La Seyne a besoin de retrouver son souffle  !

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La droite disqualifiée
Depuis l’arrivée à la mairie d’une droite qui se disait unie et triomphante, on a eu droit à une véritable bataille de clans qui s’est de suite focalisée sur Nathalie Bicais et son 1er adjoint Jean-Pierre Colin. Ils avaient, en principe, le même projet néo-libéral pour leur ville.

On peut le résumer par « moins de services publics et de dépenses sociales, tout pour la promotion immobilière et la santé privée notamment« . Les locataires n’en peuvent plus, accablés de charges, les demandeurs d’un logement social de plus en plus nombreux dans le Var et en Région attendront plus longtemps. Dans le Var, le minimum c’est deux ans et ils sont près de 40 000 en liste d’attente qui s’allonge, tellement il y a de réticence chez les maires de droite, Fréjus comprise !

Qu’importe, il y a un mois on pouvait lire sur la page seynoise du quotidien régional  « Immobilier : la ville classée « plus attractive de France » ! Par le nombre de transactions. Cocorico. Bravo, la municipalité, l’immobilier privé bat son plein, c’est mieux que d’évoquer la pénurie de logements sociaux qui ne relève pas du hasard.

Comme pour illustrer leur fibre conservatrice, à La Seyne ils ont décidé de fermer la maison des services publics au coeur de la cité Berthe ! Plus qu’un symbole, un acte politique qui priverait les Seynois – et particulièrement les familles les plus fragiles- de disposer d’un lieu où elles peuvent s’informer de leurs droits et trouver une aide pratique pour résoudre les problèmes du quotidien.

Comme l’écrit Marc Vuillemot, l’ancien maire de l’équipe de gauche « l’abandon serait intolérable » (1)

La résistance marque des points
Fort heureusement un collectif d’associations, de syndicats, de partis de gauche et écologistes a organisé la résistance à pareille injustice. Avec un premier résultat : la ville revoit sa décision dans six mois. La vigilance s’impose, l’intervention des Seynois n’en restera pas là, elle est décisive pour redynamiser ce lieu préconisé par plusieurs gouvernements.

Cet épisode est très révélateur des choix de nos édiles qui nous offrent le spectacle pitoyable d’affrontements internes après avoir  prétendu qu’ils formaient une équipe solide et solidaire ?

Six listes divers droite concurrentes étaient au 1er tour puis se sont rassemblées au second  pour battre le sortant de gauche. La droite à peine installée « l’unité » était rompue. Pour des raisons d’égos, de carrière, de visibilité, les têtes de liste étant exigeantes sur les rôles qu’elles entendaient jouer, le regard tourné vers les postes et les candidatures aux futures assemblées, départementale, régionale, nationale, européenne.

Et, comme si la barque n’était pas assez chargée, voilà que le « patron » du Var, ex-LR, distributeur des postes-clés au niveau départemental, quitte son parti de toujours après qu’il eût essuyé le plus mauvais score à la présidentielle (4,78%). Il rejoint Macron, comme Estrosi et Muselier ! Une aubaine pour le RN qui profite de l’hémorragie considérable des adhérents et électeurs LR tout en permettant à Macron de jouer la comédie du « rempart au RN » ? Le phénomène n’est pas que français.

Des élus discrédités
Comble de malchance, H. Falco se fait prendre la main dans le pot de confiture ou plutôt dans « le frigo du département » et perd tous ses mandats et son éligibilité. Il est remplacé à TPM par Jean-Pierre Giran, son ex-1er vice-président de 76 ans et ami de longue date, marqué par quelques possibles conflits d’intérêts signalés à la justice.

La nomination récente de quelques adjoints autour de madame la Maire ne changera pas la rupture consommée au sein de la liste de droite dont la légitimité est très entamée.

À cette allure, le mouvement risque de s’accélérer et pas qu’à La Seyne, non pas vers une issue démocratique, laïque et progressiste mais vers une fuite en avant nationaliste, encore plus antisociale, ultraconservatrice, raciste, homophobe…la violence de groupes d’extrême-droite -et même nazis- s’affiche et devient monnaie courante sans que Macron, Darmarin ne s’en émeuvent et fassent respecter la loi.  Celle qui condamne le racisme et l’antisémitisme.

