« Notre Chirurgie est à défendre et à sauver ! C’est vital.»

C’est une spécialité totalement à part !
Elle est le bras armé de notre Santé, qu’elle soit programmée ou non programmée pour les Urgences, notre Chirurgie est essentielle et indispensable dans notre quotidien.

Qu’elle répare, soulage, sauve ou guérisse,  son action est irremplaçable.
Dans une société qui banalise tout, qui ne sait plus reconnaître la valeur ni la dimension des hommes et des femmes qui appartiennent à un tout autre monde qui ne peut être comparable avec tout le reste, la Chirurgie fait partie de l’exceptionnel.

Derrière les portes closes de nos blocs opératoires ou salles de déchocage se jouent de véritables courses contre la montre, pour la vie, contre la mort et les drames de nos vies.

À l’image des stands de courses des Formules 1 on ne s’y improvise pas, jamais !  Chaque seconde compte, chacun est à sa place et méthodiquement dans l’action d’un geste connu et appris plusieurs fois répété et appliqué selon l’adage de la rigueur et de la précision chirurgicale.

Il faut vivre une fois dans sa vie une journée et une nuit complète au bloc opératoire au sein de ces équipes chirurgicales pour comprendre la perte de sens et la folie de nos visions de notre société devenue individualiste et indifférente aux autres et aux missions essentielles que portent celles et ceux qui s’y investissent.

Suivre l’ensemble des équipes de la chaine des Urgences , du relevage de terrain via les équipes de SAMU / SMUR et Pompiers, vers les salles de déchocages et blocs opératoires toujours dans cette course effroyable contre le temps, contre la mort et pour la vie et  vivre cette extraordinaire mobilisation humaine en terme d’énergie, de motivation, de passion et  de pression, est une expérience de vie que nul ni personne ne devrait sous estimer.

Tout le monde garde et gardera à vie en mémoire ces 23 heures de bloc opératoire non stop et ces équipes de Chirurgie qui se relayaient pour essayer de sauver cette jeune fille de 17 ans passée sous les roues d’un poids lourd.

Vivre un « PMO » ou prélèvement multi organes avec les équipes de greffes et préleveurs qui arrivent en pleine nuit de toute la France dans un timing minuté entre les temps de clampage vasculaire, de prélèvement et de coordination à l’autre bout du pays pour l’entrée en salle du patient receveur  et les appels téléphoniques entre le bloc,  les ambulances, les motards de la  police et taxis pour le top départ vers les aéroports ou autoroutes, n’est pas une expérience anodine, elle secoue et bouscule les consciences qui se sont perdues dans la banalisation de nos mondes !

Pour avoir accepté de ne plus considérer à son plus juste niveau d’importance et de priorité, de négliger, d’invisibiliser, et de tout banaliser, jusqu’à ne plus reconnaître les rouages essentiels et piliers de notre société dont notre Chirurgie, nos populations se retrouvent prises au piège de la perte de sens en tout, y compris dans ces domaines jusqu’ à présent protégés et sanctuarisés et qui ne le sont plus.

Partout sur nos territoires de France nos Chirurgiens depuis des mois alertent et tirent le signal d’ alarme !

« L’Orthopédie se casse la gueule ! » titre en cet été 2023 le Canard Enchaîné !

Comment ces pans entiers de notre Santé ont-ils pu être sacrifiés et en arriver à ce point ?
Comment dans un passé encore récent et dans des périodes de tensions hospitalières de chirurgie et de traumatologie redoutées comme celles du fameux Bol d’Or et 24 h de Moto sur notre département du VAR et qui voyaient nos hôpitaux de Toulon, La Seyne et Hyères assurer pleinement leurs missions et fonctions au service des populations, ont-ils pu être conduit à notre niveau actuel de souffrance, de contraintes et de limitation ?

«  Il vaut mieux  éviter de se casser le col du fémur le vendredi après midi, je vous conseille plutôt le mardi soir pour être opéré rapidement ! » raille un Médecin Urgentiste de l’Ouest de la France , c’est désormais dans la France entière que les services d’Urgences se trouvent confrontés à ces difficultés et tensions comme jamais auparavant , y compris pour les places d’Orthopédie et de Traumatologie pour les patients « fracassés » ! écrit le Canard Enchaîné ….

La Chirurgie est depuis toujours un des fleurons et la fierté du monde hospitalier.  Elle est un joyau et une richesse inestimable . Qu’elle soit programmée pour le traitement de cancers ou de pathologies plus classiques et ou réparatrice ou non programmée et Urgente et vitale, elle appartient depuis toujours à la définition et l’existence même de l’hôpital public . L’hôpital, les Urgences , et les services médicaux et de Pédiatrie ne sont rien sans la Chirurgie !

Défendre et sauver la Chirurgie hospitalière est un des défis majeurs qui nous attend , il est plus qu’une priorité, une obligation vitale . Notre nouveau Ministre de la Santé, Aurélien ROUSSEAU, va devoir s’y investir pleinement et rapidement.

Sauver la Chirurgie là où elle a sauvé et sauvera encore nos vies ne se négocie pas sous la pression et la folie des lois du marché et des politiques de contraintes économiques et d’austérité qui nous ont conduit à la situation actuelle, en Chirurgie plus qu’ailleurs.

Retrouver le sens perdu en tout et dans tous les domaines passe par le courage et la volonté d’assumer des choix essentiels pour nos concitoyens et nos populations ,  la Chirurgie hospitalière en est l’exemple et le symbole réclamé par tous ! Reconnaître la Chirurgie hospitalière c’est surtout et avant tout reconnaître enfin le Chirurgien qui n’est pas un Médecin comme les autres , passer des heures et des nuits entières , avec eux , sous la lumière des scialytiques et  le flash des compresses vous en convainc à jamais.

En ces temps où l’attractivité et la non reconnaissance pour ces métiers « hors normes »  à hautes responsabilités et investissement sans compter posent problème et interrogent face aux paradigmes nouveaux de notre société,  il est grand temps d’agir pour plus et mieux les reconnaître pour ce qu’ils sont et ce qu’ils font.

Parce que cette reconnaissance et cette perte de sens en ces métiers pourtant essentiels passent  par la représentation législative et les lois votées qui n’ ont pas su répondre à ces enjeux de société et être à la hauteur de ces hommes et de ces femmes qui les assument , la situation est devenue bien inquiétante.

Cette perte de sens est tout un symbole et un vrai problème !

Il faut s’y investir , vite !

Dr Vincent CARRET
AMUF