Crise des Urgences, crise de société

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L’AMUF se joint au mouvement de grève
Les 750 millions d’euros débloqués par Agnès Buzyn, ministre de la Santé et des Solidarités n’ont pas mis un terme à la crise que vivent les Urgences : 217 services sont en grève, 85 % des équipes se trouvent en sous effectifs dans les grands centres et 30 % des postes en Médecine d’Urgence restent vacants. Ce constat accablant, c’est le Dr Vincent Carret, ancien chef des Urgences à Toulon, Praticien hospitalier, membre du Directoire du CHITS et responsable de l’AMUF (Association des Médecins Urgentistes de France), dans le Var, qui le faisait le 25 août dernier.

Docteur Vincent Carret

Aujourd’hui, rien n’a changé, parce que le problème ne repose pas seulement sur une organisation interne et 750 millions d’euros débloqués : il s’agit d’une évolution sociétale, qui n’épargne pas les jeunes générations de médecins. « Ils ne veulent plus aller à la Mine », explique Vincent Carret, « et le « sacerdoce hospitalier » a disparu, dans un lieu soumis à toutes les violences, « où les compétences ne sont pas reconnues et les rémunérations dérisoires ».

Responsabilités partagées
Depuis plus de 20 ans, sans doute, les gouvernements successifs ont travaillé avec un seul objectif : faire baisser les dépenses de santé. On a trouvé des recettes qui ont surtout affaibli l’hôpital public : numerus clausus, T2A (tarification à l’activité), fermeture de lits…

Et chacun, à son niveau, a une part de responsabilité : les patients qui engorgent les Urgences pour des problèmes qui relèvent de leur médecin traitant, la médecine libérale qui n’assure pas de gardes dans de nombreux secteurs, et même, au sein de l’hôpital, le désinvestissement de certains spécialistes qui viennent de moins en moins dans le service des Urgences…

« La polyvalence sans limite est imposée aux équipes », souligne le Dr Vincent Carret qui analyse le sentiment général de ses confrères : « un sentiment d’isolement, de solitude et de rejet grandissant… Les Urgences sont devenus « un Hôpital dans l’hôpital », qui doit se débrouiller seul… »

La conclusion, pour ce spécialiste du terrain, est en forme de cri d’alarme : « plus que l’annonce clinquante de 750 millions d’euros, qu’il faudra ponctionner sur d’autres secteurs à l’hôpital, il en va de la dimension humaine.»

« Nulle ambition, nulle réussite, nul projet, nul espoir sans les hommes » était déjà l’objet de notre message au Président Macron, en réponse à sa lettre aux Français, lors du grand débat. Et parce que ces combats sont justes et vrais, nous n’abandonnerons pas le combat… »

Nicole Fau

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