Semmelweis  le père de l’asepsie et des gestes barrières.

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C’est le pionnier de l’asepsie et le premier médecin  à préconiser le lavage des mains pour éviter la contagion. Personnage atypique de la recherche il ne fut pas cru par ses pairs et mourut désespéré. Il avait pourtant raison en  demandant aux obstétriciens et sages-femmes de se laver les mains au moment des accouchements pour éviter la propagation de la fièvre puerpérale. Depuis il est considéré comme l’inventeur  de l’asepsie, avant Pasteur.

On sait que « La vie et l’œuvre de Ignace-Philippe Semmelweis »,  fut choisie par Louis Ferdinand Céline en 1924 comme sujet pour sa thèse de doctorat en médecine. Il en a fait un héros de la médecine moderne. Un précurseur du confinement aseptique des parturientes pour éviter la mortalité lors des accouchements.

Un jeune  médecin hongrois
Né à Buda en Hongrie, le 18 juillet 1818, Ignace-Philippe Semmelweis était le quatrième fils d’un père épicier. Il fit ses études au lycée de Pest puis à l’université de Vienne.

Étudiant hongrois, il quitta Budapest pour apprendre à Vienne d’abord le droit avant de se tourner vers la médecine. Là il eut des maîtres prestigieux: Skoda le grand clinicien de l’époque, et Rokitansky l’anatomo-pathologiste.

De nature sans doute dépressive, sensible aux moqueries de certains de ses camarades étudiants qui raillent son fort accent hongrois, Semmelweis décide de rejoindre sa ville natale, Budapest, avant la fin de ses études en 1839. Semmelweis est nommé maître en chirurgie en 1846, et professeur assistant dans le service du Professeur Klin, chef de service de l’un des deux pavillons de la maternité de l’hôpital général de la ville de Vienne, l’autre pavillon ayant pour patron le professeur Barcht.

La contagion par les mains souillées
Il ne met pas longtemps pour découvrir les ravages que fait la fièvre puerpérale et se trouve confronté à la tragédie qui se déroule chaque jour dans ce service. Les parturientes lui apprennent que les femmes redoutent à venir accoucher dans cet hôpital, tant les risques de fièvre ou de mort sont élevés. Dans ces conditions seules les femmes qui au dernier moment ne trouvaient pas d’autres possibilités, se résignaient à y être admises. Il va faire une étrange découverte.

Il examine les statistiques avant 1840, époque où les étudiants en médecine ne fréquentaient pas encore les hôpitaux et n’étudiaient l’anatomie que dans les livres et non par dissection. La létalité était alors la même dans les deux services, c’est-à-dire faible pour l’époque: 1,25% environ.

Mais Semmelweis observe la différence de mortalité des deux services d’accouchements à l’hôpital, depuis que les étudiants pratiquent des dissections à l’hôpital. Dans un service, les  morts pouvaient atteindre 30%, dans l’autre 1% à 2% seulement.

Le premier était tenu par les médecins et les étudiants en médecine, le second par les sages-femmes et les élèves sages-femmes.

La fièvre puerpérale
Semmelweis se trouve rapidement confronté à un mal sur lequel il est le seul à s’interroger et qu’il tentera d’éradiquer à force d’observations et de réflexions, gardant toujours à l’esprit que l’ « on meurt davantage chez Klin que chez Barcht. »

C’est alors qu’il observa que les étudiants se déplaçaient des salles de dissection cadavériques vers les salles d’accouchements, sans précaution particulière, sans se laver les mains. Il remarqua même que s’exhalent des relents cadavériques des mains des professeurs, assistants, étudiants qui pratiquent des dissections sur les cadavres et c’est ainsi qu’ils se rendent au chevet des femmes en couches. Il en conclut qu’il devait y avoir un  agent invisible, causant la mort et que l’on devait éviter de transférer cet agent de la salle d’autopsie à la salle d’accouchement.

Le lavage des mains
Il eut donc l’idée, de faire pratiquer un lavage systématique des mains, de tous les étudiants, à l’aide d’une solution désinfectante. À partir de 1847, il interdit aux étudiants en médecine de quitter les salles de dissection sans s’être lavé les mains, ce qui entraîne immédiatement une baisse significative des taux de la mortalité qui passe de 12% à 3%. Il étend ses formalités de désinfection à toute personne ayant été au contact d’une malade, d’instruments de chirurgie ou de pansements, il ordonne l’isolement et le confinement  des femmes malades : la mortalité tombe à 1%.

Semmelweis fait part de son observation à son Maître Klin, auquel il demande de se soumettre également au lavage systématique des mains. En dépit de sa brillante démonstration Klin, homme médiocre, en prend ombrage et licencie Semmelweis de son service le 20 mars 1849.

Un incompris
Des communications sont faites à l’Académie des Sciences par Skoda, à la Société de Médecine par Hebra, ceux-ci sont favorables à la théorie de Semmelweis qui jalousé et persécuté, n’arrive pas à faire reconnaître sa découverte par ses collègues qui considèrent le lavage des mains comme contraignant et inopportun. Semmelweis est purement et simplement chassé de Vienne.

Le docteur Hebra, qui fut un des rares à soutenir Semmelweis déclara même « quand on fera l’histoire des erreurs humaines, on trouvera difficilement des exemples de cette force et on restera étonné que des hommes aussi compétents, aussi spécialisés, puissent, dans leur propre science, demeurer aussi aveugles, aussi stupides. »

Ce à quoi Klin répondit: « Monsieur Semmelweis prétend que nous transportons sur nos mains de petites choses qui seraient la cause de la fièvre puerpérale. Quelles sont ces petites choses, ces particules qu’aucun oeil ne peut voir ? C’est ridicule ! Les petites choses de Monsieur Semmelweis n’existent que dans son imagination ! ».

Une fin dramatique
Revenu à Budapest, Semmelweis s’éloigne quelque temps de la médecine.
En mai 1851, il accepte un poste dans la clinique obstétricale du Professeur Birley qui applique sa méthode : résultats 0,85 % de fièvre puerpérale. C’est à partir de ce moment qu’il rédigea  son ouvrage: – « L’Étiologie de la Fièvre Puerpérale » – qu’il mettra quatre ans à rédiger.

L’Académie de Médecine de Paris à laquelle il communiqua ses travaux ne lui répondra pas.

Semmelweis était un être passionné caractériel, persuadé de détenir la vérité. Il campa sur ses positions, seul contre tous, et sombra peu à peu dans la démence. En 1865 au cours d’une autopsie, il se pique avec un scalpel. Accident ou Suicide ? Il mourra quelques jours plus tard, le 16 août, de septicémie dans la clinique psychiatrique où il avait été hospitalisé. Il avait 47 ans.

Il avait ainsi découvert avant l’heure, ce que l’on appelle maintenant l’infection nosocomiale et manuportée. C’est donc le père des  gestes barrières contre les contagions. En cette période inquiétante que traverse le monde souvenons-nous de ce grand précurseur.

Jean-François Principiano

 

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