Les Français boudent les élections…passons à la présidentielle !

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Vingt quatre heures à peine le rideau des municipales tombé sur un scrutin qui scelle le désamour appuyé des citoyens pour toutes les élections, Macron prend la mesure du gouffre qui le sépare du peuple profond et qui laisse son parti, à peine majoritaire en députés, à la porte des communes, des plus grandes aux plus petites, des départements et des régions

Le parti du président a tout juste sauvé la ville que dirigeait son premier ministre -alors LR- et qui a eu grand besoin d’eux pour empêcher Le Havre d’être reconquise par le député communiste J-P Lecocq à la tête d’un large rassemblement à gauche et des écologistes.

L’autre caractéristique de ce scrutin qui n’a guère déplacé plus d’électeurs(ces) qu’au premier tour, moins de 60%, c’est la percée écologiste : le basculement de nombreuses très grandes villes (Marseille, Lyon, Bordeaux, Strasbourg…)et villes moyennes vers des listes de large rassemblement à gauche emmenées le plus souvent par des écologistes mais pas exclusivement.

L’inverse s’est aussi produit (comme à La Seyne) au profit de la droite qui conserve une solide implantation sur l’ensemble du territoire et particulièrement sur le pourtour méditerranéen.

Voilà que se confirme un remaniement ministériel, après un tel bilan électoral en forme de Bérézina pour le président et son parti sans base. Il envisagerait même de dissoudre LREM dans les mois à venir disent les informateurs « bien informés »

À peine rentré de Nouachkott, -pour un sommet sur le G5 contre le terrorisme au Sahel- le voilà replongé dans ses pensées profondes et ses consultations pour « réussir » son mandat en donnant le signal d’une volonté politique renouvelée, plus adaptée à une situation très très compliquée, comme on dit, et qui ne se présente pas comme une promenade romantique vers l’extase.

Le voilà occupant le terrain médiatique, assis, se tenant la tête des deux mains et se demandant ce qu’il pourrait bien faire pour donner un coup de fouet au moral de ses troupes et au peuple qui ne  voit rien venir de ses promesses et de ses bonnes intentions.

Elles sont désormais perçues comme guimauve pour naïfs invétérés et ne font que préparer des lendemains encore plus redoutables dont il cherche à minimiser l’ampleur.  Ainsi qu’à dissimuler la nature de ses « solutions » qui n’ont pas changé, le fameux « remboursement de la dette » dont les peuples ne sont pas responsables et la baisse des dépenses publiques se traduisant à terme par la liquidation des services publics. Il tient à la réforme des retraites…tout un programme !

Va-t-il reprendre -ou se passer – de son premier ministre, plutôt bien perçu du côté de la droite, depuis qu’il a réussi à sauver Le Havre mais aussi parce que jouant le jeu de la loyauté au président et de la sobriété de ses interventions ? Réponse le 8 juillet.

Le président, déjà écrasant dans ses prérogatives, va encore prendre en mains plus directement les commandes. Il a déjà commencé à s’impliquer -tout en les retoquant- dans les 150 propositions de la convention citoyenne pour le climat qui vont dans le sens de la percée écologiste qui a effectivement marqué les municipales, du moins parmi les exprimés. L’objectif étant de « faire baisser de 40% les émissions de gaz à effet de de serre (GES) d’ici 2030 dans un effet de justice sociale ».

Nul doute qu’on va avoir droit à une campagne qu’il va peindre en vert foncé pour les besoins de sa cause tout en réduisant les charges des grandes entreprises qui réclament un moratoire face à la baisse de leurs chiffres d’affaires mais sans évoquer, pour les plus grosses, la masse de leurs profits et le rendement de leurs actions en 2020 et les années précédentes. Car les privilèges, ils remontent à loin, comme les cadeaux fiscaux.

Elles veulent -sous prétexte de pandémie- différer les dépenses liées à la transition écologique tout en la soutenant…dans les mots mais beaucoup moins dans les faits !

Ils ne veulent pas comprendre que c’est en retardant sans cesse la mise en oeuvre des réductions à grande échelles de GES, donc de nos modes de production et de consommation que l’on compromet les objectifs fixés par les scientifiques, adoptés par les États (pas tous) et soutenus par les jeunes générations.

En même temps que cette transition écologique est prometteuse d’emplois et génératrice d’économies d’énergies si elle est couplée avec la transformation sociale de nos sociétés inégalitaires soumises à la loi du profit pour une infime minorité.

Cette panique qui agite la Macronie -sur fond de désaffection des électeurs- a suscité une certaine frénésie à gauche

Ne pas confondre vitesse et précipitation
Du côté des Verts Yannick Jadot a pris acte de cette conquête de grandes villes par les siens mais avec les autres de la famille progressiste, humaniste et écologiste (socialistes, communistes, LFI, laïques, pacifistes, anti-racistes, féministes… « c’est plus qu’une union des gauches qui est possible, c’est une recomposition politique autour de l’écologie…Il y a une recherche de sens, sur nos modes de vie, notre logement, la densité des villes, l’alimentation, les déplacements, la solidarité, les nouvelles pratiques démocratiques… Dans toute une partie de la population, il y a l’envie, le désir d’un changement crédible de notre société, réaliste socialement et économiquement. Le discours des candidates et des candidats écologistes a été dans cette veine-là. C’est l’écologie en action ! « 

Il est naturel de se réjouir de ses conquête comme de déplorer ses revers. Y. Jadot a écarté toute participation à un gouvernement LREM, vu l’expérience de Nicolas Hulot et surtout l’incompatibilité des projets politiques, ce qui, jusqu’à présent n’était pas aussi net.

