2éme Convention annuelle des Maires de la région Sud

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Renaud MUSELIER, Président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, a présidé la deuxième Convention Annuelle des Maires de la région Sud, en présence de Dominique BUSSEREAU, Président de l’Assemblée des Départements de France, et de nombreux Maires, Présidents d’intercommunalités et Présidents de Départements de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Au total, ce sont près de 1200 personnes qui ont participé à ce grand rendez-vous annuel au cours duquel la Région a présenté l’ensemble de ses dispositifs dédiés aux collectivités de la région.

Jeudi 28 février 2019 Discours de clôture prononcé par Renaud Muselier Président de la Région Provence Alpes Côte-d’Azur.

Seul le prononcé fait foi

Monsieur le Ministre, mon cher Dominique,
Merci pour ta présence amicale et politiquement très forte pour l’ensemble des Maires et des élus locaux de notre région.
Ta présence à nos côtés me touche car tu es aujourd’hui un de ceux qui incarnent le mieux cette France des territoires.
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Mesdames et Messieurs les Présidents de Conseils départementaux et élus départementaux, Mesdames et Messieurs les membres de ma majorité régionale,
Mesdames et Messieurs les Présidents des Unions départementales des Maires,
Mesdames et Messieurs les Maires et élus municipaux,

Chers amis,
L’an passé à la même époque, nous tenions notre première Convention régionale des Maires autour de François BAROIN, le Président des Maires de France.
Pour cette 2ème édition, j’ai le plaisir d’accueillir mon ami Dominique BUSSEREAU, le Président des Départements de France.
Cette manifestation est dans une large mesure la conséquence de la démarche initiée en septembre dernier autour du Président du Sénat Gérard LARCHER, du Président des Maires de France BAROIN, de toi mon cher Dominique BUSSEREAU et du Président des Régions de France Hervé MORIN.
Cette démarche, c’est « Territoires Unis » lancée ici même à Marseille en marge du Congrès des Régions de France que nous avons eu le plaisir d’accueillir il y a quelques mois.

Reconnaissons qu’à notre manière, nous avons été précurseurs.

À l’époque, la mode venue d’en haut et complaisamment relayée par beaucoup de médias, consistait à fustiger les corps intermédiaires et à s’en prendre sans vergogne aux élus locaux.

Rappelez-vous !

Les Maires, les Conseillers départementaux, les élus régionaux étaient dépeints comme des empêcheurs d’avancer et des freins à la modernité.
Une sorte de caste de réactionnaires invétérés, rétifs à toute réforme et combattant tout changement. Préoccupés par la seule préservation de leur pré-carré.
Nous étions tout à coup devenus les parias du nouveau monde !
Déjà à l’époque, nous nous étions insurgés contre cette caricature.
Nous avions émis le pronostic selon lequel prétendre gouverner le pays sans tenir compte des représentations territoriales ne pouvait conduire qu’à l’asphyxie politique et ajouter au désarroi national.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’actualité ne nous a pas donné tort.

Loin de moi l’idée de jouer les Cassandres ou de m’en gargariser mais nous avions raison d’affirmer que dans un pays comme la France, rien ne bouge, rien ne peut changer, rien ne peut s’améliorer sans dialogue ni prise en compte des préoccupations du terrain.
Or, ce qui vient du terrain, nous le connaissons mieux que quiconque !
Non pas parce que nous serions plus malins ou plus intelligents mais parce que c’est notre job de tous les jours.
Nous sommes tous, ici dans cette salle, à portée d’engueulade.

Parce qu’un Maire, ça habite sa ville dans tous les sens du terme.
Parce qu’un élu départemental, ça connait chaque commune, chaque route de son canton.
Parce qu’un élu régional, c’est d’abord l’élu d’un terroir dont il connait les problèmes, les potentialités et les enjeux.

Président de cette Région, je passe une bonne partie de ma vie sur les routes de notre belle région Sud et une part non négligeable de mon activité consiste à dialoguer avec chacune et chacun d’entre vous.
En parcourant du regard cette salle, j’y vois naturellement beaucoup de visages amis, le souvenir de combats partagés, mais surtout la réminiscence de débats souvent passionnés, sur les besoins de tel ou tel territoire.
Ma mission, je la conçois, vous me permettrez d’utiliser une expression désormais rentrer dans le vocabulaire politique, comme un « En même temps ».
Avec mon équipe et avec tous les élus de notre majorité présidée par Pierre-Paul LÉONELLI, je suis porteur de l’exigence, de l’écoute, du respect, de l’attention que vous demandez, parfois exigez, et le plus souvent revendiquez.

Ce dialogue irrigue nos décisions.

Sans cela, nous lancerions des projets désincarnés, avec le risque du hors sol.
Mais il y a un « En même temps ».
Je suis également porteur d’une politique. La politique, c’est écouter mais c’est aussi et avant tout décider.

