Tourtour : le maire sans étiquette en a trouvé une … le FN

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La girouette, contrairement à l’enclume, a vocation à tourner sa flèche dans le sens du vent.
A Tourtour, ce village si pittoresque du Haut-Var, d’à peine 500 âmes, est dirigé depuis 2008 par un maire sans étiquette mais pas sans opinion : Pierre Jugy.

Un nom qui ne dépassait point les limites du village où tout le monde connaît tout le monde et qui ne défrayait pas la chronique, si ce n’est celle du « grand quotidien des maires »(du Sud) toujours très attentif à ne pas froisser la susceptibilité des édiles, surtout de ceux qui vous ont affirmé qu’ils ne font pas de politique, qu’ils sont « sans étiquette », qu’ils n’ont que les intérêts de leur village chevillés au corps. C’est bien connu.

Bien sûr il n’y a pas que des naïfs dans un petit village au charme discret comme Tourtour, il y a des observateurs à qui on ne la fait pas. Des citoyens conservateurs, d’autres progressistes, d’autres indécis, les premiers étant, généralement, plus prudents avant d’annoncer la couleur. Mais ils n’en ont pas l’exclusivité comme Mrs Nicolletti, Lanfranchi, Piselli, Durbec et tant d’autres…passés chez leurs adversaires d’hier poursuivre leur carrière

Comme il y a du vent dans notre belle région -sans compter celui brassé par trop, beaucoup trop d’élus ultra-majoritaires régnant sur notre département -il faut y inclure le FN bien entendu- rien d’étonnant à ce qu’il souffle aussi sur l’hôte du château qui tient lieu de mairie.

D’autant qu’il n’a guère tardé à se sentir Sarkoziste en 2008 tout en ne le criant pas sur les toîts, histoire de plaire à tout le monde. Au point de prendre sa carte à l’UMP, puis aux LR lorsque le vent eût tourné mais pas trop fort, en 2012. En tout cas le Var n’a pas connu de tempête. En tout cas pas dans le sens inverse.

En 2014, le maire a été réélu avec un peu plus de 60% dès le 1er tour. Pas le plus populaire mais ça suffit largement. Dans les très petites communes les listes politiquement cohérentes sont rares… faute de candidats. De là à dissimuler sa sensibilité et son engagement, c’est une autre démarche.

Et paradoxalement, le pluralisme y est souvent plus effectif que dans les plus de 3 000 habitants. A condition que le maire ait le sens de la démocratie et de la transparence. Ce qui ne saute pas aux yeux s’agissant de Pierre Jugy, vu par des habitants de Tourtour. Il vous dira qu’on ne peut pas plaire à tout le monde ! Pas faux.

Sauf que là, il vient de franchir un cap : de sans étiquette, en passant par l’UMP, les LR, il devient candidat du FN. C’est son droit dans le département de France qui vote le plus pour l’extrême-droite et qui avait en 2014 conquis trois municipalités (Fréjus, Le Luc et Cogolin) ainsi qu’un siège de sénateur !

Le FN n’est jamais qu’une version encore plus radicale du libéralisme par la récupération d’ une partie des mécontents de la gestion des deux grandes forces traditionnelles (droite libérale et PS), en proie à une tornade qui affole les girouettes en ce moment
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Depuis Mégret, ancien membre du comité central du RPR, passé au FN jouer les trublions pour se faire une place que le « vieux » père-la-torture ne voulait pas partager, on ne compte plus les militants des partis de droite, comme Le Chevalier qui fut un maire FN de Toulon balayé au 1er mandat, après 6 ans de tempêtes ininterrompues. Il était passé sans aucun état d’âme du cabinet ministériel de Ponatowski (R.I) chez ceux qui sont devenus les admirateurs de Trump et les soutiens de Bachar-el-Assad…

On ne risque pas beaucoup de se tromper si on avance que le maire de Tourtour fait partie  des grands électeurs qui ont permis l’élection de Rachline au Sénat.

C’est d’ailleurs Rachline, directeur de campagne de Marine Le Pen et Boccaletti le secrétaire fédéral frontiste qui lui ont fait l’honneur de lui donner l’investiture pour la 8è circonscription, aux législatives. Il ne pourra pas dire, comme Collard, qu’il n’en est pas membre pour nous rassurer ! Il en accepte le programme et la philosophie politique.

En 1981, le Var basculait à droite quand la France basculait à gauche. Une gauche hélas dominée par un PS qui allait renier ses engagements et ses valeurs pour se fondre dans le libéralisme. Régnant sur le département depuis 36 ans la droite est minée par les scandales de l’ère Arreckx, (avec Falco comme 1er lieutenant) par la corruption liée aux choix du tout tourisme de luxe et de la désindustrialisation, par les politiques nationales et européennes d’austérité au service de la grande finance.

Un basculement d’une partie de son électorat s’opère vers le FN dont la porosité de ses thèmes avec ceux de la droite classique saute aux yeux. Elle  cherche à limiter le « syphonnage » par l’extrême-droite nationaliste et sécuritaire. Elle ne fait que l’alimenter, le valider aux yeux de ceux que le sable porté par le vent qui fait tourner les girouettes a rendu aveugles.

Le maire de Tourtour n’est pas aveugle. Il spécule sur les vents ascendants.

René Fredon

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