrivons ces lignes, nous avons eu la confirmation de l’absence d’un renfort supplémentaire estival.

Aujourd’hui, la seule option serait de déshabiller Paul pour habiller Jacques. N’y a t-il plus de pandémie ? Les urgences ne doivent-elles plus assurer leur rôle de veille sanitaire ? Devons-nous accepter la surcharge quotidienne de nos services ? La maltraitance envers les patients doit-elle devenir la norme?

Plus largement, il est urgent de revoir l’organisation des urgences, tant sur le plan des entrées, des effectifs, des moyens matériels, des moyens architecturaux et sur le lien ville/hôpital.

Par cette lettre, il nous paraît important de vous alerter sur la situation réelle des urgences qui ne tient que par l’engagement de ses soignants.
Mais cet engagement n’est pas un sacrifice.

Messieurs, nous choisissons aujourd’hui d’user uniquement de notre droit d’alerte. Néanmoins, sans réponse rapide à ce courrier nous saurons, comme nous l’avons toujours fait, prendre nos responsabilités et agir en conséquence.

Dans l’attente d’une réponse urgente de votre part, nous vous prions d’agréer, Messieurs, l’expression de nos respectueuses salutations.

Le collectif Urgences Sainte-Musse

Courrier à destination du : Préfet du Var Directeur de l’ARS PACA Maire de Toulon Directeur du CHITS
Copie à : SUDF, AMUF, CGT, CFDT, FO

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