6700 lits hospitaliers encore fermés !  

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Docteur Vincent Carret

Le cynisme n’a pas de limite, aucune !

Les faits et le principe de réalités et de vérité sont têtus, il faut les vivre.

On vient de fermer encore 6700 lits d’hospitalisation dits complètes  en 2022 selon la Drees publié ce 20 Décembre jamais compensés ni égalés par l’ouverture de 2591 lits d’ambulatoires et d’hospitalisation partielle au vu des besoins des populations, lits différents pour des besoins totalement différents. Les pouvoirs publics depuis 20 ans réorganisent l’offre de soins vers plus d’ « ambulatoire » pour plus d’économie.

Depuis 2013,  39 000 lits d’hospitalisation complète ont été supprimés soit -10 % en  neuf ans confirmant l’effondrement capacitaire depuis  2000 et 120 000 lits fermés depuis 30 ans.

«  Mon seul combat pour l’hôpital public c’est la réouverture des lits même si ce n’est pas une bonne nouvelle pour l’Ondam ( Objectif national des dépenses de l’Assurance maladie ) avait lancé Aurélien ROUSSEAU récent Ministre de la Santé et aujourd’hui démissionnaire.

«  Si ces lits ferment ce n’est pas pour des raisons budgétaires , c’est pour le manque d’attractivité des métiers du soin » On croit rêver ! Surtout de la part d’un ministre sensé incarné la fibre sociale et de « gauche » de ce gouvernement ! il avait promis de « rouvrir plusieurs milliers de lits d’ici la fin de l’année ».

29 800 lits ont donc été fermés de 2017 à 2022 sous la Présidence du Président d’E MACRON soit beaucoup plus que sous la présidence HOLLANDE ( – 15 000 lits)  et -37 000 sous la Présidence SARKOZY.

Toutes les gardes, tous les jours , toutes les heures , c’est le même combat , la même galère, la même indécence , des heures perdues et gâchées suspendues au téléphone pour trouver un lit, des heures et un temps précieux perdus et confisqués pour le patient, qui sacrifient l’examen, la clinique, l’écoute, l’humain !

La « violence » du principe de réalité et du devoir de vérité pour rappeler nos gouvernants à la vraie vie sont là au quotidien sous nos yeux. La file des Ambulances pompiers et ambulances privées, ce week-end sur le parking des services d’Urgences en attente de pouvoir faire admettre leurs patients après plusieurs heures n’en finit plus, elle dépasse les limites de l’hôpital et s’étend sur la voie publique , ce spectacle désolant acte cette faillite de la pensée politique en matière de soins qui persiste.

Derrière ces files d’attentes dans les ambulances sur les parkings ou nos salles d’attentes se cachent des drames qu’il faut éviter et des souffrances que l’impuissance générale ne maîtrise plus. Incapable de mener des politiques d’anticipation et de préparation face à une culture du déni qui persiste, les files d’attentes demeurent. Ce constat nous désole et parvient encore à alimenter notre colère qui est immense.

«  C’est pire qu’avant reconnaissait courageusement et honnêtement, Agnès BUZYN, ex Ministre de la Santé en cet été 2023 ! »

Nous ne reconnaissons plus notre monde et nos élites en charge de notre Santé qui auraient du investir toutes leurs énergies et responsabilités pour œuvrer à son maintien au premier rang de l’OMS ! Il ne l’est plus, déclassé, sacrifié, abandonné à d’autres intérêts.

«  les lits sont fermés parce que les soignants ont déserté et ne choisissent plus les métiers du soin, ce n’est pas de notre faute ni de notre responsabilité ! » ou comment inverser par cynisme et indécence le sens de la charge de la preuve et des responsabilités !

Plus personne n’est dupe ! Plus personne ne croit et n’écoute ces éléments de langage derrière lesquels celles et ceux qui devraient être exemplaires et irréprochables dans leur courage face à des enjeux majeurs de société continuent à se cacher et se protéger.

La fermeture des lits depuis trente ans ( 120 000 lits) relayée et aggravée par la loi HPST de Roselyne BACHELOT , dite « loi hôpital entreprise de la rentabilité et du beau malade qui rapporte » sont à l’origine de la déshumanisation de nos professions, de l’usure, du mépris et de la déconsidération des soignants devenus de simples pions.

