Mosquée de Fréjus : Le FN égal à lui-même

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Depuis qu’il est maire de Fréjus et sénateur, David Rachline n’a eu de cesse de s’opposer à l’ouverture de la mosquée, achevée depuis l’été 2015 et qui avait obtenu le feu vert de la commision départementale de sécurité en juin de la même année. Le permis de construire avait été signé par l’ancien maire UMP, Elie Brun le 28 avril 2011.

Le 5 août 2014 le nouveau maire rejette la demande d’ouverture faite par l’association gestionnaire El-Fath qui saisit le juge des référés. Le 17 septembre celui-ci juge illégale l’obstruction du maire et lui donne 15 jours pour réviser sa position.

Il persiste, obligeant l’association à se tourner vers le préfet qui peut se substituer au maire. mais le préfet esquive, soucieux de ses rapports avec le nouvel élu, il considère qu’il n’y a pas le feu. Une manière de l’attiser.

Le conseil d’Etat l’a d’ailleurs contredit sèchement, estimant « qu’il s’agit d’une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté fondamentale que constitue le droit à un recours effectif, à la liberté de culte et à la liberté d’expression des convictions religieuses. »

Le 9 novembre, il donne huit jours au maire pour ouvrir la mosquée, Rien ne se passe.
Entre temps, le tribunal correctionnel a également été saisi par l’élu FN et, à l’audience du 26 novembre 2015, le procureur a demandé la démolition de l’édifice religieux au motif du « montage juridique », l’association n’aurait pas été propriétaire de tous les terrains au moment de sa construction en 2011. Le maire y ajoute des considération d’urbanisme, de sécurité, d’inondabilité…Pardi il ne va pas parler de son obscession sécuritaire et islamophobe.

C’était tellement mieux sa ville avant, sans mosquée, quand les prières se faisaient dans des garages ou sur la place publique. Tellement plus sûr, tellement plus digne, tellement plus laïque !

Le 3 décembre, le Conseil d’Etat condamnait la commune à payer une somme de 6 500 euros à l’association des fidèles qui a financé l’intégralité des travaux et de l’acquisition, comme l’ont montré ses avocats.

Le 26 février le tribunal correctionnel fera connaître sa décision. Mais sans attendre, le 20 janvier le conseil d’Etat a de nouveau ordonné l’ouverture de la mosquée devenue effective depuis le 23 janvier.

Même si la procédure judiciaire n’est pas achevée, cette ouverture a été accueillie avec une joie non dissimulée par les musulmans, évitant tout triomphalisme. A l’inverse le maire et ses amis ont du mal à cacher leur amertume, c’est un euphémisme.

Le quotidien local, Var Matin, ayant relaté cette journée mémorable, avec force photos à l’appui et sans incident, le lendemain il devait recevoir une pluie de lettres indignées, certaines franchement insultantes, leurs auteurs annonçant leur boycott d’un journal qui ose informer de l’ouverture d’une mosquée, malgré l’acharnement du maire !

Je dois dire que le journaliste, chef d’agence à Fréjus, Eric Farel a fait preuve d’un courage certain, n’hésitant pas, dans son billet d’humeur du 27 janvier, à se féliciter… » Quel honneur, pour nous, journalistes, de ne plus être lus par des cons »!

Si ce n’était que des cons ce ne serait pas trop grave -même s’ils sont trop nombreux- ils ne le sont pas tous dans la famille. Ils savent ce qu’ils font et où ils veulent aller. On les y aide du côté des pouvoirs successifs…

Dans une ville qui vient de se donner une majorité front national, après plus de trente ans aux mains de la droite, ( Léotard père et fils, Elie Brun, ce dernier lesté par de nombreux scandales), l’ambiance n’est pas à l’apaisement mais à la stigmatisation d’une partie de la population, parmi la plus paupérisée, la plus ghettoïsée, la plus intolérée du fait de sa religion, de sa culture.

Une population à qui les mêmes reprochent la marginalisation, le communautarisme, l’inassimilation (quel mot horrible !) et même la suspicion de sympathie avec les terroristes !
N’est-ce pas le meilleur moyen d’entrer dans leur jeu ?

Et cela ne nous empêche pas de combattre toutes les formes de racisme, d’où qu’il vienne et quelles que soient ses cibles. Nos « racines chrétiennes » que d’aucuns revendiquent comme une marque d’identité hiérarchisante, ne doivent pas nous faire oublier ce qui s’est passé il y a quatre vingts ans au coeur de cette Europe, une guerre d’extermination ethnique, un holocauste qui a embrasé le monde entier.

René Fredon

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