Ainsi pourrait-on lire le « message d’Hubert Falco aux Toulonnaises et aux Toulonnais » qui l’avaient élu depuis 2002 et qu’il veut rassurer pour préparer sa succession. Il lui faut compter sur la stabilité de sa majorité. Il suggère que sa première adjointe Josée Massi le remplace « pour que les engagements pris soient tenus jusqu’au prochain mandat ».
Le préfet du Var a acté le 19 avril la démission d’office du maire et président de TPM. pour « recel de détournement de fonds publics« .
Falco a également suggéré de désigner Jean-Pierre Giran pour lui succéder à la présidence de la métropole.
En remerciant les Toulonnais.es qui lui ont été fidèles, il vise naturellement à préparer sa succession de maire avec l’équipe qu’il avait choisie autour de lui et qui se trouve aujourd’hui fracturée par le ralliement de leur ancien leader à Macron.
Ce qui pousse l’opposition de gauche et d’extrême-droite à demander des élections anticipées (les prochaines en 2026), le RN comptant sur sa dynamique électorale, dans le Var et à Toulon notamment, pour reconquérir la ville qu’il avait « prise » en 1995, suite à une fin peu glorieuse d’Arreckx, l’homme fort de la droite précédant Falco qui devait lui succéder à la présidence du conseil général d’alors.
Le FN nous a gratifiés d’une expérience calamiteuse, de scandales sur scandales, expérience qui ne fut pas renouvelée. Falco, reprit la mairie de Toulon en 2002.
S’il a perdu ses mandats, il ne donne pas l’impression, à 75 ans, de croire que le recours en appel effacera le verdict du tribunal correctionnnel. Nous n’ironiserons pas sur le coup au moral qu’il vient de subir et qui atteint son honneur, effectivement.
Il aurait pu l’éviter en ne justifiant pas une pratique incompatible avec une saine gestion des deniers publics. Mais il y a tellement dans notre département -qui n’en a pas l’exclusivité-, d’infractions aux règles élémentaires de la gestion publique, et ce, au plus haut niveau par des maires qui ont été ministres, députés ou sénateurs (Médecin, Arreckx, Léotard, Gaudin, Joissains, Falco…) pour n’en citer que les plus connus en région. Quels exemples ?
C’est sans doute la révélation de telles pratiques qui fait perdre la confiance d’une grande partie du peuple dans celles et ceux qui nous gouvernent quel qu’en soit le niveau, local, départemental, régional ou national. Amalgamant ainsi tous les élus.es.
Il n’est pas triste, dit-il, de perdre le pouvoir mais « l’histoire judiciaire n’est pas terminée, je n’aurai de cesse de rétablir mon honneur ». C’est son droit.
Ce qui donne à son message une tonalité nostalgique du temps où il était à la tête de la ville de Toulon grâce à la volonté de ses habitants qui l’élisaient au premier tour, à quatre reprises.
« J’emporte dans mon coeur tous vos sourires bienveillants…Je vous ai donné tout ce que j’avais de bon et de créatif... » Il est dans le pathos, dans une vraie souffrance, on peut comprendre. Cela ressemble à un testament ainsi qu’à un appel, comme s’il disait « vous faîtes partie de mon héritage, vous m’avez suivi, restez-moi fidèle », il écrit d’ailleurs « la seule chose qui compte c’est Toulon »
Le politique ne perd pas le fil. Il se rend à la réalité qui n’est plus la même et sur laquelle il aura moins de prise. Il ne veut pas que l’élan qu’il a donné à Toulon soit brisé écrit-il.
Il est sûr de son bilan et de la sympathie qu’il inspire, « je pars en aimant plus que jamais Toulon… » comme s’il ne se faisait pas d’illusion.
Tout à fait dans son style, « on ne fait pas de politique, on gère au mieux pour les Toulonnais.es…(lesquels ?), ils nous font confiance parce qu’on les aime et qu’on est efficaces… »
Ainsi procède le conservatisme ordinaire, en deça de ce que l’ultra-conservatisme menaçant à Toulon ne nous dira pas, mais fera.
Il va falloir faire beaucoup de politique, avec les Toulonnais.es, pour qu’ils redonnent une autre image de leur ville et décident de leurs attentes.
René Fredon
