Le « Tri » des malades, une vérité et une réalité à affronter !

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Dr Vincent Carret

Ils veulent « VIVRE » et acceptent le risque de défier les gestes barrières et autres dispositifs de protection et de diminution de la diffusion du virus.

Ils sont pourtant prévenus au vu de l’agitation du monde des soignants sur le « TRI » des malades par faute de place en services de Réanimation !

Disons le une fois de plus ! Ce n’est pas vrai : «  Il n’ y a pas assez de place en Réanimation pour tous ! »

«  La ligne ROUGE du Tri des malades ! » reconnait le Ministre , Bruno LEMAIRE.

Il rejoint le Dr Patrick PELLOUX qui a raison de dire que le médecin refuse de « Trier » les malades, même en situation de catastrophe cette obligation va contre sa nature de soignant. Elle est d’une violence inouïe, contre nature, à la quelle il doit se soumettre !

Le Président du Conseil de l’Ordre des Médecins , le Dr Patrick BOUET dans sa lettre au Président de la République face à la perte de contrôle et la maîtrise de l’épidémie, écrit : «  Choisir la vie est le seul choix éthique possible, c’est celui qui fonde de manière intemporelle l’engagement des médecins »

En temps dit : « normal », ces valeurs sont raison. Nous ne sommes plus en temps « normal » !

Si tous les médecins refusent de « trier », terme horrible par nature face à l’humain, même en situation « exceptionnelle », de catastrophe naturelle, de guerre, ou d’afflux massif de victimes, les événements, les limites de  moyens qui les dépassent, les lits et les personnels que nous n’avons plus, poussent les systèmes à devoir imposer ce « Tri ».

Ce « tri » imposé contre la volonté des hommes et des médecins , est une réalité, une vérité, aussi dures soient elles à accepter et à reconnaître !

Tous les éléments de langage ou de vérité réinventés pour regarder ailleurs ou ne pas prononcer ce terme sont vains ! Tout le monde le vit, tout le monde le sait !

En ces temps de cynisme et de mépris dénoncés sur le front de la Santé depuis des années, il semble ne plus y avoir de limites et de frontières. Les luttes de pouvoirs, d’influences, de règlements de comptes politiques se sont emparés du « Tri » médical via les Tribunes nationales et plateaux TV.

Face à autant de discours, d’avis, d’analyses opposées et contraires qui là aussi sèment le trouble, comment mieux approcher la vérité une fois de plus que de se pencher sur le terrain et les gens de l’ombre que plus personne n’entend et qui se sont écartés des médias.

Demandez donc aux médecins de terrain, les médecins régulateurs du SAMU, les médecins Urgentistes et Réanimateurs, les Médecins de ville et des Ephad, aux Infirmières, aux familles tout simplement, si leurs patients âgés de 80 ans et plus, voire même de 70 ans, ont pu être admis en Réanimation ces derniers temps quand pour des patients de 30 ans, 40 ans, 50 ans, touchés par un virus variant beaucoup plus agressif, les places rares de Réanimation engageaient des transferts inter-départementaux ou inter-régionaux faute de places et d’équipes de soins sur nos territoires.

Non ! Monsieur le Directeur Général de la Santé , contrairement à ce que vous affirmiez sur les plateaux TV l’autre soir, à 86 ans vous n’allez plus en Réanimation, tous les malades ne peuvent pas aller en Réanimation car tout le monde le sait, il n’y a pas assez de place pour tous, Non ! tout le monde n’est pas vacciné et n’a pu être vacciné dans les délais. Beaucoup en sont morts . Le seuil des 100 000 morts sera atteint prochainement.

À la violence de cette crise et de ces virus variants dont on ne voit plus la fin du tunnel, des adaptations des vaccins seront probablement à envisager dans les mois à venir, nous allons devoir ajouter la violence sournoise qui frappe les soignants face à ces morts. Trop de morts !

La violence et la souffrance des soignants confrontés certes aux situations aïgues et graves du moment,  comme celles des retards de soins pris et qui malgré la volonté et l’engagement sans faille des équipes ne peuvent être tous assurés.

La violence des visages des soignants, leurs souffrances et leur impuissance que plus personne ne voit dans cette société du chacun pour soi et qui doivent assumer les comportements de défiance des gestes barrières pour avoir le droit de « revivre », sont les mêmes que ceux de certains patients qui vont y laisser leur vie.

Le mot « Tri » est interdit, malheur à celui qui osera le prononcer et l’assumer. Trop violent!

Trop violent sera aussi le contexte à venir d’une société du chacun pour soi et qui comme nous le voyons tous se désengage d’un DEVOIR de combat commun en s’affranchissant des dispositifs de circulation du virus mutant et des autres mutants plus agressifs et violents eux aussi.

Face à toutes ces violences et la violence d’une situation qui se dégrade , mais aussi face à l’irresponsabilité des comportements qui nous mettent aujourd’hui en colère , attendons nous à devoir affronter et à assumer , tous ensemble, la violence de la notion de « Tri ».

Dr Vincent CARRET
AMUF

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