La démocratie, c’est émettre des options et après le débat de procéder à leur mise en œuvre C’est en quelques sortes ma méthode : autorité, écoute, proximité.
Un Président de Région qui dirait amen à tout ne serait qu’un Président poltron.

Une Région qui dirait oui à tout le monde et à chacun ne serait qu’un tiroir-caisse, sans vision ni perspective.
Comme vous dans vos communes, je suis le garant de chaque décision prise pour assurer la cohérence et le respect du projet sur lequel nous avons été élus en décembre 2015 avec Christian ESTROSI et l’ensemble de nos colistiers.
Comme toi mon cher Dominique, je ne rejoindrai pas ceux pour qui le terme de mandat est ringard et dépassé.
Oui, l’élection nous donne mandat. L’élection sur un projet nous oblige.
Je ne méconnais aucunement la nécessité d’améliorer les processus de démocratie directe.
D’ailleurs qui pourrait être contre ?

Comment ne pas voir à l’heure du numérique, des réseaux sociaux, du zapping informatif, qu’on ne peut plus et il ne faut plus gouverner comme avant ?
De cette réalité, il faut faire une exigence nouvelle.
C’est la raison pour laquelle nous allons lancer « Sudopolis ».
En Grèce antique, la polis est une cité état. Une communauté de citoyens libres et autonomes. Il s’agit là de différents outils permettant de donner la parole aux citoyens.
Une plateforme participative sur notre site internet permettra dans un premier temps aux 5 millions de Provençaux, Alpins et Azuréens de s’exprimer sur les politiques mises en place en amont et en aval.
Nous les consulterons régulièrement par le biais de mails, de sms ou via une application dédiée sur des problématiques bien spécifiques. Nous pourrons le faire à l’échelle régionale ou à un niveau plus local.

Pour exemple, nous pourrons ainsi interroger les usagers de la ligne TER Aix-Marseille sur la qualité de service ou les horaires de trains. L’idée est de rapprocher l’institution du citoyen.
Nos compatriotes ont besoin d’être consultés plus régulièrement sur les grands sujets d’avenir pour la France. Tout comme au niveau local il y a un fort besoin d’expression.
C’est pourquoi je veux leur permettre de nous faire des propositions concrètes pour le devenir de notre territoire.
Mais rien, vous m’entendez, absolument rien, ne doit venir altérer le principe fondamental de la démocratie représentative.
Elle doit être forte et puissante !

Un pays, une Région, un Département, une Commune, ça ne sera jamais dirigé par je ne sais quel soviet autoproclamé, par un groupe de pression quelconque, par des coordinations incertaines ou par des collectifs affirmant être à eux seuls le peuple et par définition détenteurs de la vérité.
Le Peuple, notre peuple, dans sa diversité, a conquis de haute lutte le droit d’être représenté.
Le droit de choisir ses élus régionaux, départementaux, municipaux. De choisir son Parlement et son Gouvernement.

En abolissant les privilèges, la Révolution française en a créé un autre, fonder sur le plus noble des principes : un homme, une voix.
Je le dis devant vous, quiconque voudra, quelles que soient les intentions proclamées, remettre en cause cet acquis fondamental nous trouvera en travers de son chemin.

Mes chers amis,
Disons-le franchement, la remise en cause des corps intermédiaires et d’une certaine manière l’offensive contre le rôle des élus est venue d’en haut.
Du pouvoir central.
Le Président de la République et les Ministres nous ont traités sinon comme des ennemis, comme des obstacles.
À l’occasion de plusieurs conversations, je me suis fait votre porte-parole auprès du Président MACRON pour lui dire sans détour qu’il faisait fausse route.

Emmanuel MACRON est Président de LA République, pas de SA République !
Les Ministres ne sont pas ses Ministres mais les Ministres du pays.
Comment pourraient-ils les uns et les autres, prendre la juste décision, surtout quand certains d’entre eux manquent cruellement d’expérience, sans en référer aux élus qui font vivre la République au quotidien ?
La crise, dont nous venons de vivre une phase particulièrement aigue et qui n’est pas achevée, est pour une part la conséquence de ce mode de gouvernance.

Qui peut croire qu’au terme d’un débat fécond avec les élus, on aurait décidé les règles absurdes qui concernent :
–  la baisse drastique des dotations aux collectivités territoriales alors qu’elles représentent 70% de l’investissement public,
–  l’application aveugle de la loi SRU alors que pour certaines communes il n’y a plus de foncier disponible,
–  ou encore l’application sans nuance depuis Paris des 80 km/h ?
Il ne s’agit pas là d’une querelle de statut.
Ce n’est pas une question d’égo.
C’est une question d’intérêt national.

Négliger la voix des élus, c’est dans une large mesure négliger la voix du peuple !
C’est laisser à des élites autoproclamées le soin de gouverner seul et sans contrepouvoir.
Déjà à Rome, le Sénat l’avait compris et avait instauré les tribuns de la plèbe.
Que sommes-nous d’autres ? Si ce n’est les porteurs de la voix de nos concitoyens, de tous nos concitoyens et en premier lieu de ceux qui sont sans voix.
Je ne verserai jamais dans l’hallali anti-élite.
Je laisse cela à la propagande extrémiste de bas étage.

