À La Seyne aussi, l’extrême libéralisme nourrit l’extrême-droite, mais…

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À peu de chose près, dans cette France brune, les résultats du vote de La Seyne ressemblent à ceux de l’élection européenne de 2014.
Les Seynois demeurent partagés en trois grandes sensibilités : un gros tiers a choisi l’extrême-droite, arrivée en tête comme il y a cinq ans, un petit tiers les sensibilités du social et de l’écologie, et un dernier petit tiers les divers courants libéraux. Des évolutions significatives, cependant, sont à relever.

Mais La Seyne demeure singulière dans son territoire. Et quelques comparaisons sont aussi à dresser avec notre environnement varois…

CONTRE LA SÉGRÉGATION DÉMOCRATIQUE, UN BESOIN D’ÉDUCATION POPULAIRE
C’est encore à La Seyne que l’abstention est la plus forte, de 5% supérieure à celle du Var et la plus importante de la métropole toulonnaise. Les résidents de nos quartiers populaires, notamment, ont une nouvelle fois grandement boudé les urnes.

Élection après élection, on mesure l’impact néfaste à l’espérance démocratique de la diminution inexorable des moyens que l’État dédie à l’éducation populaire et du sentiment de ségrégation qui s’installe durablement, malgré les efforts de rénovation urbaine et d’accompagnement social. La fracture territoriale est patente.

EN BAISSE, MAIS DURABLEMENT ANCRÉE, UNE EXTRÊME-DROITE AUX AGUETS
Dans ce contexte inégalitaire, aggravé par le désespoir face à l’emploi, au logement ou à la santé, les incivilités et la délinquance devenue criminelle que l’État peine à endiguer, l’extrême-droite se nourrit avec avidité.

Les souverainistes de Debout la France (DLF) et les populistes du Rassemblement national (RN) cumulent chez nous 36% des voix, comme dans le reste de notre métropole, certes en petite baisse, dont on aurait tort de se réjouir, par rapport à 2014 où ils atteignaient 38%.

DES COURANTS LIBÉRAUX QUI « SE SIPHONNENT » MUTUELLEMENT
Si, en France, dans le Var et dans la métropole, les partis traditionnels libéraux de la droite et du centre, Les Républicains (LR) et l’Union des Démocrates et Indépendants (UDI), payent à l’évidence le prix du choix de M. Wauquiez de durcir son propos vers celui de la droite extrême, les électeurs préférant toujours l’original à la copie, c’est significativement plus évident chez nous que dans le reste du Var où leurs responsables seynois, pourtant en campagne depuis des mois pour un autre futur rendez-vous électoral, sombrent à moins de 7% pour LR et moins de 2% pour l’UDI, bien au-dessous des voix qu’ils récoltent ailleurs, et bien loin des 27% de votes qu’ils avaient obtenus en 2014.

Il est vraisemblable qu’ils ont aussi été « siphonnés » par le courant libéral qu’incarne désormais le parti présidentiel La République En Marche (LREM) qui a obtenu un peu moins de 20% des voix à La Seyne, même s’il est probable que certains électeurs de la gauche social-démocrate ont aussi fait le choix de LREM, lassés des divisions de leur propre camp ou bernés par la stratégie habile de M. Macron de rejouer, sur l’air de « moi ou le chaos », le second tour de la présidentielle à grand renfort de ces moyens publics, hors campagne officielle, qu’ont constitué toutes les étapes des longs mois de « Grand débat national ». En ce sens, La Seyne ne se distingue pas du reste du pays et du proche territoire du « Grand Toulon ».

L’ÉCOLOGIE ET LA GAUCHE QUI RÉSISTENT MAIS SE RECOMPOSENT
La gauche et l’écologie, quant à elles, amortissent à La Seyne pas trop mal le choc malgré la dispersion des candidatures, dans le contexte inédit résultant de la présidentielle et des législatives de 2017, passant de 33% des voix en 2014 à 30% cette année.

C’est en particulier la gauche social-démocrate seynoise du Parti socialiste (PS) et de ses alliés, le Parti radical de gauche (PRG) et Nouvelle Donne (ND), qui subit une perte, avec moins de 5% des voix, contre 15% en 2014.

Europe Écologie-Les Verts (EELV) et les autres partis écologistes maintiennent leur score à La Seyne, avec un joli résultat à presque 9%, en baisse très légère par rapport à celui d’il y a cinq ans.

Et c’est la gauche seynoise de ma sensibilité, celle qui est moins encline à oublier parfois les fondamentaux de la république sociale que nous ont légués les Vaillant, Guesde et autres Jaurès, incarnée par la France Insoumise (FI), le mouvement « Génération.s », le Parti Communiste Français (PCF), le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), et mon parti de la Gauche Républicaine et Socialiste (GRS), qui, progressant en cinq ans de moins de 9% à plus de 14%, permet à l’ensemble des sensibilités progressistes, humanistes, sociales et écologistes, d’incarner encore chez nous la seule alternative à l’extrême-droite populiste et excluante.

C’est là une spécificité seynoise qui, hormis dans le village de Carnoules, ne se retrouve nulle part ailleurs dans le Var et dans la métropole toulonnaise.

UN DEVOIR D’ASSUMER DANS L’UNITÉ LE RÔLE DE REMPART FACE AU POPULISME
Ça nous engage. Car il en résulte que, à La Seyne plus qu’ailleurs, l’écologie et la gauche dans leurs diversités, que les Seynois ont placées ce dimanche comme unique rempart face à l’extrémisme de droite, ont l’impérieux devoir de transformer leurs spécificités en complémentarités utiles, comme elles le font à l’échelle municipale depuis plus de dix ans.

C’est, à ce qu’ils en disent, ce que les Seynois qui leur font confiance attendent d’elles, dans une démarche active, coopérative et ouverte vers un « front populaire et citoyen », qu’elles doivent impulser avec et auprès de nos habitants, et c’est ce qui est de nature à redonner espoir à d’autres républicains seynois, un peu déboussolés par les circonstances peu enthousiasmantes du moment.

Marc Vuillemot
Maire de La Seyne sur Mer
Vice Président de TPM

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