FN : « l’affaire » Kauffmann, sur fond de vague de départs

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Depuis la rentrée de septembre, le FN est secoué par une forte vague de démissions au plan national comme dans le Var.

Dernière en date, Claudine Kauffmann, sénatrice le 25 septembre, « suspendue » le 4 octobre par la direction du FN…lequel n’avait fait aucune réserve sur son entrée au Sénat, en remplacement de David Rachline qui choisissait d’abandonner son fauteuil de sénateur pour se consacrer à son mandat de maire de Fréjus…et accessoirement à ses nouvelles responsabilités nationales confiées par Marine Le Pen après le départ de Florian Philipppot, vice-président, qui fut longtemps le chouchou de la présidente.

Ce remplacement était automatique puisqu’en 2014, Mme Kauffmann figurait en seconde position sur la liste FN conduite par D. Rachline qui fut élu. Il démissionne en cours de mandat, il est remplacé par la seconde de liste. Le troisième étant F. Boccaletti qui, avant la sanction, s’était publiquement félicité de la future promotion !

La suspension prononcée au lendemain n’aurait donc rien à voir avec son entrée au sénat ? Théoriquement non. Politiquement oui. D’autant que depuis la suspension, les langues se délient et il devient fortement probable que le troisième larron de l’histoire, également secrétaire de la fédération FN du Var se verrait bien lui aussi en sénateur si la nouvelle titulaire se trouvait déstabilisée et poussée à démissionner ?

Il lui est officiellement reproché des propos remontant au 25 mai dernier et comparant les migrants aux nazis…ce à quoi la nouvelle sénatrice a répondu avec véhémence dès la sanction tombée (1). Elle assume complètement et renvoie les offusqués à leur indignation sélective !

S’il fallait suspendre tous les auteurs de « dérapages » qui, pour eux, n’en sont vraiment pas -et c’est là tout le problème- il ne resterait plus grand monde au FN et singulièrement chez ses dirigeants.

Mme Kauffmann a beau jeu de rappeler que Marine Le Pen comparait les prières de rue à l’invasion, « à une occupation de territoire » ou que « Rachline imitait le führer dans une Mercédès », l’affaire tourne au règlement de comptes et on comprend mieux les enjeux pour un FN en pleine tourmente : la petite fille partie, prête à une alliance avec la droite dure, Philippot poussé à la démission et qui incarnait un souverainisme très droitier, sans les outrances du père-fondateur, lequel se sent ragaillardi par ce recentrage sur les fondamentaux et la distance prise avec l’énarque idéologue jugé « trop à gauche » !!

Le tout sur fond de forte déconvenue électorale, malgré un score de second tour jamais atteint, le FN craque de partout. C’est encore plus visible dans un département comme le Var où il gère trois communes et compte de forts groupes d’opposition, parfois seuls, comme à la région.

Mi-septembre, c’est le maire de Cogolin, Marc-Etienne Lansade qui annonçait son départ du FN, « sans renier ses idées… » mais bienveillant à l’égard de Macron et de la députée REM Ben voyons, il n’avait pas obtenu l’investiture aux législatives, les municipales se profilent, dix conseillers FN avaient déjà quitté le groupe, contestant la gestion du maire. Le voilà « divers droite » donc très libre de ses alliances, surtout à droite. Mais son étoile a pali.

Au Luc, en moins de trois ans, trois maires FN, c’est dire l’ambiance et la stabilité. Dans les municipalités, les groupes se scindent comme à Toulon, à La Seyne où les factions s’affrontent devant la permanence, à La Valette, à Brignoles, à Draguignan, à Vidauban…et dans bien d’autres villes. Il y a toujours les fidèles à la cheffe, d’autres au père, d’autres à la petite-fille, d’autres à Philippot qu’ils jugent plus « moderne ».

Qu’on ne s’y trompe pas : les idées portées par le FN restent bien présentes, elles naissent à cause des politiques libérales menées par les droites institutionnelles, les socio-libéraux et aujourd’hui par Macron qui les regroupe, sans que rien ne change pour le peuple, au contraire les inégalités s’accroissent. Tout récemment en Allemagne, l’extrême-droite, moins camoufflée qu’en France, atteint désormais un niveau des plus préoccupants.

L’effondrement de l’UMP, son éclatement peuvent encore profiter au FN dont la progression s’est faite, pour l’essentiel, par des transferts de voix venues de la droite traditionnelle. Comme à Toulon en 1995.

Le nouvel épisode du feuilleton Kauffmann ne fait que commencer. La « suspendue » ne se fera pas démissionner sans combattre. Du moins le fait-elle savoir. Dans le Var depuis 2010, conseillère municipale à La Celle, elle était inconnue du grand public sur le plan politique. En 2014, le FN l’avait mise sur sa liste juste après Rachline. Il lui faisait donc confiance. On a néanmoins été surpris que, dans sa lettre aux Varois du 26 septembre 2017 expliquant sa décision, le maire de Féjus n’ait pas même prononcé le nom de sa remplaçante. Curieux non ?

Du coup elle fait une entrée fracassante pour éviter la sortie prématurée qui lui resterait sur l’estomac. Une faille cependant : le 13 décembre dernier elle affirmait dans « Minute » qu’elle ne voulait pas siéger au Palais du Luxembourg pour des raisons de santé. Elle a 73 ans. Mais dans Le Monde du 4-10-17 elle revient sur cette version et en propose une autre : elle aurait menti pour se protéger des menaces de…Boccaletti. Jusqu’à des sommes d’argent pour se retirer.(2)

Tel est le spectacle offert par ces « chevaliers blancs » soufflant la haine de l’autre et la xénophobie, en train de patauger dans un marigot et de s’étriper pour occuper le siège du sénat…un placement sûr et rémunérateur. On est « patriote » ou on ne l’est pas ?

René Fredon

(1) https://www.facebook.com/claudine.kauffmann.39/posts/1847325251974296

(2) http://www.huffingtonpost.fr/2017/10/05/claudine-kauffmann-la-senatrice-suspendue-du-fn-attaque-marine-le-pen-et-denonce-des-menaces_a_23233471/

 

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