«Ils veulent encore fermer des lits à l’hôpital ? On est chez les fous !»  

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Dr Vincent carret

30 Décembre 2020

«  On ne les supporte plus ! »
Ce jour de veille du 31 Décembre 2020 nos hôpitaux publics sont en tension . Nous ne pouvons admettre nos patients urgents sur nos plateaux techniques, les places sont chères , les régulations du SAMU voient « Rouge » ! et en même temps,  le journal « Le Monde » en pleine 2e vague de la Covid-19 et en perspective d’un 3e confinement demandé par nos élites en Région pour protéger nos Hôpitaux et soignants , annonce que la fermeture de lits hospitaliers sur le territoire national se poursuit !

«  On est chez les fous ! » dirait l’ancien Président de la République , Nicolas Sarkozy.
Surréaliste? impensable? irresponsabilité? pure folie? insouciance ? … On ne sait plus.
Finalement cette crise Sanitaire que nous vivons, ces crises au delà de la crise de l’hôpital public, ne sont elles pas la crise de notre démocratie?

Pour mieux comprendre cette véritable fracture qui alimente chaque jour un peu plus la crise, les crises, permettez nous de nous rapprocher de deux ouvrages référents pour les soignants de France  en ces périodes de fêtes, ils nous expliquent beaucoup de choses.

«  Changeons de voie, les leçons du Coronavirus » d’Edgar Morin et «On a cassé la République» de Pierre Vermeren. Les crises que nous vivons sont bien plus profondes et inquiétantes et arrivent de loin. Elles touchent au fondement même de notre République au delà du seul secteur Sanitaire.

On peut y lire : »La démocratie Française est en crise et bien malade. »
Quelque chose s’est cassé dans le lien entre le peuple et la représentation nationale.

L’antiparlementarisme est acté de fait, car les Français ont compris que le véritable pouvoir ne se trouve plus au parlement. Le parlementarisme rationalisé a dépossédé le parlement de ses compétences et de son autonomie de décision.

C’est évidement du parlement nuit à la démocratie. Pendant plus d’un siècle la République française s’est construite grâce à la démocratie parlementaire et le député était un repère pour les citoyens, la seule personnalité locale pouvant agir à Paris. Si son influence est aujourd’hui devenue médiocre, voire nulle, le député cesse de représenter ses électeurs qui se détournent de lui.

La disparition du député-maire pour les grandes ville prive la République de fortes personnalités , d’intelligence de terrain et de bon sens de la proximité lié à l’expérience du vécu et de la vraie vie de nos concitoyens. L’affaiblissement du parlement « godillots » est réel. Le parlement est devenu un théâtre d’ombres, déserté par les personnalités les plus ambitieuses et parfois les plus brillantes. Nombre de députés sont ainsi élus par défaut et par renoncement d’autres candidatures plus à la hauteur, connues et reconnues … parties ailleurs!

Cet amolissement de son rôle place la masse des députés sous la tutelle des caciques de la vie politique et de l’appareil d’état dirigé par les grands corps d’État.

L’inanité du parlement est aussi accentuée par son devoir de soumission aux directives Européennes et participe à la longue régression de la souveraineté du parlement national.

Le parlement qui ne représente plus les concitoyens ou seulement quelque 20% restant, ( Les 80% majoritaires indiquent dans un sondage du Figaro IFOP en 2020 qu’ils s’orientent en 2022 vers un votre antisystème ou contestataire et d’abstention!) se trouve rejoint par le vide et l’affaiblissement des partis désormais incapables d’animer la vie politique . Ils ont trop peu de moyens, de militants, trop âgés de surcroit, incapables de tirer les leçons de leurs échecs et faillites, incapables de bilan les ayant conduits à être sanctionnés et dégagés par leurs propres sympathisants, ils sont devenus des tigres de papier!

Les partis politiques second pilier de la démocratie à la Française sont à terre.

Les citoyens ont compris que leur rôle en tant qu’électeurs peut se limiter aux choix du maire et à celui de Président de la République. En dehors de ces deux votes la chance d’influencer la décision publique est mince.

Les électeurs trahis, manipulés et déçus trouvent dans cette dépossession de leurs votes la cause essentielle du malaise profond que traverse notre démocratie.

La faible participation aux élections et le déclin de la participation générale qui ne cesse de s’aggraver en dit long sur l’état de déliquescence, de fracture, de rupture et de régression de notre démocratie.

Des maires de grandes agglomérations élus en 2020 avec 20% voire 12 % des inscrits, des députés avec 10% des inscrits, un Président de la République plébiscité par 18% des inscrits au premier tour en tant que votes d’adhésion et 82% qui ne le valident pas, semblent inimaginable et pourtant !

