Concert atypique à l’opéra de Toulon proposé par les Concerts classiques du Festival hivernal. Quatre super solistes dans quatre concerti du grand répertoire. Vendredi 8 février 20 h opéra de Toulon. Étonnant !
Into the woods
C’est à un concert un peu particulier que sont conviés les mélomanes varois. Découvrir ou re découvrir quatre grands concerti du répertoire des bois (flûte, clarinette, hautbois et basson) des plus appréciés des musiciens classiques européens, Richard Strauss, Mozart, Weber ou Jacques Ibert.
La bande des quatre
On entendra de Carl Maria von Weber le Concerto pour basson et orchestre en fa majeur ; de Wolfgang Amadeus Mozart le splendide Concerto pour clarinette, K. 622 de Richard Strauss l’étincelant Concerto pour hautbois en ré majeur. Et enfin plus contemporain, pour terminer, de Jacques Ibert le difficile Concerto pour flûte et orchestre.
Les solistes sont des virtuoses de haut lignage poursuivant des carrières diverses mais tous enseignants dans les conservatoires français. La Direction musicale est confiée à Benoît Fromanger qui conduira au Basson Marc Trénel, à la Clarinette Raphaël Sévère, au Hautbois Emanuel Abbühl et à la Flûte Juliette Hurel.
Des œuvres séduisantes.
Il s’agit à travers ces quatre partitions de découvrir aussi le monde des bois et sa littérature séduisante. Par exemple le concerto de Strauss pour Hautbois. Comme dans la plupart des partitions composées à la fin de sa vie, Strauss s’inspira de la forme classique, renouant avec l’héritage de Haydn et de Mozart. Il éprouva assez peu de considération pour cette œuvre. Doit-on douter de sa sincérité lorsqu’il affirma : « C’est un exercice d’atelier pour éviter à la main et au cerveau de s’engourdir… » ? Les pupitres des vents par deux signent une partition d’une facture claire et dynamique, au charme indéfinissable. L’Allegro moderato s’ouvre sur la palpitation des cordes et aussitôt le chant du hautbois. Il semble improviser une mélodie aux harmonies sans cesse changeantes. La partition est réputée pour sa difficulté notamment en ce qui concerne la respiration, ininterrompue. Les pupitres de l’orchestre et le soliste fusionnent leurs timbres en une série de spirales sonores qui rappellent la fluidité de l’écriture du Chevalier à la rose.
Le concerto pour Clarinette de Mozart est lui aussi un pur chef d’œuvre que tous les mélomanes connaissent. Une page d’un lyrisme brulant sorte de testament musical et spirituel du maître de Salzbourg. Raphael Sévère l’interprétera avec tout son talent (vidéo) Le concerto pour basson de Weber qui peut se jouer soit sur un fagott allemand soit sur un basson français est une page romantique vibrante et fiévreuse. Quant à Jacques Ibert il est bien dommage que l’on ne joue plus sa musique dont ce concerto pour flûte est un exemple de clarté française, lointain héritage de Berlioz, Ravel et Rameau.
Ce concert pour de multiples raisons devrait donc séduire En partenariat avec le Festival de Musique de Toulon et sa Région il est original dans sa programmation mais surtout il témoigne de l’évolution positive du public des mélomanes varois qui peut désormais étancher sa soif de beauté aux diverses sources de l’univers musical, du classique au baroque du romantisme au contemporain.
Jean François Principiano