« Vous nous parlez de confiance ? »  

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@afp
Docteur Vincent Carret

Le grand affaissement de la vie politique
Dr Vincent CARRET/ AMUF

S’il y a un domaine où la confiance  devrait être infaillible c’est bien pour notre bien commun à tous, notre Santé. Ils en appellent tous à la confiance, à défaut d’argent magique ils croient avoir trouvé le mot magique !

Les Français de tous bords politiques regardent abasourdis le débat dans l’hémicycle et leurs élus. « Spectacle » affligeant, consternant, surtout inquiétant !

«  Nous tolérons d’autant moins ceux qui nous dirigent que nous ne parvenons plus à adhérer à la vision qu’ils cherchent à nous faire partager ». Comment mieux adhérer à cette vision unanime que de citer Chloé MORIN dans « On aura tout essayé » ou « le grand affaissement de la vie politique ? »

Le Cevipof alerte dans son baromètre de confiance annuel depuis longtemps nos élites avec 80% de rejet et de défiance des populations à leur égard ! Cette défiance s’accroit. Les français considèrent que les politiques sont les premiers responsables des maux de notre pays, soit une hausse de 10 points en un an !

Tout craque partout. Une crise d’identité du pays, un affaissement culturel et intellectuel du milieu politique aujourd’hui tétanisé et piégé par les injonctions de l’immédiateté et du buzz et des visions court-termistes.

« Nous avons crée la société des réciprocités » dit Patrick VIGNAL député LREM : «  Par notre arrogance, notre suffisance, notre mépris, pour ne pas écouter assez, nous avons créé la société des réciprocités et on nous renvoie en pleine figure en effet boomerang ce que l’on produit, notre  responsabilité est bien réelle ! » 

Le repli sur soi, l’individualisme, la déresponsabilisation, le clientélisme, le retournement de veste, le seul soucis de son intérêt personnel pour être réélu contre l’intérêt général , les plans COM du paraître pour un réel réinventé, les mensonges et la trahison de la parole donnée, font partie du dysfonctionnement de notre système tant politique que social et économique.

La médiocrité du débat public, la crise d’autorité et d’identité que traversent nos politiques sont à l’image de leur parole  et de leur comportement mais aussi dans leur volonté à tout faire pour diluer  les responsabilités. Fuir ses responsabilités comme nous le voyons en permanence «  Responsable de rien et protégé de tout conduit à la mort du politique ! » le Covid-19 et ses 160 000 morts en est l’exemple criant et à jamais inscrit dans les esprits de nos concitoyens.

Incapables de visions à long terme, de projection, de cap et d’anticipation tels que l’exigeraient les fondamentaux d’un système politique,  à l’image des déserts médicaux, l’absence de politique de la dépendance et de nos Aînés comme celle de la prise en charge de nos nourrissons lors d’épidémies hivernales, représentent la vision d’une faillite et n’échappent à plus personne.

Et dire que la Santé et ses enjeux majeurs dépendent de ces systèmes et reposent sur ces spectacles et la représentation qui nous sont infligés.

Pour toutes celles et ceux qui soignent et sont au service de nos populations au sein de nos hôpitaux publics depuis trente ans l’évolution pensée et voulue vers la mise à mort programmée de notre système de santé et hospitalier sont aujourd’hui une évidence.

Cette évolution n’est pas une fatalité. Elle est le fruit d’une volonté et d’une méthode dont les conséquences et les effets dramatiques apparaissent aujourd’hui plus que jamais au grand jour.

Un virus est venu bouleverser et renverser l’ordre mondial établi, celui de la mondialisation et de son bras armé, le libéralisme prédateur et leurs certitudes. Ils ont mis nos dirigeants et nos gouvernants à genoux, les ont soumis. Peu ont su résister et beaucoup se sont laissés emportés. Le grand déclassement et la grande vulnérabilité de notre système politique que l’on voit s’amplifier et qui inquiète nous conduit à comprendre ce que nous vivons.

Ils se sont mis au service du silence et ont validé les lois du marché qui étaient une folie appliquées  aux soins « valeurs marchandes ». Le marché n’a pas de morale, pas d’éthique et surtout pas d’affect, que des intérêts ! il a tout emporté même notre bien commun le plus précieux.

Tous les jours ce constat se confirme et s’aggrave , il nous désole et nous révolte. Jamais la Santé tombée sous les griffes du financier n’a été autant injuste et  inégalitaire et laissé autant de malades au bord du chemin. L’accès aux soins, au juste soin, en temps voulu et conseillé, est devenu compliqué, de plus en plus et l’objet de renoncements pour beaucoup.

Prés de nous, à nos frontières, nos voisins nous envoient un message de l’ampleur de cette révolte sanitaire et de cette défiance qui gronde comme jamais. En Angleterre depuis des mois les populations se joignent aux soignants pour dénoncer le vécu et les réalités atteintes de leur système de Santé sacrifié, en Espagne ce 12 Février 2023 plus d’un million d’Espagnols dans la rue pour la défense de leur hôpital public autant que pour nos retraites en France !

Alors que le monde s’agite, partout, et qu’il s’oriente vers un avenir de plus en plus violent et contesté qui inquiète, un monde de crises qui durera, il nous faut accepter et assumer devant le pays et nos populations le désarmement et le déclassement politique et donc sanitaire de notre pays et son niveau atteint.

En situations de crises, toutes les crises, l’armée des soignants se doit d’être au front et en première ligne comme nous l’avons prouvé pour le Covid et avec les moyens dont nous disposions. Ce monde de crises annoncé voudrait que nous soyons réarmés, nous ne le sommes pas et ne sommes pas prés de l’être, nous le savons tous !

De ces défis du monde agité et menacé qui arrivent, deux sont majeurs: La perte de confiance en nos élites et gouvernants et la perte de sens de nos professions sacrifiées et abîmées par trente ans de politiques irresponsables.

Nous ne nous sommes probablement pas assez battus ni rentrés en dissidence face à nos élus qui ont voté contre nos malades, contre nos équipes soignantes,  contre nos hôpitaux publics pour valider ces politiques néolibérales et prédatrices.

«  C’est peut être et surtout la déconnexion des élites et des médias, le mépris social, l’arrogance, les échecs des stratégies à courte vue, les démissions, les concessions faites à l’électoralisme qui empêchent de penser le temps long » conclut Chloé MORIN.

Parce que les faits et le principe de réalités sont têtus et que plus personne ne croit en la parole politique et publique,  nos élus ont été sanctionnés par nos populations, ils le seront de plus en plus.

Comme beaucoup nous avons mal à la France et en ce qu’elle devient, mal et honte en celles et ceux qui ont détruit le plus beau des symboles de notre République et socle Républicain de liberté, d’égalité aux soins, de fraternité et de solidarité, notre hôpital public !

De tous ces constats, ce n’est pas l’attitude et les comportements au sein de notre hémicycle auxquels nous assistons qui vont pouvoir nous rassurer.

Et dire que la confiance est la valeur cardinale de toute démocratie.

Dr Vincent CARRET
AMUF

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