Les magnifiques

0
Crédit regionmagazine.com

Le séisme de force mal quantifiable qui vient de secouer le parti Les Républicains a donné lieu à des milliers de commentaires – allant de l’oiseux au pertinent sans jamais tout à fait atteindre au magistral – en général regroupés sous le titre de « psychodrame », terme en l’occurrence impropre. Les grands médias, soucieux d’évaluer les conséquences de l’événement et de ses multiples répliques, ont très vite tendu leurs micros à des quidams, qui sont aussi des électeurs, profitant de cette opportunité pour redire leur dégoût de la politique et des maîtres-queux chargée de la cuisiner. Au fil de ces interviews express, on se prenait à se demander si tous ces braves gens étaient eux-mêmes à ce point vertueux qu’ils puissent ainsi se permettre de flétrir des élus coupables en somme de défendre leurs points de vue antagonistes et de cela seulement.

Des élus au fond mignons comme tout. Bref inventaire.
Prenez Renaud Muselier, affable et tolérant mais ayant beaucoup de poil aux pattes et capable d’entrer dans le lard de ses contradicteurs. Il a la tête de quelqu’un avec lequel on déjeunerait volontiers dès la réouverture des meilleures terrasses marseillaises en vérifiant que ce supporter enthousiaste du Dr Didier Raoult n’additionne pas votre pastis d’hydroxychloroquine.

Prenez Eric Ciotti, cultivant un attendrissant côté Ganelon tout en regardant – à la dérobée – Chimène Le Pen avec les yeux de Rodrigue. Il a la tête de quelqu’un avec lequel on irait volontiers tailler une bavette chez le coiffeur car l’écouter couper le cheveu en quatre avec son accent de la Roya constitue un plaisir toujours renouvelé.

Prenez Hubert Falco que l’adversité a rendu soudain presque éloquent et qui aura ému tout le monde en rappelant être le fils d’un immigré italien. Il a la tête de quelqu’un avec lequel on se plairait à se promener sur le port de Toulon, entre Cuverville et la Préfecture maritime, en évoquant son enfance politique rurale et son parrainage par Maurice Arreckx, d’illustre mémoire.

Prenez l’élégant Christian Estrosi, seul maître à bord de sa belle ville de Nice, repaire de gauchistes azuréens, ayant comme personne renoué avec le meilleur du médecinisme. Il a une tête à finir un jour au musée Grévin, ce qui suppose préalablement de le revoir – avis à Emmanuel Macron – nanti d’un magnifique portefeuille ministériel qui lui permettrait de redonner le meilleur de lui-même puisque, de toute manière, il ne sait rien faire d’autre.

Prenez pour finir un Parisien, Brice Hortefeux, invariablement vêtu de lin blanc et de probité candide quoique englué dans de vénielles affaires – la justice est si méchante – et enfant de Neuilly, ce qui le qualifie pour parler du peuple. Il a la tête de quelqu’un avec lequel on aimerait aller boire un verre mais avec respect des gestes barrières et port du masque obligatoire entre deux gorgées car, allez savoir pourquoi, à la seule pensée qu’un postillon de ce cacique puisse vous atteindre, vos orteils se rétractent au fond de vos chaussures.

Ce passage en revue, que l’on pourrait allonger presque à l’infini, prouve que la France dispose, singulièrement à droite, d’une classe politique aussi brillante qu’exaltante. On se demande bien pourquoi les abstentionnistes deviennent si nombreux.

Bernard Oustrières
gazetier honoraire

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.