Il nous faut une véritable Loi de Programmation Santé ( LPS ) sur 5 ans !

0
@afp
Docteur Vincent Carret

Il y a Urgence ! ça craque de partout !

Il faut arrêter « les plans » de rustines , de rafistolage, les système D et autres bricolages, qui participent à la navigation à vue et à vingt quatre heures sans cap ni vision !

Il fallait « un véritable plan Marshall » pour la Santé, telle était la demande des Soignants de France aux élections de 2022, les candidats ont « enjambé », toutes et tous, cette ambition et ces enjeux.

Il fut un temps où la politique consistait à dessiner l’avenir de son pays, à tenter de bâtir le meilleur monde possible pour ses contemporains et de le protéger de toutes les formes d’agressions et des assauts de l’imprévu. La Santé faisait partie de ce projet et de cette ambition.

La crise des Services d’Urgences de France est « LE » révélateur au grand jour de l’état de notre Politique et donc de notre système de Santé depuis des années. Les signaux « Faibles » qu’il ne fallait pas voir pour regarder ailleurs étaient des signaux forts. La Santé et la Politique ont été mis à genoux dans une curieuse dynamique des réciprocités.

Les Services d’Urgences sont devenus les réceptacles contraints et obligés de toutes les politiques de société, de leurs faillites et de trente années d’aveuglement et de manque de vision  en matière de Santé.

De ces citadelles qui observaient au mieux notre société dans toutes ses interfaces et ses aspects, il fallait pouvoir analyser et comprendre notre société bien au-delà de la Santé. La Politique et ses élites étaient sans cesse avertis et alertés du mal et des risques qui se mettaient en place. En vain …

« Mépris, cynisme, déni et pourrissement des alertes » était la stratégie utilisée en réponse à ces signaux qui ne cessaient de s’amplifier au fil des années.  La loi du nombre et des chiffres, de la rentabilité et des économies partout plus fort que l’humain. À l’image de la fermeture des 120 000 lits hospitaliers et de leurs conséquences, cette stratégie allait s’inscrire dans une réelle forme de violence sanitaire et sociale.

Le mécontentement aujourd’hui est général, la colère des populations envers leurs élites et gouvernants gronde comme jamais, jusqu’à atteindre un seuil devenu critique et à la rupture !

Depuis 2019 la situation s’est aggravée. Jamais en trente ans de pratiques et d’expériences nous n’avions vécu une situation aussi dégradée partout sur nos territoires.  Fermetures de services, accès réglementé et filtré, procédures « dégradées », véritable Tri et transferts ou réorientations de patients, perte d’attractivité et découragement des professionnels, tension et pression continues et crises à tous les niveaux, tout s’enchaine dans la plus grande des incertitudes.

Du jamais vu !
La maitrise des situations est devenue complexe et délicate. On navigue à vue et à 24 heures . Les équipes réalisent des prouesses de réorganisations pour pallier au plus urgent, partout les équilibres sont vulnérables et fragiles, un rien peut tout faire basculer.

Ces fermetures des services d’Urgences rejoignent la pénurie de médecins et de personnels soignants, aux Urgences comme dans les Maternités, les services de Pédiatrie, les Blocs opératoires, les Réanimations et les secteurs de Psychiatrie . Toutes ces évolutions inquiétantes issues de trente années de politiques de santé hasardeuses et non anticipées s’inscrivent en lien avec la médecine libérale à la problématique des déserts médicaux.

« Enjambés » par les candidats aux dernières élections de 2022,  les Urgences et la Santé dans son ensemble sont devenus un enjeu Politique majeur pour nos territoires. Enjeu majeur et redouté de tous. Partout les politiques perçoivent le prix à payer. Ils ont été et seront de plus en plus l’objet de sanctions et du «Dégagisme» pour ne pas avoir été à la hauteur de ces enjeux et de leur importance.

Comment des élites et nos gouvernants ont-ils pu à ce point manquer à leur devoir et mission essentiels au plus près de leurs concitoyens en sacrifiant à ce point ce bien commun le plus précieux qu’est notre Santé ?

Ils sont nombreux à se faire discrets aujourd’hui pour ne pas devoir endosser les responsabilités et faire en sorte que le feu des projecteurs soient orientés ailleurs que sur leur propre mission d’élu et de législateur qui font la loi, les lois, celles de notre Santé. Surtout oublier et faire oublier que l’on a appartenu à ces élus « godillots » qui votaient la fermeture des lits, la fermeture des hôpitaux et des Maternités, le vote des budgets d’austérité qui détruisaient l’hôpital public et ses équipes !

Personne n’a oublié et ne pardonne.
Ils ne savent plus comment s’y prendre tant le balancier est parti loin, beaucoup trop loin. La Santé n’est plus ce dossier confidentiel et à part entière parmi tant d’autres, il est devenu avec l’accumulation des crises, « LE » dossier politique du moment. Tout repose et va de plus en plus reposer sur la santé et ses équipes, celles et ceux que l’on oublie vite et qui ont « permis à la France de tenir debout avec le Covid-19 et la mise à l’arrêt du pays confiné ».

Il fallait un plan ambitieux et volontaire, un véritable « plan Marshall » attendu de tous pour la Santé, à la place nous avons eu la continuité des politiques précédentes, celles des mots et des effets d’annonces du « nouveau monde ».

Des slogans toujours des slogans et des plans COM que plus personne n’écoute car perçus comme autant d’aveux d’impuissance et «d’enfumage». Gagner du temps là où depuis trente ans trop de temps a été perdu pour « déconstruire » et façonner les déserts médicaux.

«100 jours pour apaiser» et «vingt mois pour régler la problématique des Urgences d‘ici 2024».

Des discours, des paroles, toujours des paroles et des catalogues entendus et répétés depuis des années !

Au lieu d’apaiser cette rhétorique n’imprime plus et sonne de plus en plus faux, elle agit en vent contraire, irrite plus que tout le monde Soignant, comme une provocation supplémentaire. Ils ont continué à fermer 21 000 lits depuis six ans et viennent aujourd’hui vous expliquer qu’ils sont la solution !

Le seuil critique et de rupture est atteint partout sur nos territoires en cette veille d’été 2023.

Que faut-il faire ? Comment nous sortir de cette situation et des drames à venir ? Comment renouer avec la confiance perdue sur nos territoires entre les Soignants, les populations et nos gouvernants ?

Une seule réponse ! Il faut du courage et de la volonté !
Il y a eu une LPM 2024-2030 ou « Loi de Programmation Militaire » de 413 milliards d’euros pour la défense, il faut une LPS ou « Loi de Programmation de Santé » au même niveau d’enjeux et de responsabilités pour notre santé.

Pour la Santé « Nous demandons une véritable Loi de Programmation sur cinq ans ambitieuse et courageuse à l’image de ce que l’on a fait pour la défense » a plaidé ce Samedi 29 avril 2023 Arnaud ROBINET, Président de la FHF, Fédération Hospitalière de France, une loi qui donne des moyens et des objectifs. Il faut des moyens et investir massivement pour l’hôpital public en lien avec la médecine libérale.

« Nous aurons un hôpital public fort s’il y a à nos côtés une médecine libérale forte, il faut avancer ensemble !»

Penser notre époque de mutations et de profonds bouleversements de société ou comment affronter ce monde de crises et de plus en plus contesté qui se profile si ce n’est que de sanctuariser la Santé et d’en faire une force régalienne pour la protection de tous.

Comme la Défense, la Santé se doit d’être présente et de garantir cette sécurité et cet avenir pour tous.

Dr Vincent CARRET
AMUF

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.