De même, il y a un rapport direct entre les régressions sociales et les profits faramineux qu’empochent les actionnaires des grands groupes industriels et bancaires qui investissent encore dans les énergies carbonées à travers le monde alors qu’on nous parle d’un réchauffement possible de +4° à la fin du siècle, histoire de nous motiver ! Ils continuent à extraire, à transformer, à transporter, à consommer ce qui nous pourrit la vie sur terre ?

À quand des investissements d’ampleur et prioritaires pour des énergies décarbonées ? Ils n’enthousiasment pas les investisseurs gourmands de bénéfices à très court terme auxquels ils ne renoncent pas ?

Services publics, objectifs sociaux et écologiques
À La Seyne plus qu’ailleurs, la question du logement est le premier poste de dépenses des familles modestes (+40%à LS).  On voit bien ce qui distingue une gestion de droite  d’une gestion de gauche transformatrice. Le droit au logement existe, il doit être garanti à tout le monde.

Encore faut-il donner la priorité à la construction sociale (2) et mettre un terme à la spéculation immobilière. Certes il faut aussi des logements privés et en copropriété, par le crédit accordé à une clientèle solvable, au prix de sacrifices car ils ne sont pas pour autant riches encore moins « très riches »! Ils peuvent choisir entre loyer ou crédit qui leur ouvre un patrimoine le plus souvent fruit de leur travail.

Mais il est inacceptable qu’une société ne prenne pas en charge le logement de celles et ceux qui ne peuvent pas envisager une autre alternative que le logement locatif public. À condition qu’il s’en produise assez chaque année et qu’ils soient accessibles et aux normes d’aujourd’hui. La tendance est forte d’éloigner les populations les plus paupérisées des centres-villes pour les destiner à d’autres catégories sociales en phase avec l’évolution du prix de l’immobilier.

Les conservateurs veulent attirer les gens à fort pouvoir d’achat et réduire les aides aux catégories populaires considérées comme à charge. Une façon de « trier » la population, en fonction de son niveau de vie. Pour les édiles conservateurs, il y a d’un côté ceux qui consomment et font marcher le commerce et de l’autre ceux qui coûtent car ils n’ont pas assez de revenus et on le leur fait sentir ? « Cachez-moi ces pauvres que je ne saurais voir »…

La droite les traite « d’assistés » parce qu’ils génèrent des dépenses publiques qu’ils entendent  réduire voire supprimer. Ainsi Macron a réduit les APL, transférées sur les budgets des offices incités à se regrouper et à vendre les appartements sociaux. Tout en supprimant l’ISF. Les privilèges existent toujours, ils sont pour les grandes entreprises privées qui bénéficient très largement des fonds publics, de la baisse de leurs charges et de « niches » fiscales en plus de la fraude et des paradis fiscaux.

Redonner à la ville une perspective progressiste avec les Seynois.es
À La Seyne et dans une majorité de communes du Var, les maires se refusent et l’assument, à appliquer la loi SRU des 25% de logements sociaux par rapport à l’ensemble des habitations, quitte à en faire le moins possible et de prétendre « en changer l’image ». Comme s’il était obligatoire de faire des tours et des barres. De petits collectifs c’est mieux.

Face à une ville à la dérive et au danger sérieux d’une extrême-droite que l’écroulement de LR, les vicissitudes locales et les échecs de Macron font saliver, il lui suffit d’en profiter.

Les forces de gauche qui ont longtemps géré la ville, ont non seulement besoin d’union mais d’idées et de perspectives partagées au service de toute une ville qui ne saurait se satisfaire d’un destin balnéaire livré au tourisme de luxe. Mais pour une ville qui retrouve son dynamisme industriel et de recherches, dans un bassin d’emplois riche de savoirs-faire qui a beaucoup souffert de la désindustrialisation et des privatisations à partir des années 1980.

C’est avec les Seynois.es, les familles, les jeunes, les retraités.es, les entreprises publiques et privées et leurs salariés.es, les quartiers, le mouvement syndical et associatif… que se dessinera l’avenir d’une ville tournée, avec la métropole, vers la mer et la défense nationale. Tout en redonnant à la démocratie participative tout son sens ainsi qu’aux valeurs issues de la Révolution française et de la Résistance, elles ont façonné notre modèle social qu’il nous faut restaurer et moderniser.

« Il n’est pas de sauveur suprême... » Air très connu !

René Fredon

(1) http://www.marcvuillemot.com/abandon_maison_services
(2) https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/16/textes/l16b0652_proposition-loi#

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