Au sein d’une manifestation des gilets jaunes des propos des gestes à connotation antisémite ont soulevé une vague d’indignation justifiée à laquelle la raison et l’humanisme s’associent tout naturellement. Il faut condamner tout geste discriminatoire.
Mais ces comportements par ailleurs (hélas) assez courants ne tombent- ils pas à point cette fois pour permettre de diaboliser un peu plus le mouvement des Gilets Jaunes ?
En effet à qui peut profiter cette image des quenelles, le récit de cette vieille femme juive insultée dans le métro ? Alors que les gestes antisémites sont quotidiens sans qu’ils fassent la « une » des médias ? Pourquoi ces quelques quenelles échappées du bouillon des Gilets Jaunes sont-elles immédiatement « montée en épingle » ?
Une nouvelle recette qui profite à qui ?
Bien sûr il faut combattre le , les insultes, l’intolérance, l’antisémitisme, le racisme, l’homophobie, les injustices sociales, la violence y compris celle du système capitaliste, les casseurs, le terrorisme sous toutes ses formes.
Mais le soulèvement des Gilets jaunes est un processus politico-social original, protéiforme qui n’en n’est qu’à son début. Cette protestation, dans notre société fondamentalement inégalitaire, est légitime. Elle ouvre la boite de pandore de la justice sociale et fiscale. Elle ne saurait être exempte de dérives.
Lorsque le pouvoir se sent dépassé par la rue il utilise tous les moyens pour se maintenir : les mesurettes anesthésiantes, les promesses illusoires, les menaces répressives, la stigmatisation médiatique des casseurs, la stratégie du dénigrement, l’instrumentalisation des dérives de quelques protagonistes. Une vieille recette qui a fait ses preuves. Sous la Révolution française, les aristocrates déchus accusaient les Sans culottes de « manger leurs enfants »…
Alors qu’elles sont consommées quotidiennement dans les ghettos des cités pourquoi ces dernières quenelles sont-elles tout à coup indigestes ?
Peut-être arrivent-elles à point pour justifier la répression qui se prépare ?
Les quenelles sont toujours indigestes même celles qui s’invitent à la table des fêtes du pouvoir.
Jean François Principiano
Professeur d’Histoire