La proportion de citoyens engagés et réguliers aux élections est en forte baisse sur la durée ce qui mine la démocratie représentative. La désaffection, le défi, le désengagement sont surtout élevés chez les jeunes pourtant symbole d’espoir et d’avenir. Plus qu’inquiétant ! Un lien s’est brisé avec une partie de plus en plus importante du peuple qui ne se sent plus lié ni actrice de la République.

La démocratie directe par voix de référendum n’est pas la démocratie participative mais elle en est sa manifestation la plus tangible . Or partis et responsables politiques n’ont eu de cesse de rejeter cette demande au nom de la démocratie … représentative. L’expression directe du peuple sur des sujets d’intérêt général contrairement en application depuis des décennies en Suisse fait peur et est crainte et est redoutée par les élites de la classe politique française.

C’est comme si la confiance entre citoyens était brisée au point de l’incommunicabilité et du mépris le plus profond.

Après les Gilets jaunes nous avons atteint pendant la crise de la Covid-19 un nouveau sommet de la fracture démocratique. Les deux France, celle des élites dirigeantes et celle de nos citoyens  qui ne se comprennent plus et ne se supportent plus . La perte de confiance atteint un niveau de rejet et de fracture inédits jamais rencontrés.

Beaucoup de signaux inquiétants soulignent l’ampleur de la crise démocratique qui frappe aujourd’hui la France. Le monde des soignants et des blouses blanches trouvent une place singulière dans cette fracture inédite et jamais rencontrée. la France est abîmée comme jamais.

La démocratie éloignée et boudée, trahie, dévoyée et manipulée, aux yeux des 80 % des votes de rejets attendus pour 2022, n’est pas prête de renouer avec la confiance perdue de ses concitoyens.

Des études menées auprès de nos jeunes compatriotes en 2017 entre dix huit et vingt cinq ans actent que moins de 18% de cette population jeune et d’avenir inscrits sur les listes électorales ont participé aux quatre tours des élections présidentielles et législatives. Seulement 18% !

Faute de sens et de lisibilité de l’action publique et surtout de la parole politique , ce nouveau siècle semble conduire les français ( dont les plus jeunes ) qui ne font plus du tout confiance en leurs élus vers des horizons assombris.

Alors que l’hôpital public se prépare en silence à devoir affronter une autre crise, sociétale, à venir probablement violente , et à continuer à être sur tous les fronts à la fois, on continue à vouloir fermer des lits hospitaliers!

« Retenir les leçons de la crise de la Covid-19 ! » est affiché et annoncé à qui veut encore l’entendre et y croire et pour cause! et fait partie de cette parole publique et politique anéanties à la vue de ces annonces surréalistes.

Dans une précédente tribune sur TV83 Loïk Le Floch-Prigent au sujet de l’industrialisation écrivait «  il faut arrêter les âneries ». Nos jeunes générations de soignants en rupture le rejoignent dans un discours de terrain plus vrai et envoient un tout autre message à nos classes dirigeantes : «  il faut arrêter les conneries ! »

« Le défi des incertitudes », écrit Edgar Morin , dans « Changeons de voie ou les leçons du Coronavirus », tel est résumé ce qui nous attend pour les horizons à venir.

Au rang des incertitudes un seul avis contraire. Les soignants de France seront bien au rendez vous et les acteurs de premier plan pour 2022 auprès des citoyens .Ils feront, avec eux, de la reconnaissance de tous les acteurs « premiers de tranchées » et « premiers de corvées » qui ont permis à la nation de tenir debout  et jusqu’à présent oubliés et méprisés,  leur priorité.

Par anticipation, aussi, les soignants de France feront de la fermeture des lits hospitaliers pour devoir assumer leurs missions et la gestion des futures crises et épidémies, cette priorité, c’est une certitude !

Docteur Vincent CARRET
Association des médecins urgentistes de France

2 COMMENTS

  1. Comment ne pas être d’accord
    et voir aussi comment se passe la vaccination,(98 en 3 jours !!!) entre principe de précaution et véritable incompétence de la haute administration très largement représentée dans les sphères gouvernementales

    mais non, ils sont pas fous….c’est pire!!

    encore une guerre de perdue…..et comme en 44 le secours nous vient d’Amérique et d’Angleterre cqfd

  2. Si pendant l’épidémie nous n’avons pas fait d’amélioration dans les hôpitaux, quand est-ce qu’on va la faire ?
    Lors du 1er confinement, les « grands médias » nous ont demandé d’applaudir les urgentistes, les infirmiers, les infirmières, les docteurs, les brancardiers etc, etc mais les applaudissements ne payent pas les factures !
    En novembre c était 21,54€ les ide et 17,61€ pour les as maintenant ils bradent et ils s’étonnent que personne ne se présente pour occuper ces postes de m…
    et tous les 4 matins vous avez Martin Hirsch qui vient à la télé pour dire la messe.
    Aux urgences du CHITS, il manque 10 temps pleins, vous avez bien lu 10 temps pleins ! Sincèrement, vous croyez que ça va durer encore longtemps?

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