Mais le temps n’est pas si loin -mars 2019- de certains ralliements de dirigeants EELV à Macron, comme Pascal Durand et Pascal Canfin, capitulant en rase campagne et changeant d’argumentaire pour un siège de député européen LREM, Barbara Pompili un peu avant pour le Palais Bourbon… Cela après l’enthousiasme de Cohn-Bendit, devenu conseiller spécial de Macron. Et l’expérience de N. Hulot suivie de celle de F. de Rugy…

Et puis parler de « vague verte » dans un contexte d’effondrement de la participation paraît quelque peu sur-réaliste. Des villes de gauche ont aussi basculé à droite.

Comme dans le Var, la perte de la seule ville d’union de la gauche et écologiste, La Seyne-sur-Mer au profit de la droite, doit beaucoup à…EELV.  Refus de l’union avec la gauche, dès le 1er tour.  EELV part seule avec le Dr Pattentreger. Objectif : devancer le maire sortant. Campagne assez agressive et résultat très bas pour le maire socialiste sortant : 23,01, EELV derrière à 13,84. Liste commune au second tour mais le tête de liste Vert ne veut pas en faire partie ? Il obtient la moitié des sièges. Résultat : large défaite et le total des deux pas atteint au second tour malgré +800 exprimés de plus et la division de la droite !

À la Garde, ville très longtemps dirigée par un maire communiste, le patron des LR passé député, voulait redevenir maire. En face une liste avec un socialiste, cette fois, officiellement soutenu par LREM, le PS et les radicaux. Refus bien entendu des communistes qui proposaient la plus large union à gauche. Ils obtinrent 13,81%. Triangulaire et victoire de Masson qui pouvait être battu.

Il falllait voir les ardeurs du responsable socialiste Olivier Faure débordant d’anticipation quelque peu amnésique. Il a dû se faire un sang d’encre au soir du 28 juin, un oeil sur Lille, longtemps donnée perdue (Martine Aubry), sur Montpellier, Strasbourg etc…avant de constater que, finalement, le PS s’en sort mieux que prévu, trois ans après son écartèlement en de multiples chapelles, ses chefs ayant suivi Macron ! Lourd passif avec le quinquennat Hollande.

Olivier Faure est tellement heureux qu’il a même envisagé que le PS soutienne les écologistes aux présidentielles, tout en se réjouissant de leurs conquêtes réciproques aux municipales. Il se voit au centre de l’union de toute la gauche…comme sous Hollande et se dit « prêt à me ranger derrière celui qui incarnera le bloc social-écologique »…!

Il va vite en besogne et a provoqué un tollé de protestations parmi ses troupes extrêmement disséminées, dont on ne doute pas qu’ elles fourmillent d’ambitions.

Se souvient-il que PS, Radicaux, Verts se sont ralliés au libéralisme tout en constatant les dégâts environnementaux et le creusement des inégalités sociales. Ils ont même gouverné ensemble « avec la finance comme seul ennemi » disait Hollande qui a dû laisser les rênes à Macron, d’un attelage encore plus libéral, absorbant une partie de la droite.

Il serait temps d’être clair sur l’incompatibilité des dogmes libéraux de sur-exploitation de la planète et des hommes à des fins d’appropriation privée de profits colossaux avec la  construction d’un monde de coopérations et de partage qui prenne à bras-le-corps les urgences écologiques, sociales et sanitaires, dans chaque pays. En développant notamment les services publics.

N’est-ce pas ce que les gens attendent plutôt que de sentir la frénésie du monde des affaires et de la politique les yeux rivés sur les échéances électorales pour diriger le pays, bientôt les régions et les départements (si elles ne sont pas repoussées ?)  toujours dans une même direction : austérité, privatisations, chômage…ce qu’ils subissent et qu’ils voient s’aggraver. Plus encore en ce moment où s’y ajoute une crise sanitaire durable et loin d’être maîtrisée à cette heure,  doublée d’une crise économique et sociale systémique dans laquelle on s’enfonce.

Cette frénésie, comme l’état d’urgence, tend à dissuader les victimes des politiques subies de croire qu’il est possible d’en changer. Comme s’il n’y avait qu’eux pour gouverner le pays. Et pas d’autre choix que les leurs ?

Sauf que ce mépris des peuples, qui n’auraient pas la capacité de comprendre où sont leurs véritables intérêts, peut à tout instant se retourner contre ses oppresseurs si le peuple prend conscience de sa force et de la pertinence de ses exigences de justice sociale, de paix et de solidarité dans un monde redevenu vivable par l’implication citoyenne.

René Fredon

https://actu.orange.fr/politique/faure-ps-plaide-pour-le-rassemblement-social-ecologiste-seule-voie-pour-l-alternance-CNT000001rfuYv.html

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