Les ministres se succèdent et la Santé est toujours en crise !

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mesure de la pression artérielle
Docteur Vincent Carret

Six, bientôt sept, ministres de la Santé depuis 2017 !

Pour une fois que le dernier, Aurélien ROUSSEAU, semblait rassurer un peu notre monde , l’autre  monde aura eu raison de l’Avenue de Ségur une fois de plus, hélas.

La Santé est et reste la priorité des Français, ils ont raison, L’OMS à travers son Directeur Général, Tedros Addhanom Ghebreyssus lors d’une conférence de presse à Genève le 15 décembre dernier alerte nos gouvernants à travers le monde. « Il faut mieux se préparer  et réarmer nos systèmes de Santé pour les futurs pandémies à venir ! »

Des enjeux de société majeurs, des déserts médicaux, des fermetures de lits et de services qui continuent, un désarmement et un déclassement de notre système de Santé confirmés par une crise du covid-19 , ses 170 000 morts et drames humains,  tout  aurait du plaider pour plus de stabilité et de courage politique.

Aucune capacité de projection, aucun cap, aucune vision ou des visions court termistes qui déconstruisent et détruisent plus que ce qu’elles construisent à l’image de nos territoires dont le VAR. Courir derrière les désastres des politiques de santé et chercher à pallier à leurs conséquences, voilà les seules perspectives du moment  . «  Tant qu’on n’aura pas une politique de santé avec des objectifs structurels sur plusieurs années , on ne trouvera pas de solutions »   regrette l’ancien DGS ( Directeur Général de l Santé ) William DAB ( Le Figaro / 29 décembre 2023 ). « Il suffit de constater qu’à aucun moment on a cherché à faire le bilan du Covid , savoir ce qui a marché. Avec 10 000 lits en réanimation en plus , on ne confinait pas le pays, mais cela demande la mise en place d’une réserve stratégique et donc une vision à long terme, ce que nous n’avons plus ! » alors que l’OMS alerte à nouveau ».

Notre système de Santé n’a pas été pensé à affronter les défis de son époque, ni les pathologies chroniques et le vieillissement de ses populations,  ni le monde de crises qui durera et pour lequel Le système Sanitaire et hospitalier devront être en première ligne sans y avoir été  préparé.

Depuis trente ans les réformes se sont succédé avec un seul objectif : « Rationaliser les coûts » regrette l’ancien DGS Lucien Abenhaim. « Le résultat est un excès de bureaucratie qui paralyse l’action des soignants tout comme le numérus clausus limitant le nombre d’entrée en étude de Santé ».

« On a légiféré en considérant que ce qui coûtait cher au système de soins c’étaient les médecins  avec comme calcul simpliste et stupide, moins de médecins c’est moins d’actes médicaux et donc moins d’argent dépensé, la situation actuelle était malheureusement prévisible depuis vingt ans ».

Avant même le Covid-19 les signaux d’alertes s’étaient multipliés mettant au jour une situation désastreuse qui ne cessait de s’aggraver au fil du temps, les grèves nationales des Services d’Urgences de France auraient dû être  pris beaucoup plus au sérieux , en vain ! Nous avons vécu et payé car confrontés durant de trop nombreuses années à une banalisation et une minimisation volontaire de cette crise. Il ne fallait pas voir et regarder ailleurs !

Le Ségur à certes contribué avec ses vingt milliards ( au regard des 600 milliards réinjectés lors du Covid-19 pour sauver notre économie) à relancer la machine mais dans un effet de rattrapage et de compensation des économies réalisées et d’un passif parti beaucoup trop loin pour espérer pouvoir agir face à l’impuissance générale occasionnée par tant d’années d’insouciance et de faillite politique sanitaire.

« Le Ségur n’a surtout pas changé grand-chose sur le terrain juge le Pr Djillali Annane et les problématiques de management restent pointés du doigt par l’ensemble des soignants de France ».

« Rien n’a changé » dénonçaient les équipes en cette veille d’été 2023 qui a vu comme jamais la fermeture en nombre de services d’Urgences et SMUR sur nos territoires , avant qu’Agnès Buzyn ne rajoute «  c’est pire qu’avant ! »

« On navigue à vue et personne ne connait l’ampleur des choix et décisions à prendre pour devoir affronter l’avenir et les crises annoncées » est le cri unanime lancé par les Soignants en ce début d’année 2024 pour coller à l’OMS et son DG au vu de son cri d’alarme à tous les gouvernements du monde.

La démission d’Aurélien ROUSSEAU a été perçue comme une mauvaise nouvelle. Homme d’État à la fibre sociale et humaine rare qui avait le mérite de reconstruire un contrat de confiance avec les personnels hospitaliers là où cette confiance avait été perdue depuis de si longues années, conduit le monde de la Santé dans une nouvelle impasse et la hantise de voir ressurgir la « Technostructure » à la manœuvre et la poursuite des politiques de gâchis humain et de destruction telles que nous les avons subies jusqu’alors .

On ne construit rien sans bilan, sans courage politique pour reconnaitre et avouer ses erreurs tel est le drame de notre monde politique aujourd’hui, sans dénoncer ces années d’erreurs qui nous conduisent à nos déserts médicaux partout sur nos territoires ni l’état de déclassement, de perte de sens et de grande souffrance des Soignants de France , là est la clé d’un retour à la confiance de tous . Reconnaître enfin trente ans de politique de « folie » pour repartir et reconstruire …

Alors qu’un vaste plan Marshall de plus de 400 milliards est annoncé pour la loi de programmation militaire 2023-2030 , aucune vision politique ambitieuse et volontaire dans ce même ordre d’idées pour répondre aux crises Sanitaires annoncées par l’OMS, double irresponsabilité et insouciance de nos gouvernants quand on sait preuve à l’appui du Covid-19 que toutes les crises annoncées devront voir notre Santé et nos équipes partout à travers le monde être mises en première ligne et au front pour protéger et soigner les populations.

Plus que des discours qui n’impriment plus, nulle part, en ces périodes de vœux 2024, des mots qui sonnent vides et faux et en perte de sens pour ne plus coller aux réalités, ce sont du courage politique et des actions concrètes de terrain, que les Soignants de France espèrent pour pouvoir faire face au monde qui arrive.

Réarmez notre Santé, dotez nous d’un vrai ministère et d’un ministre à la hauteur de nos attentes et des enjeux à venir qui n’aient plus rien à voir avec « le ministère des bras cassés » tel que décrit en sortie de Covid-19 par Marc Payet, parce que les populations le méritent et l’exigent, les Soignants de France aussi ….

« Serons-nous, enfin, prêts un jour et pouvons-nous rompre avec le déni et les lâchetés ? » l’ OMS nous le demande ….

C’est le vœu de tous les Soignants de France pour 2024.

Dr Vincent CARRET
AMUF

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