Hubert Falco : Pour qui sonne le glas

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Dans les prochains jours les 25 et 26 mars l’affaire dite du « Frigo de Falco » va connaître un nouvel épisode. L’an dernier en première instance, la présidente de la 6ème chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Marseille, Céline Ballérini, n’a pas été tendre « Il a bafoué son devoir d’exemplarité » elle a appuyé sur ce qui fait mal : « les faits, par leur petitesse témoignent d’un manque de respect évident des institutions et montrent que le conseil départemental restait votre territoire… ».
Pas moins pour le procureur Mathieu Vernaudon dans son réquisitoire. «…En lisant les auditions, j’ai eu l’impression de prendre un dossier de criminalité organisée…»
Le Vendredi 14 avril 2023, en première instance, Hubert Falco a été condamné à 5 ans d’inéligibilité avec exécution provisoire, confiscation de 55 000 euros et trois ans de prison avec sursis et Marc Giraud ex-président du conseil départemental, a été condamné à deux ans de prison avec sursis, 15.000 euros d’amende, et 5 ans d’inéligibilité.
Ils ont fait appel et, en début de semaine prochaine, ils seront jugés devant la 5è chambre de la cour d’appel d’Aix-en-Provence. Tout reste donc possible même si trois personnes ont bénéficié de CRPC (Comparution avec reconnaissance préalable de culpabilité) pour des faits dont Falco a été le bénéficiaire.

Mais comment en est-on arrivé là ?
Selon les aliborons, il était question d’un complot pour nuire à leur boss qui entendait bien le rester. Hubert Falco n’accepte pas qu’on mette en cause sa probité et qu’on l’accuse de détournement d’argent public ! Encore faudrait-il qu’il n’y contribue pas.
Dans le cas d’un contrôle fiscal pour un simple citoyen l’administration épluche les 3 dernières années. Si dans cette période elle trouve des fautes alors elle remonte aux 10 dernières années.
Dans le cas d’Hubert Falco, bien que les 3 dernières années aient mis à jour un système où par exemple l’appel d’offre pour le nettoyage des serviettes et nappes du Conseil départemental du Var présidé par Marc Giraud a été attribué à un pressing toulonnais qui a accepté en contrepartie de laver gratuitement les affaires personnelles de Monsieur et Madame Falco. C’est le Président du CD83 Marc Giraud lui-même qui a déclaré sur les écoutes téléphoniques liées à l’enquête que dans l’affaire dite du frigo de Falco lui ne craignait rien « Moi ils peuvent aller où ils veulent, mon pressing, c’est moi qui me le paie ». Une phrase qui sonne comme un aveu car il n’en cautionne pas moins un marché public truqué par lui, Président du  Conseil départemental, au  bénéfice d’Hubert Falco.
Autre exemple, dans les 3 dernières années, l’enquête a mis à jour une mise à disposition de deux agents ce qui est interdit.
Toujours dans les 3 dernières années l’enquête a mis en évidence la livraison de denrées alimentaires au domicile d’Hubert Falco tous les jours de la semaine, mais facturées à l’institution etc, etc,

Bizarrement la justice n’a pas remonté le temps, elle s’en est tenue aux trois ans et a estimé le préjudice aux environs de 300 000 euros, tout de même ! Il n’était plus président du conseil départemental depuis 2002 et ne paraissait pas devoir être assisté aux frais des contribuables ? Il était maire de Toulon et président de la métropole … soit des revenus au-dessus des 10 000 euros/mois !
Comme quoi, « selon que vous serez puissant ou misérable les jugements de cour vous rendront blanc ou noir » disait Jean de La Fontaine.

Des soutiens et des anathèmes
Dès la sortie du premier article du Canard enchainé, les thuriféraires municipaux, les « obligés » de l’homme fort du Var -il n’en manque pas- sont montés en première ligne pour défendre l’honneur d’Hubert Falco et pour vilipender les courageux agents qui avaient porté plainte plutôt que de taire ce qu’ils avaient sous les yeux de longue date.

La syndicaliste Madame Faouzia MEHAZEM* qui a saisi la justice a eu droit à toutes les bassesses, échappant de peu à l’accusation d’avoir assassiné Henri IV. Le 14 mai 1610 … elle avait piscine.

