Loi Asile et Immigration : Le collectif migrants 83 scandalisé !

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À peine adoptée par l’Assemblée nationale, en première lecture par une majorité elle-même fissurée, la loi « asile et immigration » présentée comme « assouplissant les règles du délit de solidarité », a fait bondir les militants varois du collectif migrants.

Devant la presse, Gilberte Mandon, Xavier Hardy, Britta Medus, Guy Cochenec, Annie Pascal, Philippe Cheminaud, Michel Fortuna, ont tour à tour détaillé tout ce qui, au contraire, vise à réduire les droits des réfugiés, leurs conditions d’accueil. Tout en maintenant « le délit de solidarité » pour celles et ceux qui leur viennent en aide.

Le ministre Collomb, lui, veut se hisser au niveau d’une droite et d’une extrême-droite qui se disputent le prix de la surenchère démagogique et du discours le plus radical chargé de cultiver la peur des réfugiés, la menace du « grand remplacement » sous prétexte du danger réel du terrorisme islamiste assimilé à la méfiance envers l’ensemble des musulmans.

Le collectif migrants y voit un recul des droits, une machine à expulser plus vite et à réduire les chances et les lieux d’accueil, déjà insuffisants. C’est d’autant plus dramatique pour les mineurs non accompagnés dont la police des frontières, dans bien des cas, retient les papiers, conformément aux directives qu’elle reçoit, ce qui bloque les procédures et rend leurs conditions de séjour encore plus aléatoires.

Ils sont entre 350 et 400 dans le Var, ces mineurs qui peuvent passer des mois à l’hôtel et qui manquent d’aides de toutes sortes : de référents, d’éducateurs, d’assistants sociaux, de solutions concrètes d’accueil, foyers, familles, alphabétisation, formation, travail…Au point que l’on ne sait plus ce qu’ils deviennent.

S’ils ne sont pas reconnus comme « mineurs », ils perdent les droits qui s’y attachent tout en devenant « ni mineurs, ni majeurs » ! Ubuesque. Le délai de rétention sera doublé et le délai de dépôt des demandes divisée par deux !

Le conseil départemental qui a connaissance de cette réalité persiste à ne pas recevoir le collectif qui a des solutions à proposer et de la motivation à revendre pour que le droit d’asile ne soit pas un vain mot. Que la solidarité prenne le pas sur l’exclusion, le refus de l’autre.

Les préfets ont été priés de faire le tri entre les « éligibles au droit d’asile » en vue de leur intégration…si leur dossier est accepté et les « migrants économiques » de pays qui ne sont pas en guerre. Et qu’il faut au plus vite raccompagner à la frontière. Pour la droite et l’extrême-droite ça ne suffit pas : ils veulent des quotas migratoires, revenir aux frontières et en finir avec le droit du sol. La Hongrie n’est pas loin.

On a même vu, dans notre région où droite et FN se disputent la suprématie, une « milice des frontières » recrutée par « Génération identitaire », d’une centaine d’individus, venus bloquer le col de l’Échelle dans les Hautes Alpes pour refouler les migrants. Cela sans la moindre curiosité des forces de l’ordre pour cette provocation qui en dit long sur leur pensée politique. Ce sont les alliés du FN qui, bien entendu, n’a rien à voir avec cet acte, pas seulement symbolique. On s’en serait douté.

Et si une rencontre s’était produite avec des migrants ou avec les militants prêts à les accueillir et à les aider à défendre leurs droits ? Mais ils se retrouvent criminalisés comme s’ils causaient du tort à leur pays qui, comme la plupart, s’est construit par des vagues successives de migrants. Quelle régression !

Le collectif a rappelé que 90% des migrants sont accueillis dans les pays limitrophes. L’Europe n’en accueille que 6%. La France compte 6 millions de personnes de nationalité étrangère, dont 47% en provenance d’Europe. Sur 100 000 demandes de droit d’asile elle n’en a accueilli que 30%.

Contrairement à ce qui est véhiculé, ces personnes ne vivent pas au crochet de l’État, elles travaillent, produisent des richesses et bénéficient des mêmes droits sociaux. Faire croire le contraire, parce qu’il y a des abus comme dans le reste de la société, relève d’une volonté politique de diviser le peuple selon les origines de ses habitants, ethniques ou religieuses.

Le débat qui s’est ouvert à l’assemblée nationale a d’ailleurs montré un réel malaise au sein du parti majoritaire. Le vote est passé, certes, mais avec beaucoup de non-votants qui n’avaient pas envie d’être là : 197 votants LREM sur 312 députés de ce groupe. Et surtout 14 abstentions et 1 vote contre, Jean-Michel Clément qui , dans la foulée, a quitté le parti du président !

C’est le premier accroc sérieux. Ce qui s’est traduit dans le Var par 3 votes LREM sur 6 députés. Pour : Philippe Michel Klausbauer (UDI) soutenu par LREM, Fabien Matras et Sereine Mauborgne.

N’ont pas pris part au vote sans donner mandat : Cécile Muschotti (2è), Emilie Guérel (7è), Valérie Gomez Bassac (6è). Elles n’en sont pas moins porteuses des choix de leur groupe !

Les deux députés LR, Geneviève Lévy (1ère) et Jean-Louis Masson (3è) ont voté Contre parce que le projet du gouvernement n’était pas assez drastique !.

Au total, la loi est passée par 228 Pour, 139 Contre, 24 Abstentions.

Elle sera examinée par le Sénat dont le président Larcher fait souffler le chaud et le froid mais devrait ne pas trop contrarier ce qui reste de fidèles, certains ne voyant pas beaucoup de différences avec Macron, concernant l’ensemble de sa politique.

Ce qui est sûr c’est que le collectif Migrants 83 va multiplier les initiatives de sensibilisation de l’opinion pour lui faire connaître ses propositions pour une tout autre approche d’une politique migratoire humaniste digne d’une grande nation.

René Fredon

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