Philippe Vitel (UMP) : « Nous payons la désertification des territoires ruraux qui ont une fâcheuse tendance à voter FN »

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Philippe Vitel, député (UMP) du Var

Philippe Vitel (UMP) : « Nous payons la désertification des territoires ruraux qui ont une fâcheuse tendance à voter FN »

Député UMP du Var et conseiller départemental, Philippe Vitel a été désigné pour conduire la liste varoise aux élections régionales PACA qui se dérouleront les 6 et 13 décembre 2015. Tour d’horizon de l’actualité politique nationale et régionale avec, en toile de fond, le Front national qui ne cesse de gagner des villes, des villages et des voix, dans le Var notamment. Mais pas seulement.

Passer de l’UMP au mouvement « Les Républicains », ça change quoi pour vous ?
PV : C’est faire table rase de tout un passé de l’UMP qui nous perturbe. On a mal vécu au cours des deux dernières années, les conflits internes, les problèmes de mauvaise gestion financière. Aujourd’hui, on a envie de repartir sur du neuf et sur le chemin de la reconquête.

Pensez-vous que modifier l’intitulé du parti suffira à faire oublier les errements de l’UMP, d’autant que l’on voit revenir des personnages attachés à ce passé entaché ?
PV : En partie oui. On sent une forte mobilisation des militants et pas mal de gens attendaient le nouveau parti pour adhérer. Ce renouvellement de militants va permettre une aération du parti.

Pour la présidentielle de 2017, êtes-vous favorable à l’organisation de primaires ouvertes à droite comme le souhaite Alain Juppé ?
PV : Oui, j’y suis favorable. A partir du moment où le sortant n’est pas de chez nous, il faut une primaire ouverte, comme l’a fait la gauche en 2012. Le sortant est d’habitude le candidat naturel – sauf s’il juge lui-même qu’il vaut mieux qu’il ne se représente pas, ce que j’attends de François Hollande – sinon, lorsqu’on part à la reconquête, il est indispensable de fédérer avant la campagne électorale. L’exemple socialiste nous a ouvert les yeux. Ils ont connu des tiraillements mais la primaire a légitimé celui qui est arrivé en tête et tout le monde s’est rangé derrière lui. Chez nous, ça se passera de la même façon. Il n’y aura plus de tiraillement après le 27 novembre  (ndlr : deuxième tour de la primaire).

Comment la droite doit-elle gérer ses relations avec le centre qui n’est pas unanimement favorable à la candidature de Sarkozy ?
PV : Il y a deux centres aujourd’hui. Un centre avec qui il y a des différences mais qui est toujours notre allié et avec lequel nous pouvons nous retrouver sur les idées,  c’est l’UDI. Par contre, il y a un autre centre, le MoDem, avec lequel je ne vois pas quels atomes crochus on peut avoir. Quand François Bayrou appelle à voter François Hollande et dit, deux ans après, que s’il avait été député, il n’aurait pas voté la motion de censure, (ndlr : la motion de censure déposée par les groupes UMP et UDI a été rejetée par les députés le 19 février 2015.) pour moi il ne fait pas partie de l’opposition. On n’a rien à voir avec ces gens-là.

Les élections départementales ont redonné du souffle à votre formation politique, marqué le net recul de la gauche socialiste, mais également confirmé la montée en puissance constante du FN. Dans quel état d’esprit abordez-vous la campagne des régionales vous qui allez conduire la liste du Var ?
PV : Les municipales ont amené le FN à prendre trois communes dans le Var. Aux sénatoriales, contre toute attente, le FN a pris un siège en doublant dans le scrutin son potentiel de voix. Les élections départementales n’ont fait, une fois encore, que démontrer cette évolution. Aujourd’hui, l’union de la droite et du centre n’est plus discutable. Mais il est également indispensable de repartir à la conquête de certains territoires ruraux qui ont aujourd’hui une fâcheuse tendance à voter FN. Parce que le FN représente pour eux le retour au passé : l’idée du service public de proximité, du commerçant, du médecin… C’est la désertification des territoires ruraux que nous payons aujourd’hui. Nous devons réfléchir à une nouvelle densification du rural, soutenir l’habitat dans ces zones et lui donner une autre dimension. A ce moment-là, politiquement, les choses s’inverseront. On ne s’est pas assez consacré également à ce qu’on appelle le « rurbain », ces zones limitrophes des grandes agglomérations qui combinent les deux problématiques : les nuisances de l’urbain et une forme de désertification alors les centres ne sont pas loin. Les solutions d’aménagement du territoire seront donc au coeur de la campagne des Régionales et des propositions que nous devrons faire.

Marion Maréchal Le Pen a confirmé sa candidature pour conduire la liste FN aux régionales. On dit qu’elle est la candidate que la droite redoute le plus. Comment allez-vous combattre son discours déjà bien rodé ?
PV : C’est une candidate à deux faces. Elle renvoie d’abord l’image d’une jeune femme dynamique représentant un certain renouveau. Mais, derrière cette image, se cachent les mêmes recettes, les mêmes approximations, les mêmes contradictions, les mêmes incohérences que le FN porte depuis des années. C’est ce que nous démontrerons tout au long de notre campagne.

Pensez-vous que le niçois Christian Estrosi est le bon candidat pour faire gagner la Région à la droite ?
PV : Christian Estrosi a une légitimité absolue puisque tout le monde s’est placé derrière sa candidature. Sa dimension est incontestable. Il a fait de Nice une ville extraordinaire, il a été ministre plusieurs fois et il est l’un des rares à avoir à la fois incarné une politique rigoureuse en terme des valeurs républicaines tout en étant quelqu’un de très ouvert sur la vision sociale des choses.  C’est ce qu’il a d’ailleurs démontré à Nice avec un électoral très large qui peut aller de la droite décomplexée jusqu’à la gauche.

Le candidat socialiste aux régionales, Christophe Castaner, a déclaré, en parlant de Christian Estrosi et de Marion Maréchal Le Pen, se retrouver face à deux candidats d’extrême droite. Comme réagissez-vous à cette déclaration ?
PV : C’est complètement faux. Christian Estrosi, par les valeurs qu’il défend et le comportement qu’il a dans sa ville, n’est pas de droite radicale. Dans les collectivités qu’il a en charge, son approche est toujours très sociale et je le découvre un peu plus chaque jour, grâce à la proximité que j’ai avec lui dans la campagne des Régionales. Avec les valeurs qui sont les siennes, Christian Estrosi est la vraie alternative, à la fois à la gauche et au FN.

Quel sera votre rôle dans la campagne des régionales ?
PV : Je vais mener la campagne dans le Var et travailler à la bonne identification de ce qu’est la liste régionale. Avec notre coordonnateur régional des programmes, l’ancien préfet de Région Michel Sappin, nous allons travailler sur six domaines avec six groupes de travail dans lesquels nous sommes en train de recenser les personnes qui ont une valeur ajoutée à apporter. Nous prendrons bien entendu en considération les problématiques qui sont différentes pour chaque département, mais nous travaillerons aussi sur des domaines transversaux tels que la politique de la jeunesse, la formation professionnelle et l’emploi, la politique du développement des transports et le développement économique et touristique. Sur ce dernier sujet,  nous devrions être amenés à revoir peut-être une routine qui s’est installée au fil des années, notamment si nous voulons que l’image de la région, à l’international, soit la meilleure possible.

Propos recueillis par Baptiste Abel

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