Après trois mois de circonvolutions autour du « ça ne sert à rien« , pour cause de pénurie qu’il a bien fallu reconnaître, le ministre de la santé admet que le port du masque systématique pour la population ne peut qu’être une précaution supplémentaire lorsqu’on est appelé à sortir du confinement (courses, promenade…).
De toute façon, on n’en a toujours pas assez en stocks ! Le ministre des Affaires étrangères est venu à la rescousse, annonçant que toutes les commandes, en Chine notamment, seront livrées d’ici … fin juin ! À condition que les Américains cessent de venir les rafler sur les tarmacs au nez et à la barbe de leurs destinataires ? Leur président leur a recommandé le port du masque tout en leur disant que, personnellement, il n’en mettra pas ! Il soigne sa réputation.
En France on ne voit pas comment ils pourraient devenir obligatoires, dans ces conditions, même si Macron a fait surgir quelques entreprises françaises de son chapeau ?
Mais alors pourquoi le ministre de la santé nous dit que « le débat est ouvert » ? Et que la réponse dépend « de considérations scientifiques ». Or « l’Académie de médecine est pour le port obligatoire mais de nombreux organismes scientifiques internationaux le contestent… »
Tiens, ce n’est plus le haut conseil scientifique qui fait les recommandations ? Le pouvoir se réfère à de nombreux organismes internationaux : lesquels et pourquoi ?(1)
C’est un procédé curieux qui tend à dégager la responsabilité politique du gouvernement vers les spécialistes qui, par principe, se montrent prudents devant un virus singulier qui fait l’objet de recherches intenses et de premiers résultats, dont certains plus avancés que d’autres et qui font rarement l’unanimité, d’autant qu’on n’a pas encore trouvé de vaccin et de tests en quantité suffisante, ce qui pèse dans l’évolution de la pandémie.
Toujours les moyens qui ne suivent pas malgré la compétence, les efforts et les risques pris par les équipes soignantes et logistiques.
Répondant mardi aux questions des parlementaires, le ministre a confirmé que le gouvernement « en restait à la stratégie qui est de permettre de protéger les soignants par des masques FFP2 ou des masques chirurgicaux, les soignants mais également les personnes les plus fragiles, les personnes qui présentent des risques particuliers » …Tout en restant ouvert à toute évolution !
Ce qui revient à dire à certains présidents de régions ou maires, comme cela monte du côté des LR notamment qui ont commandé des masques sur les deniers des collectivités territoriales : »faîtes comme vous voulez ». Certains étant allés jusqu’à prendre des dispositions à vocation pas que sanitaire, très restrictives, comme ceux de Six-Fours, Sanary et Nice … Hubert Falco avait écrit à Macron pour qu’il aille dans le même sens … contraignant.
Puisque c’est pour le bien de tous … sauf que le confinement ne pèse pas de la même manière si vous êtes au Cap Brun dans 180 m2 pour trois, voire dans une bastide encore plus vaste et à Sainte-Musse dans un 75 m2 à six à tirer le diable par la queue. Les contraventions n’ont pas le même effet. Et la culpabilisation collective et sociale un très mauvais remède.
Conclusion : si vous y tenez, mettez-en un, nous dit-on, vous pouvez très bien le faire vous-mêmes : ça va plus vite et c’est gratuit … pour les finances publiques ! Pas très sérieux.
René Fredon