Mais chacun perçoit cette évidence : un pouvoir qui néglige les élus de terrain est un pouvoir asséché, un pouvoir asphyxié, un pouvoir sans relais,un pouvoir à terme sans le moindre pouvoir!

Je veux vous faire part d’une conviction, en m’excusant de la répéter pour ceux qui l’ont déjà entendue, mais j’y tiens.
On peut avoir raison seul. Mais même quand on a raison, on a toujours tort de gouverner seul !

Il faut donc faire ensemble. Il y a maintenant près de 40 ans, c’est un Marseillais, illustre, qui a porté la 1ère loi de décentralisation.
Il était socialiste, nous avions des divergences, mais j’ai un infini respect pour l’œuvre accomplie.
Ce fut un grand Maire. Il a contribué à faire de Marseille la grande ville qu’elle est devenue et qu’elle entend demeurer.
Mais il est trop tôt pour parler municipales.
Ces lois, successives, de décentralisation ont globalement fait consensus.
Elles ont été approuvées, détendues et mises en œuvre par des hommes et des femmes venant de la droite, du centre ou de la gauche.
Elles ont été salvatrices dans notre pays ou la tentation jacobine est toujours forte et le bonapartisme jamais très loin.
Il faut aujourd’hui, c’est ma conviction, faire vivre sans entrave la décentralisation et en écrire une nouvelle page.
On ne réussira pas les réformes dont la France a besoin pour continuer à rayonner dans le monde avec un projet jacobin.

Aujourd’hui, quel qu’est été son apport, la gouvernance jacobine éloigne la décision des citoyens et les fait désespérer de la politique.
J’ai noté avec intérêt que devant les élus de Grand Est répondant à son invitation à l’Élysée, le Président s’est déclaré favorable à une nouvelle déconcentration des pouvoirs de l’État.
Peu importe les mots, allons-y !
Notre philosophie est claire : nous ne sommes ni irresponsables ni vindicatifs.
Nous acceptons les contrôles.
Nous comprenons la tutelle sur le régalien.
Nous partageons la volonté de cohérence de nos politiques avec la logique d’un projet national.
En clair nous ne cherchons pas l’indépendance nous réclamons de la liberté.
Et cette liberté suppose le respect.
Le respect des territoires et de leurs élus.
Il faut donc desserrer l’étau que l’ÉEat fait peser sur les collectivités. Et quand je dis desserrer, c’est une litote !
Quand on parle du carcan de la puissance étatique sur les collectivités territoriales, une bonne dose de TNT serait bien adaptée.
Oui, il faut faire exploser la politique de la camisole de force et du garrot ! L’Etat, s’il est indispensable, ne peut pas tout.
Il faut libérer l’initiative dans notre pays. Il faut faire de l’expérimentation un principe fondateur de notre République.
Les initiatives partent des territoires. Nous en avons fait la démonstration en Provence-Alpes-Côte- d’Azur.

Prenons la question du tri sélectif. Ça n’est pas le Président de la République ou son Ministre qui vont convaincre Madame MARTIN de la commune de Gars mon cher Marino CASSEZ de trier c’est déchet ! C’est son Maire. Et ça n’aura de l’impact que si c’est une politique portée par son Président de Région. Nous avons construit notre plan climat dans cet état d’esprit. Nous y consacrons 450 millions d’euros en 2019 (25 % de notre budget d’intervention). Il nous permet d’avoir une COP d’avance quand l’Etat peine à ne pas avoir une COP de retard !
Il en est de même pour les questions de sécurité. L’Etat doit conserver cette prérogative c’est une exigence absolue. Mais est-ce pour autant une raison pour refuser toute aide, toute innovation provenant des territoires ?
Il faut permettre aux élus locaux et notamment les Maires d’avoir un temps d’avance sur ces questions.
C’est le cas du mon ami le Maire de Nice.

Quand Christian ESTROSI expérimente la reconnaissance faciale pendant le Carnaval, c’est une chance pour notre pays. Ça renforce notre sécurité. Et cette expérimentation, l’État ne peut pas la mener à sa place.
Enfin, quand nous conventionnons avec le Conseil départemental des Bouches-du-Rhône ma chère Martine, pour offrir aux allocataires du RSA la possibilité de bénéficier plus rapidement d’une formation professionnalisante leur permettant de retrouver le chemin de l’emploi, là encore l’Etat ne peut pas le faire à notre place.

Mes chers amis,
Je vous le disais tout à l’heure, la Région n’est pas votre tutelle mais votre partenaire. Nous ne sommes pas là pour dominer mais pour accompagner.
Nous sommes en droit d’exiger la même chose de la part de l’Etat.
Il ne doit pas voir en nous une menace mais un partenaire.
Ensemble, nous pouvons faire gagner la France.
Je vous remercie.

Renaud MUSELIER,
Président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur

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