Produire sans Glyphosate : c’est possible

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Dans le contexte actuel de la perspective d’interdiction du glyphosate, on entend beaucoup de témoignages sur les difficultés que cette suppression entrainerait pour les agriculteurs. Pourtant des solutions alternatives efficaces existent, et sont employées, par beaucoup d’entre eux, notamment par les producteurs bio du Var. Pour faire entendre une autre voix, AgribioVar vous propose d’aller à la rencontre de celles et ceux qui ont fait le choix de produire SANS glyphosate.

Qui organise les rencontres ?
AgribioVar est l’association qui rassemble les producteurs biologiques du Var. Créée en 1997, elle fait partie du réseau FNAB (Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique). AgribioVar agit pour promouvoir et développer l’agriculture biologique en travaillant avec les acteurs du département (agriculteurs, consommateurs, élus, collectivités,…). Ses missions sont multiples, de l’organisation de formations techniques à l’accompagnement des producteurs dans leur démarche de conversion à l’agriculture biologique, en passant par l’organisation de l’introduction de produits bio locaux dans la restauration collective.

Quand et où ?
AgribioVar vous propose d’aller à la rencontre de producteurs bio de votre territoire. Installés depuis plus ou moins longtemps, ils vous présenteront le fonctionnement de leur exploitation. Avec eux, vous pourrez découvrir les techniques alternatives à l’utilisation du glyphosate, leurs atouts et contraintes, et les raisons qui les ont poussés à utiliser ces pratiques.

Le glyphosate un produit à risques pour la santé ?
Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), agence de l’Organisation mondiale de la santé, a classé en mars 2015 le glyphosate cancérogène probable pour l’homme. Ce classement, d’après le règlement 1107/2009 relatif à la mise sur le marché des pesticides, devrait suffire à le retirer du marché.
Mais les agences européennes Efsa (Autorité européenne de sécurité des aliments) et BfR (agence sanitaire allemande) affirment le contraire et pèchent en termes de crédibilité : elles ont écarté et ignoré des résultats prouvant le caractère cancérogène du glyphosate alors que sept études menées à long terme sur des animaux ont mis en exergue l’incidence du glyphosate sur le développement de tumeurs. De même, le scandale des « Monsanto papers » a jeté le doute sur la crédibilité et le sérieux des évaluations de ces agences européennes qui ont copié-collé les évaluations fournies par l’industrie chimique.

Quelles sont les techniques alternatives à l’utilisation du glyphosate ?
Les agriculteurs biologiques ainsi que beaucoup de ceux qui ont choisi une agriculture à bas niveau d’intrants, n’utilisent pas d’herbicides de synthèse et donc de glyphosate. Ils ne cherchent pas systématiquement à éradiquer la totalité des adventices (« mauvaises herbes ») présentes sur leurs parcelles, qui jouent par ailleurs un rôle important dans la fertilité de leurs sols (diminution de l’érosion, stimulation de l’activité biologique du sol…), mais veillent à maîtriser leur développement pour réduire les risques de concurrence avec les cultures implantées. Pour cela, ils ont recours à des techniques mécaniques ou agronomiques qui sont d’ailleurs également déjà mises en œuvre par des agriculteurs dits conventionnels.

Voici la description de quelques unes de ces techniques :
Le faux semis permet de réduire le stock de semences d’adventices du sol avant la mise en culture. Il consiste à préparer le lit de semences plusieurs semaines avant la culture. Il sera arrosé pour permettre la levée des graines d’adventices et détruit au stade plantule avec un désherbage mécanique ou thermique.
Le désherbage mécanique à l’aide d’outils spécifiques : en viticulture, les bineuses décavaillonneuses coupent les racines des plantes entre 5 et 10 cm dans le sol et en culture de céréales, les herses étrilles arrachent les adventices entre 2 et 3 cm.
Le désherbage thermique qui comprend le désherbage à la vapeur et le désherbage par brûlage :

    • A la vapeur, cette technique est réalisée en préalable au semi. Grâce à l’envoi de vapeur d’eau dans les premiers centimètres du sol, les graines et les pathogènes sont détruits. Cette technique n’a pas d’effets négatifs sur la vie du sol, et aurait au contraire tendance à l’augmenter.
    • Par brûlage, l’efficacité est liée au stade des adventices dont l’optimum est le stade plantule. Les plantes vivaces et graminées sont peu sensibles à cette technique. Le principe est d’appliquer un choc thermique sur les adventices entrainant l’éclatement des cellules végétales.

La culture d’engrais verts consiste à semer une espèce ou un mélange d’espèces (graminées, crucifères, légumineuses…) qui seront détruites avant floraison et incorporées dans les premiers centimètres du sol. Outre leurs effets positifs sur la fertilité du sol, certains engrais verts ont un réel pouvoir concurrentiel vis-à-vis des adventices : par exemple le sorgho fourrager et la plupart des crucifères laissent dans un premier temps les adventices se développer puis les étouffent grâce à leur croissance rapide. D’autres espèces comme le seigle ou le sarrasin sécrèteraient des toxines qui empêchent la germination et la croissance des adventices.

En culture de céréales, la diversification des rotations et l’alternance entre les cultures d’hiver et de printemps permettent de perturber les cycles de développement des adventices et ainsi de diminuer significativement leur pression sur les cultures.

Pour les exploitations de plus petites surfaces comme en maraîchage, d’autres techniques de désherbage peuvent être utilisées :
L’occultation qui consiste à recouvrir le sol humide d’une bâche noire avant la mise en culture. Les graines germent avec la chaleur et l’humidité mais les plantules meurent en l’absence de lumière.

La solarisation consiste à élever la température du sol à des valeurs supérieures à 40°C et détruire les graines d’adventices et les pathogènes grâce à la pose d’une bâche transparente sur un sol saturé en eau. Cette technique est surtout utilisée sous serre en été pour un maximum d’efficacité.

Le paillage du sol est un moyen largement appliqué en maraîchage pour éviter la croissance des adventices sur les rangs de cultures. Il peut être réalisé à l’aide de paillages végétaux (mulchs), de films plastiques fins en polyéthylène, de films biodégradables ou de toiles tissées réutilisables.

Les techniques culturales simplifiées existent aussi en agriculture biologique !
Certains témoignages laissent entendre que l’interdiction du glyphosate remettrait en cause toutes les démarches de réduction du travail du sol (non labour, etc.) développées par certains agriculteurs particulièrement soucieux de la vie de leurs sols. En effet, le glyphosate est employé dans ce genre de pratiques pour détruire le couvert végétal implanté en interculture, avant le nouveau semis.

Mais de nombreux agriculteurs biologiques pratiquent également ces méthodes de « techniques culturales simplifiées » sans avoir recours au glyphosate. Cela implique, certes, des difficultés techniques supplémentaires, mais les initiatives et les expérimentations sont nombreuses en la matière et les techniques progressent !

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