Elle a eu plus de chance que Laurent Defraize** bien connu des personnels du Conseil départemental où il officiait comme cuisinier depuis plus de vingt ans. À la barre certains ont osé dire qu’il volait dans les frigos, pire encore, qu’il était toxicomane sans apporter la moindre preuve et sans jamais avoir signalé ces faits de son vivant.
Son corps a été découvert sans vie en mars 2020, pendu à une corde ce qui a permis au Procureur de la République de déclarer que Laurent Defraize s’était suicidé.
Les habitudes de l’institution laissent comprendre que les menaces, la violence et l’intimidation n’étaient pas rares. Il suffit pour s’en convaincre de lire la première déposition d’un militaire de carrière plusieurs fois décoré qui a pris la direction du service des événements et des moyens d’appui du CD83. À son deuxième passage devant les enquêteurs il a, en propos liminaire, avoué qu’il avait menti car il avait subi des menaces de la part de ses supérieurs. Comment fait-on peur à un militaire de carrière plusieurs fois décoré pour bravoure ? Un doute peut subsister car rappelons-nous ce que disait le procureur Mathieu Vernaudon dans son réquisitoire. « …En lisant les auditions, j’ai eu l’impression de prendre un dossier de criminalité organisée…»

En ce qui concerne les journalistes, c’est plus simple. Il suffit d’appeler la régie publicitaire pour qu’aucun article étayé ne vienne alimenter la critique.
Falco sait y faire avec les journalistes. En 2001 après une campagne à son service le Rédacteur en chef du journal local est devenu son directeur de la communication pour la ville de Toulon et … en 2020 bis repetita placent ! Le Rédacteur en chef, du même quotidien local a été embauché à TPM pour sa capacité à savoir placer les virgules***.
Pas de chance pour Hubert Falco tous les journalistes ne sont pas à vendre et certains font leur travail. Par exemple le courageux Simon Fontvieille ! Ses articles dans Le Monde Diplomatique, dans Médiapart, dans Libération mettent en évidence tout ce que le quotidien local ne peut pas écrire sans prendre le risque de perdre les budgets publicitaires de la ville, de l’agglomération, du département.

Asinus asinum fricat
À l’occasion de l’enquête nous avons appris sur les écoutes téléphoniques que le jour de la publication du premier article du Canard enchainé Marc Giraud a téléphoné à Hubert Falco et que ce dernier a, dans la foulée, appelé le Procureur de la République Bernard Marchal pour lui demander de les aider à construire leur défense. Est-ce le rôle d’un procureur de la République ? Le procureur de la République ne procède-t-il pas ou ne fait-il pas procéder à tous les actes nécessaires à la recherche et à la poursuite des infractions à la loi pénale ? Visiblement pas dans le Var.
Mais ce Procureur de la République (aujourd’hui à la retraite) n’en était pas à son coup d’essai
La Chambre régionale des comptes a publié des rapports définitifs sur
Saint-Raphaël  à l’époque de Georges Ginesta
Sur la CAVEM  à l’époque de Georges Ginesta
Sur la ville de Saint-Tropez
Sur la ville de La Londe & https://www.ccomptes.fr/fr/publications/commune-de-la-londe-les-maures-var-rapport-dobservations-definitives
Sur le fonctionnement du SITTOMAT
Sur le SMIDDEV
Sur le Conseil général du Var
Sur le centre de gestion de la fonction publique
Des rapports le plus souvent accablants, mettant en évidence des faits délictueux. Malgré l’article 40 du code de procédure pénale**** le procureur de la République de Toulon n’a pas cru bon d’ouvrir la moindre enquête.
ou encore sur le dossier du marché du SITTOMAT  (470 millions d’€uros) qui a dû être transmis à Marseille pour qu’il soit ouvert et le Président Jean-Guy Di Giorgio ex Vice-Président du CD83 ainsi que le directeur Jean-François Fogacci ex Conseiller Général du Var, condamnés en première instance.
Les préfets successifs n’ont rien trouvé à redire. Circulez y’a rien à voir !

Le journaliste Simon Fontvieille a publié un article dans le Monde diplomatique où il donne des faits tangibles qui prouvent qu’il y a eu des fraudes à l’occasion des élections législatives. Ce procureur de la République de Toulon n’a pas cru bon d’ouvrir le moindre dossier, pas même pour mettre en évidence que ce journaliste est (peut-être) un menteur.
Hubert Falco, lui, n’a pas hésité à le menacer de « l’emplâtrer » et à l’insulter. Ce qui lui vaudra une nouvelle fois de comparaître devant la justice, puisque le courageux journaliste a porté plainte en décembre dernier. À moins que le nouveau Procureur de la République ne classe ce dossier sans suite légitimant menaces et insultes … Quand il s’agit d’un ancien ministre.

