Port de Toulon : les Turcs s’en vont à Sète

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Très mauvaise nouvelle pour l’économie de l’agglomération toulonnaise au moment où le projet d’aménagement du port arrive dans sa phase de recherche des investisseurs.

L’entreprise turque DFDS qui reliait Istambul à Toulon La Seyne-Brégaillon pour le transport des marchandises a fait savoir qu’elle quittait la rade, après huit ans d’activité, pour rejoindre le port de Sète où elle est également installée depuis peu.

Le directeur des ports pour la chambre de commerce, Jérôme Giraud, feint d’être très surpris par l’annonce du nouveau propriétaire danois qui a racheté l’entreprise turque U.N.Ro-Ro. Il parle « d’une rumeur qui courait depuis quelques semaines…« alors qu’au printemps le nouveau groupe avait réduit les rotations hebdomadaires de trois à deux par semaine.

Il était parfaitement au courant des intentions des nouveaux propriétaires qui avaient déjà un pied dans le port de Sète.

Depuis le 9 juillet, le quotidien régional de l’Occitanie informait ses lecteurs que « Ce géant de la logistique a pratiquement remplacé au pied levé le précédent armateur, en proie à des soucis financiers, lorsqu’il a justement décidé de lever le pied… »

Donc aucune ignorance de l’évolution de la situation dans les institutions toulonnaises.

Ce sont, d’après le futur directeur du port de Sète, les clients de l’ancien armateur qui ont sollicité le groupe danois à assurer la continuité du service, d’autant plus facilement que les deux armateurs s’étaient rapprochés quelques mois auparavant, explique DFDS qui a prévu une période d’essai de six mois pour apprécier la rentabilité de ses deux rotations hebdomadaires qui représentent 20à 25 000 remorques sur une année.

Vont s’y ajouter les 60 à 70 000 remorques qui transitaient par Toulon, ce qui va entraîner, pour TPM, une perte économique assez considérable, compte tenu du volume de marchandises transitant par Brégaillon : 60 000 remorques/an générant 200 emplois directs et indirects  ainsi que 15 millions d’euros de droits et de retombées diverses dans le commerce local.

Pourquoi un tel changement de pied après huit ans seulement d’activités qui faisaient de Toulon le 1er port de commerce de la Méditerranée tourné vers la Turquie ? Tout semblait bien se passer jusqu’à ce choix du nouveau gestionnaire à tout regrouper sur Sète dont il prenait le contrôle du port.

À noter que la liaison de Sète avec la Turquie avait été créée le 14 septembre 2014 par l’ancien affréteur.

On peut s’interroger sur la raison du choix et se demander pourquoi c’est Toulon qui a été écarté, alors qu’il avait une activité de plus du double en volume ?

L’argument essentiel -inséparable des critères financiers pris en compte par l’entreprise – qui a prévalu, selon le nouvel armateur, c’est que, du port de Sète, les remorques sont placées directement sur un train alors que Toulon y avait renoncé et parle de rétablir ce recours au ferroutage infiniment plus rationnel et plus … écologique.

À Sète, non seulement les remorques mais aussi les containers sont embarqués qui eux, impliquent des plate-formes ferroviaires plus larges. Et là aussi pour Toulon ça coince, du côté de Cassis…où le tunnel n’est pas aux dimensions requises, apprend-on. Double peine.

Les élus et la CCI sont au courant et nous disent avoir prévu des investissements pour reprendre le ferroutage avec des containers extraits de rouliers modernes ? Si c’est pour ne pas dépasser Cassis … Marcel Pagnol en aurait sûrement fait un savoureux scénario.

Comme dit le directeur des ports : « On va devoir relever le défi de trouver des activités de substitution ». C’est comme si c’était fait ? Les armateurs, eux, changent tout simplement de port selon leurs intérêts. Sans autre considération.

La première association de ports de croisière au monde, Medcruise, en assemblée générale à Antibes nous promet un développement des croisières grand luxe dans la région … à condition que les infrastructures soient adaptées. Son président prévoit quelques difficultés dans le secteur en raison de la faillite d’un géant mondial de la croisière, Thomas Cook et du Brexit.

Comme à la CCI, il ne doute pas qu’un autre opérateur relèvera le défi et que le marché de la croisière de luxe constitue l’avenir de nos ports.

Message reçu 5 sur 5 à Toulon.

René Fredon

1 COMMENT

  1. Je fais clairement partie de ceux qui se réjouissent du transfert de Toulon à Sète des navires ro-ro qui embarquaient chaque semaine des centaines de camions venant d’Espagne vers la Turquie. Je proposais déjà de rendre ce projet encore plus intelligent en transférant l’embarquement à Fos, Sète, ou mieux Barcelone.
    C’était un non-sens économique et évidemment écologique, dans la mesure où tous ces camions viennent d’Espagne et du Portugal.
    Et ces camions n’avaient rien à faire ni sur l’A9, ni sur l’A50, ni à Toulon !
    Nos élus se trompent lorsqu’ils sont fiers de créer de l’activité économique allant clairement à l’encontre de la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
    C’est non seulement totalement irresponsable, mais on sait que la transition énergétique et écologique est elle-même un vrai levier d’emploi.
    La prochaine étape, c’est le transfert des ferries à Brégaillon.
    Les camions et voitures se rendant aux îles n’ont en effet rien à faire au centre ville de Toulon !
    Nous mettrons à la disposition des personnes en attente d’embarquement des tramways qui les emmèneront vers les centre-ville de Toulon et de La Seyne pour se balader.

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