La souffrance des soignants, le toujours plus avec toujours moins de lits et la pression des malades qui s’entassent sur les brancards des Urgences et les ambulances sur les parkings, la perte de sens et la violence imposées à ses soignants sont à l’origine du renoncement, des démissions et de la perte d’attractivité pour nos métiers.

Le nouveau monde, celui de nos jeunes générations, et leur paradigme qui ne répondent plus aux vieux logiciels usés encore à l’œuvre, s’est invité à la crise et rajoute aujourd’hui de la crise à la crise. Ils n’accepteront plus d’être traités, méprisés et oubliés comme leurs Ainés,  soyons en tous convaincus.

Plus lucides que nous, plus éclairés et avertis, ils construisent un autre monde. Les piéger et leur mentir ou dissimuler les responsabilités par ces stratégies ne marche plus, ils renvoient aujourd’hui en effet « boomerang » le cynisme aux cyniques !

Ces lits fermés par défaut de politique d’anticipation et qui manquent tant aux franges les plus fragiles et vulnérables de notre société, nos enfants en Pédiatrie et nos plus âgés , voire aussi pour tous au titre de nos missions de service public au quotidien,incarnent une atteinte grave à notre principe de solidarité, d’entraide et de protection pour tous, cette solidarité qui faisait depuis toujours notre grandeur est bien mise à mal aujourd’hui sur son socle des valeurs républicaines que sont l’égalité, la liberté et la fraternité face à la maladie.

Avoir honte de nos élites et ne plus pouvoir leur faire confiance au regard du bilan , de leur bilan inscrit à travers nos déserts médicaux, est une chose, les voir continuer à travers des éléments de langage et autre stratégie de contournement et d’évitement refuser d’assumer leurs responsabilités dépasse cette honte et accentue le rapport de rejet et de défiance envers celles et ceux qui devaient être à la hauteur, ils ne l’ont pas été.

Non ! le manque de soignants n’est pas la cause de la pénurie de lits, c’est tout l’inverse,  ils en sont la conséquence, c’est parce que l’on a trop fermé de lits et rendu les conditions de vie et d’exercice des métiers du soin sous tension, sous pression, et que ces conditions ont créé la déshumanisation et la perte de sens,  que l’attractivité a été perdue et que les drames aussi y trouvent certaines explications , drames qui participent aussi au renoncement des soignants, ils le disent et le verbalisent haut et fort .

La honte c’est aussi de ne pas avoir dénoncé en plus grand nombre ces politiques de Santé et ses dérives que le Président MACRON dénonce lui aussi comme une « folie » ! Combien se sont tus ? Combien ont préféré s’inscrire au service du silence et penser à leur carrière et parcours professionnels alors qu’ils auraient du avec nous et à nos côtés dénoncer eux aussi cette folie !

Pour ne plus maîtriser un balancier parti loin, beaucoup trop loin, dans la déshumanisation d’un monde qui aurait du être sanctuarisé et protégé, coûte que coûte, il ne reste que les artifices des chiffres pour se justifier et essayer de défendre ce qui devient de plus en plus difficile à assumer  devant l’opinion publique.

Les chiffres , toujours les chiffres, des courbes, des statistiques et un « Novlangue » technocratique déconnecté du réel,  l’humain on verra après ! Aux malades et familles en attente, aux drames et familles endeuillées, aux files d’attentes sur les parkings de nos hôpitaux, « Oserez vous aussi répondre par des audits, des chiffres et des power points, comme aux soignants ? »

« Inverser le sens de la charge de la preuve et des responsabilités », se cacher et se protéger derrière les soignants, seuls, et toujours plus seuls qui continuent à encaisser la fermeture des lits et assumer les conséquences de ces fermetures dont font partie les drames dans nos files d’attente n’est pas digne de la confiance que les soignants seraient en droit d’attendre de leurs élites, des « élites » que l’on ne voit plus en première ligne et au front avec nous et à nos côtés pour assumer devant l’opinion publique ces fermetures et toutes les souffrances qui y sont liées.

Dr Vincent CARRET
AMUF VAR

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