Ne laissons pas Macron enterrer notre modèle social

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A en croire médias et sondeurs, plus besoin d’aller voter, l’affaire est entendue : l’alliance des libéraux de « gauche », de droite du centre et d’ailleurs est en passe de l’emporter ! Ils osent même prédire un raz-de-marée. Dormez tranquille le 11 juin.

Ils ont dévoilé, pour la première fois, une semaine avant le 1er tour, le résultat du vote des Français de l’étranger (au 1er tour) répartis en 11 circonscriptions dont 10 donneront un député LREM ! Quelle preuve ? Il y a plus de 80% d’abstentions. Il n’y en avait eu que 57% en 2012 avec une majorité pour Sarkozy.

Là n’est pas l’essentiel. Le nouveau monarque républicain fondateur de son parti/mouvement, puisqu’il marche…à reculons, et qu’il n’a pas de groupe parlementaire, a fait modifier sur le champ les règles de répartition du temps d’antenne pour la campagne, en claquant dans les doigts, se taillant la part du lion, comme il se doit en…démocratie.

Il ne se prive évidemment pas de l’effet et de l’argument découlant de l’instauration du quinquennat voulu par Chirac en 2000, pour que les deux élections présidentielle et législative se fassent dans la foulée afin que le vainqueur du 1er tour de la présidentielle, même très minoritaire en l’occurrence (24% pour Macron) puisse réclamer une majorité aux législatives  pour pouvoir gouverner…à tous ceux qui n’avaient pas voté pour lui. Le piège institutionnel dans toute sa splendeur.

Pour faciliter l’opération séduction, il n’a pas hésité à nommer un 1er ministre LR ainsi que plusieurs ministres de droite et du centre à des postes clés pour élargir son socle assez médiocre des présidentielles, histoire de montrer de quel côté va pencher la balance et les décisions à venir. Semant du même coup un vent de panique dans l’état-major LR qui ne sait plus s’il doit combattre ou soutenir le chef de l’État !

Le PS se retrouve dans la même position, ingérable, avec une majorité de ses cadres nationaux et locaux aux côtés de Macron, investis par EM, d’autres avec l’investiture PS mais qui soutiennent la politique de Macron et des candidats PS qui se situent dans l’opposition, dans la mouvance de Benoit Hamon qui, lui, soutiendra le candidat communiste contre Valls dans les Yvelines.

La feuille de route : à droite toute…et vite !
Ce n’est pas pour rien que le gouvernement sous la conduite du Juppéiste Édouard Philippe a détaillé une feuille de route confirmant le programme de Macron qui dynamite les droits des salariés, les instances représentatives du personnel, la protection sociale, les retraites…un programme qui fait se pâmer le patronat dont les voeux sont si bien exaucés.

Bien entendu, le discours se veut « progressiste » ! Vous en connaissez des gouvernements qui  ne voulaient pas résoudre le problème du chômage et des bas salaires ? Tous, bien sûr, n’avaient que ça dans leurs professions de foi. Le problème pour les formations qui se succédaient au gouvernement c’est qu’elles n’ont jamais réussi, ni à réduire le chômage, ni les inégalités, ni l’échec scolaire, ni la corruption des élites.

Et ce sont les mêmes qu’on retrouve aux postes-clés d’un gouvernement qui se dit nouveau mais dont la plupart sont de vieux chevaux de retour (Collomp, Le Drian, Ferrand, Bayrou…) ou de jeunes qui sortent à peine du gouvernement précédent, à commencer par Macron !

Mais qu’y faisait-il alors sinon cautionner la dérive libérale de Hollande et des siens ? Il veut l’amplifier maintenant qu’il tient les rênes. Il va pouvoir accélérer la cadence puisqu’il fait appel à ceux qui préconisent encore plus de privatisations, donc de liquidations de nos services publics, de réductions dans la fonction publique, de régressions sociales tous azimuts, de baisses du pouvoir d’achat des plus défavorisés.

Comme si c’était le code du travail qui était responsable des 6 millions de chômeurs, de la fraude fiscale, des paradis du même nom, des orientations de l’Europe imposant aux États qui le veulent bien, des politiques d’austérité qui ne font qu’aggraver les déficits, nullement les réduire. Tout ça pour répondre aux exigences des marchés financiers, entendez des investisseurs, des actionnaires, des 1% les plus riches au détriment de tous les autres.

Mais de ça, il n’en est pas question dans la feuille de route. Et pourtant refonder l’Europe pour la mettre au service des peuples et non du capital, fait partie intégrante de nos problèmes nationaux.

Et il ne suffira pas, avant le 1er tour, de flatter tous les « partenaires sociaux » qu’on écoutera poliment peut-être mais sans changer de cap, ce qui d’ores et déjà est parfaitement compris par les victimes désignées par cette méthode qui se dit « douce » mais  bien ciblée et qui peut se résumer par « plus de droits pour les patrons, moins pour les salariés. »

Illustration : le « plafonnement des indemnités patronales », autrement dit l’assurance donnée aux patrons qu’ils paieront moins d’indemnités aux salariés injustement licenciés. Il y aura un plafond aux sanctions qui ne seront plus pénalisées proportionnellement à leur gravité !
Autre exemple, on baisse les charges salariales (maladie et chômage) et on augmente la CSG financée par un plus grand nombre de personnes, y compris les retraités. Ce ne sont toujours pas les profits et les fraudeurs qui sont sollicités.

Il ne suffit pas d’inventer des « trucs » baptisés innovation sociale pour que les pauvres soient moins pauvres et prétendre faire de la justice sociale. Sans s’attaquer à la finance, à ses origines, à ses mécanismes, à sa destination : emploi, justice sociale ou profit de quelques-uns ?

On l’aura compris, c’est tout notre modèle social qui est dans le collimateur ce qui suscite déjà la colère de toutes celles ceux qui s’étaient mobilisés contre la loi El Khomri.  Ils ont toutes les raisons d’utiliser leur vote pour que Macron ne puisse pas avoir de majorité.

Surtout ne pas s’abstenir le 11 juin et bien choisir le candidat qui incarne à la fois l’opposition résolue à toute régression sociale, démocratique et écologique, en même temps que le rassemblement le plus large à gauche pour faire élire des députés prêts à construire une alternative progressiste aux politiques libérales qui se succèdent et qui font le lit du FN.

Ma préférence va vers les candidats présentés ou soutenus par le PCF.

René Fredon

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