Burkini : Le Conseil d’Etat a tranché…contre les arrêtés, Falco se défausse

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Vendredi, le Conseil d’Etat a tranché. Les arrêtés sont illégaux. Il a suspendu celui de Villeneuve-Loubet. Sa décision sur le fond s’appliquera aux autres.

Intéressante et prudente, l’expression tardive du maire de Toulon, le 26 août 2016, juste avant que le Conseil d’Etat ne tranche sur l’illégalité des arrêtés anti-burkini. Décision de prinicipe, conforme à notre droit.

Le sénateur-maire de Toulon, président de TPM et de la nouvelle métropole, patron des LR du Var ne s’était pas mêlé de la polémique engagée au coeur de l’été par ses collègues des Alpes-Maritimes, du Var et d’ailleurs (une quarantaine), se transformant en police des moeurs pour interdire le port du burkini sur « leurs » plages.

Indépendamment de l’opinion que chacun peut avoir sur cette tenue qui n’est d’ailleurs pas propre qu’aux femmes musulmanes, rien n’autorise un maire à l’interdire sur une plage de l’hexagone au motif qu’elle présenterait un risque pour l’ordre public !

Outre l’humiliation ciblée que cela représente, c’est une liberté fondamentale qui était contestée à une partie des citoyens français.

Hubert Falco avait reçu le 23 août une lettre ouverte du conseiller régional et municipal  FN, Amaury Navaranne qui lui demandait expressément « de prendre un arrêté contre ce vêtement spécifique » au motif que « le concept radical et communautariste du burkini devient un trouble à l’ordre public ainsi qu’une revendication malsaine » !  Si ce n’est pas une injonction, ça y ressemble.

Le maire, lui, a choisi la prudence et l’attente de la décision du Conseil d’Etat pour renvoyer la décision sur le législateur et non sur les maires, considérant que « l’Etat se défausse… » mais qu’il ne faut pas « tomber dans la politique spectacle à laquelle je ne me prêterai pas ». Le législateur Falco a évité de  se mouiller dans cette affaire de tenue de bain, véritable provocation de la droite et de son extrême, si proche, en compétition dans la surenchère identitaire et sécuritaire.

Il a pris soin de ne pas condamner ses collègues tout en évitant de les suivre sur ce terrain glissant,  toute une communauté se trouve stigmatisée alors que doublement victime  : de l’islamisme radical pour le comportement d’une infime minorité -et encore pas tous musulmans- et victime d’en être tenue pour collectivement responsable ! Sans parler de l’exclusion sociale qui découle de ces amalgames volontaires.

C’est tout ce qu’ils ont à proposer comme avenir à notre République une et indivisible ? Pousser à la division les citoyens selon leurs croyances, comme s’il n’y avait des fanatiques  que dans une seule d’entre elles. Exactement ce que cherchent les tueurs fanatisés : faire que les musulmans se sentent rejetés dans un pays laïque et qu’ils le quittent !

A écouter Sarkozy, imitant le FN, il y en a qui s’y emploient en toute « décomplexion ». Il ne s’agit pas de renoncer à nos principes républicains de liberté, d’égalité, de fraternité mais au contraire de les faire vivre dans la diversité de notre société, diversité qui en fait sa richesse si l’on sait cultiver la tolérance et le vivre ensemble.

René Fredon

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