Panama papers : Panique à bord….au bal des hypocrites

0

Plusieurs jours après la révélation du casse du siècle qui a surtout surpris par son ampleur plus que par son existence, les banques, les gouvernements et leurs experts se drapent dans leurs vertus outragées.

« Cela nous rend service, on va pouvoir accentuer notre action contre la fraude… »(Sapin-Hollande-Merkel)  « …On va renoncer au secret bancaire et aux sociétés offshore… » (Le choeur des banquiers). Demain, on rase gratis…

Le rédacteur en chef du Figaro, Yves Thréard, lui, a laissé parler son coeur : « Il faut arrêter…(de donner la liste des fraudeurs) a-t-il éructé sur BFM-TV, « pourquoi pas la liste des malades du sida ? » osa-t-il ajouter dans sa colère ! Le secret des affaires, c’est sacré, nom de dieu.

Dans ses propres colonnes pourtant, une pub récente d’experts  nous rappelle que « 70% des prêts sont faux ». Ils sont là pour nous faire gagner de l’argent, disent-ils. N’hésitez pas à renégocier vos prêts. C’est le moment. Les experts vous attendent c’est gratuit, ils vous promettent « 0% de risque et 100% de satisfaction ». Ils ne vous parlent pas de politique, eux. Le système leur va très bien. C’est même leur raison d’être.

Ce couplet commence à ne plus être pris au sérieux même s’il fait encore beaucoup de dégâts. On se souvient peut-être de l’annonce tapageuse à Toulon en 2009, de Sarkozy, juste après la crise des subprimes : « Les paradis fiscaux, c’est fini ! »

Avocat d’affaires lui-même, l’enquête de Cash-Investigation a montré qu’il était associé avec le cabinet d’un certain Claude (intime de Balkany, impliqué dans le scandale) et que son nom avait disparu, remplacé par « et associés ». Tout de même, un président de la République, ça fait désordre. Il a perdu la présidence, pas le sens des affaires.

Le FN, auto-proclamé « au-dessus de tout soupçon », se voit mêlé à la cohorte des délicats « patriotes » utilisant ces hauts-lieux de la dissimulation fiscale. Créés par qui ? Le saint-esprit ? Ou plutôt les gouvernements libéraux des pays dits « riches » pour protéger…leurs riches ?

Aujourd’hui, Sapin nous assure que la France va réinscrire le Panama sur la liste noire des paradis fiscaux ! C’est donc qu’elle l’en avait retiré. On se demande pourquoi ?

Une surprise, de taille, les Etats-Unis n’apparaissent pas ! N’auraient-ils que de respectables citoyens, leurs banques seraient-elles à l’abri de tout soupçon depuis leurs ennuis en 2008 qui en avaient mis plusieurs (presque) sur la paille ? Heureusement, leur banque centrale veillait à leur éviter le pire et les a remises à flot. Pas les particuliers ( 7 millions) qui avaient perdu leurs biens ! Le monde ne s’en est pas remis.

Comme la Suisse pourtant, ils sont de gros pourvoyeurs de sociétés-écrans, les deux plus gros. La Suisse en est un, de paradis, à elle toute seule. Aux E-U, ils ont des Etats, notamment le Delaware et le Wyoming où l’on exauce très facilement les désirs d’ouverture de compte dans l’anonymat le plus total, comme au Panama parmi d’autres « paradis » !

Et puis, ils ont l’embarras du choix et ne s’en privent pas. Comment pourraient-ils passer à travers les mailles du filet d’un scandale d’une telle ampleur ? Un peu de patience : on aurait du mal à croire qu’il n’y aurait aucune trace de ce côté-ci, chez le leader du néo-libéralisme mondial, des scandales financiers, des inégalités et du  chômage qui en découle.

Le PDG de Goldman Sachs, Lloyd Blankfein, « la banque d’affaires qui dirige le monde » -deux fois le budget de la France- et qui avait spéculé en 2007 sur l’effondrement des crédits immobiliers, mettant en péril la plupart des banques de la planète, sauvées par les…contribuables, ce bienfaiteur a vu son salaire tripler dès 2011 et passer en 2015 à …30 millions de dollars en toute légalité ! Pour ses éminents services rendus à l’humanité sans doute ? Mario Draghi a été à bonne école. Pas de quoi être rassurés.

Depuis que l’on est gouverné par la finance mondiale arrivée à un degré de domination jamais atteint, on mesure l’état de délabrement de toutes les sociétés soumises au pillage de leurs ressources et à la sur-exploitation des populations tandis que s’affiche l’arrogance des maîtres de l’économie avec l’assentiment  des gouvernements qui ne jurent que par l’économie de marché, les déréglementations, la « liberté » d’entreprendre qui n’est que le feu vert donné aux plus riches de dominer tous les autres. De s’enrichir à leur détriment.

Tant que nous nous laisserons enfumer, collectivement, il n’y a pas de raison que ça s’arrête. Encore faut-il ne pas se tromper de diagnostic et de cible.

Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ? (Charles Trenet)

René Fredon

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.