C’est un infectiologue varois qui suit, avec attention, le développement de cette étrange épidémie qui suscite autant d’interrogations que de déclarations parfois étonnantes… Pour ne pas rajouter aux polémiques diverses et variées, il tient à garder l’anonymat, mais a accepté de répondre à nos questions.
-Quel regard portez-vous sur le Covid-19
« Comme je l’avais pensé, au début, l’infection au Covid-19 n’est pas qu’une infection virale. Dans l’écrasante majorité des cas, elle guérit seule, avec la production d’anticorps neutralisants, dans les 10-14 jours. Personne ne sait pendant combien de temps ces anticorps persistent et sont protecteurs. Dans l’hépatite C que l’on guérit avec des antiviraux spécifiques, les anticorps ne sont pas protecteurs et les malades peuvent se réinfecter autant de fois qu’ils prennent des risques.
Pour le Covid-19, il apparaît, sans que l’on sache pourquoi, une seconde phase chez 2% des malades où le système immunitaire devient toxique. Ce seraient des cytokines produites en excès qui entraîneraient une réaction dysimmunitaire et la mort, une fois sur deux. Donc, on a bien deux phénomènes pathologiques ce qui voudrait dire prescrire des antiviraux aux stades précoces et des anticoagulants et des immunosuppresseurs, aux stades tardifs, car on semble bien être en présence d’une vascularité auto-immune. »
-Les déclarations et les polémiques brouillent parfois le message scientifique. Faites-vous le même constat ?
« J’ai écouté la déclaration du Pr Montagnier (expliquant qu’il s’agit d’une manipulation humaine, en laboratoire), et elle ne m’étonne pas. Quand son laboratoire a découvert le virus du SIDA – découverte due à Françoise Barré-Sinoussi- il a nié la seule responsabilité du SIDA au VIH et a incriminé des mycoplasmes … qui étaient des contaminants de culture.
Ensuite, conseiller d’un président africain qui ne voulait pas acheter d’antirétroviraux pour sa population, il a prôné les vitamines comme meilleure défense contre le virus … Le malheur est de lui avoir donné le prix Nobel ! Il y a quelques mois encore il se positionnait contre les vaccinations.
Quant au Pr Raoult, c’est le « système Raoult » : il pense, comme Médiapart l’a écrit, que le nombre l’affranchit des bonnes pratiques cliniques. Il croit que parce qu’il a co-signé 3500 publications – qui n’ont rien révolutionné – il a une renommée internationale. Il croit que, parce qu’il a traité plus de 100 malades par Plaquénil et Azythromycine, il peut se passer d’un groupe placebo : il a juste démontré que dans plus de 90% des cas, la maladie était bénigne, ce que l’on savait déjà ! Il pronostique maintenant la fin de l’épidémie avec les beaux jours, mais le Covid-19 n’est pas un virus grippal et beaucoup de scientifiques craignent, après le déconfinement partiel, une seconde vague. N’est ce pas le même Pr Raoult qui, en janvier, déclarait que « quelques chinois morts d’un coronavirus » ne l’intéressaient pas ? »
Recueilli par N.F