Sénatoriales : Macron en échec

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L’échec est patent pour LREM. Le premier scrutin national, même s’il est partiel et ne concerne que les « grands électeurs » marque un coup d’arrêt. Macron pourra toujours dire que sa formation n’a pas de base électorale propre mais elle disposait de 29 sénateurs qui avaient été élus sous une autre étiquette. Il n’y en a plus que 27 !

C’est dire que la dynamique de l’élection présidentielle qui l’a porté au pouvoir (par défaut) ne fonctionne déjà plus, confirmant la baisse de sa popularité au terme de ces premiers 100 jours et de l’ampleur déjà prise par le mouvement social qui monte en puissance face aux ordonnances destructrices de notre modèle social.

Il peut multiplier les initiatives de communication : signer les ordonnances devant les caméras des chaînes, discourir à l’ONU, sur l’Europe en piteux état avec l’Angleterre qui a décidé d’en sortir et l’Allemagne de Merkel certes réélue ce même dimanche, mais avec son plus bas score et qui voit monter une extrême-droite particulièrement déterminée…quel « bilan ? » la réalité, c’est qu’il patine et sa majorité est plus dubitative qu’active.

Tout ce que Macron trouve à dire c’est qu’il faudrait renforcer l’intégration, c’est-à-dire abandonner encore des pans de souveraineté pour accentuer l’austérité afin de mieux servir le capital ! Aurait-il oublié qu’en France le FN a rassemblé 10,6 millions d’électeurs au second tour, le plus fort score de son histoire, même si sa défaite a crée un choc interne sur sa stratégie : alliance à droite ou repli identitaire ?

La droite (LR+UDI+Modem) accroit sa majorité au sénat, le PS résiste, il conserve 93 sièges avec les radicaux, le groupe communiste conserve son groupe avec 13 députés et devient, au sénat, le plus fort groupe d’opposition de gauche à la politique de Macron. La FI de création récente, s’est relativement désintéressée du scrutin.

Le FN n’avait qu’un sénateur, le maire de Fréjus, David Rachline élu en 2014. Il démissionne pour ne garder que sa fonction de maire et celles dont il vient d’hériter à la tête de son parti, après le départ de Philippot. Rachline avait rassemblé 400 voix, le double du nombre de ses grands électeurs ! Confirmation que le FN ratisse très large…à droite.

Le Var n’était pas concerné par cette élection mais deux autres sénateurs sur les quatre élus (ou réélus) en 2014 ont décidé de démissionner : Hubert Falco et Christiane Hummel qui ont choisi de rester maires de leurs villes, touchés par le cumul des mandats. Deux de leurs colistiers UMP de 2014 leur succéderont à la haute assemblée : Georges Ginesta le maire de Saint-Raphaël a décidé d’abandonner son fauteuil de maire pour succéder à Hubert Falco.
On a là une des limites de la loi sur le cumul des mandats et sur la durée : maire depuis 1995 et député depuis 2002, le voilà sénateur…à 75 ans : vive le renouvèlement générationnel !

Quant à Mme la maire de La Valette, qui le restera, elle laisse sa place au sénat à l’actuelle maire de Saint-Maximin, Mme Christine Dorgal-Lanfranchi qui n’est autre que la fille de l’ancien maire de la commune qui fut président du Conseil général (avant qu’il devienne départemental) de 2002 à 2015, succédant à Hubert Falco qui devenait maire de Toulon et président de TPM, secrétaire d’État sous Sarkozy, sénateur…Horace Lanfranchi reprend du service comme maire, succédant à sa fille…à 82 ans !

Quant à Pierre-Yves Collombat, socialiste critique du quinquennat Hollande, il continuera à se battre dans l’opposition à la nouvelle politique libérale issue de l’échec de la précédente qui a débouché sur l’éclatement du PS et l’avènement d’une majorité « poudre aux yeux ».

Un sénat renforcé sur sa droite et qui reconduira son président Gérard Larcher lequel aura fort à faire pour éviter que plusieurs groupes ne se forment au sein des LR partagés entre les « constructifs » lorgnant vers Macron et l’aile plus radicale à droite incarnée par Laurent Wauquier qui voudrait bien arrêter l’hémorragie au profit du FN. Quitte à faire de la sur-enchère libérale pour faire passer Macron pour un timide réformiste.

Sans jeter la suspicion sur tous les parlementaires, les pratiques du groupe UMP au sénat, révélées notamment par le JDD du 12/3/17,(1) suite à l’enquête du juge Cros sur les emplois fictifs et les sommes rondelettes versées en cash à quelques sénateurs (dont H. Falco) que le président Larcher dit ignorer, doivent être éclaircies. C’était avant les ennuis de F. Fillon.

La loi de moralisation de la vie publique aurait-elle amnistié des actes dont on aimerait bien connaître quelles suites leur ont été données.

Après la campagne électorale féroce qu’on a connue, les citoyens ont droit de savoir ce qu’il advient des dossiers lourds qui ont surgi et qui ont contribué à accroître la méfiance populaire, l’abstention massive, le rejet du système politique… amalgamant tous les élus comme tous les candidats.

On ne saurait mettre en doute l’honnêteté de l’immense majorité de celles et ceux qui s’engagent en politique, exercent des mandats et méritent la confiance des citoyens par leur respect des valeurs républicaines, de l’intérêt public, leurs compétences, leur dévouement, leur désintéressement, leur transparence, leurs distances avec les conflits d’intérêts.

Raison de plus d’être exigeants avec ceux qui exercent ces fonctions, à qui on confie la gestion des deniers publics.

Il y a beaucoup, beaucoup à faire.

René Fredon

(1) http://www.lejdd.fr/Politique/Une-comptabilite-occulte-au-groupe-UMP-du-Senat-853865

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