Hubert Falco veut sauver son honneur
C’est compréhensible mais quels éléments nouveaux peut-il faire valoir pour espérer un renversement de situation ? L’édile qui aime filer la métaphore rugbystique peut s’attendre à une mêlée ouverte, à l’ancienne.
On ne voit pas vraiment ce qui pourrait atténuer le détournement de fonds publics et le harcèlement des agents qui ont eu le courage de saisir la justice au détriment de leur santé et de leur carrière. Au point que le principal témoin s’est suicidé sous la pression qu’il a subie.
De surcroit, trois personnes ont déjà bénéficié de CRPC (comparution avec reconnaissance préalable de culpabilité), ce qui correspond à peu près au « plaider coupable » américain pour faire simple.
Trois cadres, dont deux anciens chefs de service ( Alain Pruvost ancien directeur général des services du département du Var, Frédéric Casas ancien directeur des évènements et des moyens d’appui et Pierre Chevalier son adjoint) ont été condamnés à 10.000 euros d’amende avec sursis et non inscription au casier judiciaire pour des faits au bénéfice de Falco.
Rappelons aussi que le 8 octobre 2021, sur l’autorisation du parquet de Marseille et le fondement de l’article 706-154 du code de procédure pénale, les enquêteurs ont procédé à une saisie de 55 081,58€ sur un des comptes personnels d’Hubert Falco, ce qui arrive rarement par hasard.
Si au sommet de l’État personne n’intervient en sa faveur, le mardi 26 mars 2024 restera une date qu’Hubert Falco ne risque pas d’oublier.

« Un peuple qui élit des corrompus, des renégats, des imposteurs, des voleurs et des traîtres n’est pas victime, il est complice ». George Orwell

Et après?
Si Hubert Falco peut légitiment être inquiet, ses thuriféraires, sa porte-coton, ses obligés peuvent commencer à faire leurs cartons. Ils repartiront dans les oubliettes de l’histoire en espérant que la mémoire numérique n’apprendra jamais à leurs descendants, leur comportement pendant toutes ses années. Il n’y a pas de quoi être fier.

Le plus préoccupant reste l’échiquier politique. Certains adjoints (pas tous) dans les dîners en ville répètent que « c’est dramatique, le Rassemblement national va gagner les élections municipales de 2026 ». Oubliant au passage que l’arrivée de l’extrême droite à Toulon, comme en 1995, sera un effet et leur comportement, leur caution, leur silence, leurs tricheries en seront la cause.
La gauche, même si ses représentants à Toulon sont dignes, reste inaudible. La droite aura au moins deux candidats, comme en 1995. Ce qui ouvre un boulevard à l’extrême droite de Laure LaValette qui n’aura qu’à surfer sur l’exaspération pour ne pas dire la colère de tous ceux qui se sentiront trahis par le système, par le clan Falco.

Toutefois la tête de liste du Rassemblement national devra composer avec les institutions, les chambres consulaires, certains frères la gratouille ***** qui ne perdront pas leurs mauvaises habitudes, leur sens des affaires ni leurs privilèges, sans négocier. Ils attendront autre chose que l’illusion d’une relance économique dans l’agglomération toulonnaise. Avant d’aller voter ils n’oublieront pas ce que disait l’historien Ely Ben-Gal “Qui sème l’illusion récolte la souffrance”

Alors en attendant le verdict du mardi 26 mars 2024 dans l’affaire dite du Frigo de Falco, en ce Temps Pascal citons Saint Matthieu : Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice…******

Laurent di Gennaro

-Les articles de Simon Fontvieille sur Médiapart https://www.mediapart.fr

-Les articles de Simon Fontvieille  sur le monde diplomatique : https://www.monde-diplomatique.fr/recherche?s=simon+fontvieille

-L’article de Xavier Monnier  sur Blast: https://www.blast-info.fr/articles/2023/hubert-eat-la-chute-du-baron-falco–hHk2IYbQJ2AC9bGixKIrw

-L’article de Gregory Bustori sur FR3 avec AFP:  https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/var/toulon/affaire-du-frigo-de-falco-le-maire-de-toulon-va-etre-juge-a-marseille-pour-recel-de-detournement-de-fonds-publics-2750354.html?utm_source=upday

L’article du Gabian déchainé : Frigo de FALCO : un témoin bien embarrassant… https://www.legabiandechaine.fr/2024/03/frigo-de-falco-un-temoin-bien.html

* Madame Faouzia MEHAZEM https://www.tv83.info/var-affaire-du-frigo-de-la-tranche-de-jambon-et-du-bol-de-riz/

**Laurent Defraize : https://www.tv83.info/conseil-departemental-laurent-defraize-lex-cuisinier-dhubert-falco-retrouve-sans-vie/

*** Ce rédacteur très courtois pour ne pas dire complaisant a signé (entre autres) un article qui annonçait que Falco avait été entendu à Marseille en tant que Témoin, (virgule) assisté de ses avocats alors que Falco était entendu en tant que témoin assisté. Les juristes apprécieront la différence.

**** Toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l’exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit est tenu d’en donner avis sans délai au procureur de la République et de transmettre à ce magistrat tous les renseignements, procès-verbaux et actes qui y sont relatifs.

***** François Mitterrand surnommait les franc- maçons « les frères la gratouille »

****** Matthieu 5:6-11

 

1 COMMENT

  1. Brève d’info dans VM ce 22 AM: coïncidence ?
    les agents du conseil départemental manifestent pour leurs frais de repas supprimés !!!!!

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