Présidentielles : Comment déjouer le piège d’un second tour droite-Fn ?

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Cambadelis, au nom du PS, a tranché : il n’y aura pas de primaire de toute la gauche destinée à sauver le soldat Hollande. C’est dit-il, leur candidat naturel. Qu’ils cautionnent ses renoncements, ses trahisons, ses résultats, sa politique de droite d’austérité et de reculs sociaux, c’est leur affaire.

Les Français(es) savent ce qui les attend et l’ont fait savoir dans les urnes puis le 31 mars dans les rues avec la jeunesse et les salarié(es). Ils savent aussi ce qui les attend avec la droite et l’extrême-droite : de la surenchère dans la même direction.

L’appel lancé le 11 janvier par des personnalités proches du PS (Wiewiorka, Piketty, Cohn-Bendit, Jadot…) pour une primaire ouverte à toute la gauche et aux écologistes a donc vécu.

En réalité, c’était un appel à venir sagement se ranger derrière François Hollande, sans le dire aussi clairement, et à participer à des primaires, non pas du PS, mais de « toute la gauche » laissaient-ils entendre.

Le PCF s’était dit prêt à envisager une candidature commune à gauche, compte tenu des circonstances et du risque énorme de l’absence de la gauche alternative au second tour.
Il proposait de « construire avant l’été 2016 un socle commun…qui passe par une démarche collective, populaire et citoyenne…et qui vise à écarter l’impasse Hollande et Valls par l’émergence d’une autre voie à gauche. »

Il n’était pas question de commencer par débattre de la candidature mais d’abord des contenus à co-élaborer avec le peuple et, le moment venu, de la candidature en même temps que celles pour les législatives. Une candidature qui, à l’évidence, ne pouvait qu’incarner une politique en rupture avec celle du gouvernement depuis 2012.

Après les déclarations du week-end de Cambadélis, Wiewiorka, Cohn-Bendit, les choses sont claires. Le premier a, en effet, levé toute ambiguité (dimanche 29 mars sur France5) : « François Hollande est le seul qui puisse gagner parce qu’il incarne la France… » Le second, (L’Obs du 27 mars) précisant sa pensée : « il faut sauver la gauche de gouvernement… » Et le troisième, (le 28 mars sur LCI) rêve de deux primaires : « à droite Sarkozy, NKM, Juppé, et Lemaire, et à gauche, Macron, Aubry, Hulot et, si vous voulez…Hollande ». La duplicité est à son comble. Quels changements en perspective ?

Tout reste à faire à moins de se résigner, en cas de candidatures multiples à gauche, à un second tour mettant en présence M. Le Pen et A.Juppé, par exemple, car en toute hypothèse, Hollande ne sera pas le candidat de la gauche, mais du social-libéralisme à l’oeuvre. Son crédit est épuisé.

Or déjà, outre JL Mélenchon, autoproclamé et soutenu par le PG, le NPA, LO, le MRC ont désigné leurs propres candidats. C’est bien entendu leur droit mais cela ne fait que renforcer l’hypothèse la plus probable, à cet instant, d’un duel LR-FN, compte tenu de l’impopularité du pouvoir. Comme cela s’est déjà produit en 2002 où il y avait huit candidats à gauche, outre Jospin qui fut devancé par JM Le Pen…

Serait-on condamné à une telle fatalité ? Par la voix de son secrétaire national Pierre Laurent, le PCF entend faire « tout ce qu’il peut et tout ce qu’il doit pour bousculer la donne »…et appelle à « construire un nouveau Front populaire et citoyen, un large front social et politique qui fasse converger les forces de la gauche et de l’écologie politique, les forces syndicales, le mouvement social, le monde du travail et de la création, pour ouvrir un chemin neuf pour la France, pour écarter le danger de la droite et de l’extrême-droite, pour construire une nouvelle majorité. »

Un rassemblement à construire prioritairement dans les luttes sociales, comme celle unissant jeunes-salariés(es)-retraités(es) contre la loi-travail qui a rassemblé, ce 31 mars, des centaines de milliers de manifestants prêts à se mobiliser jusqu’au retrait de ce projet à contre-courant de l’histoire et du progrès social.

Un appel au dialogue avec toutes les victimes des politiques d’austérité qui cherchent une issue à leurs problèmes -qui sont ceux de la société- et aspirent à être écoutés, considérés, entendus.

René Fredon

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