Le Thoronet le chant ancien retrouvé

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Concert de l’ensemble Gilles Binchois

Les Vénérables voûtes de l’abbaye vont résonner samedi 28 juillet des accents du chant religieux ancien à l’époque du Grégorien.

Dominique Vellard (photo) propose en clôture de la saison 2018 des Rencontres Internationales un concert intitulé“ Magnalia Dei” autour des Répertoires grégorien, ambrosien, vieux-romain ainsi qu’une œuvre contemporaine sur le thème de la Création (donnée au Festival de Perpignan en Mars 2018)

Une plongée dans le passé musical de l’Europe chrétienne
Au tout début, les premiers chrétiens utilisaient le chant synagogal pour célébrer le Christ. Progressivement se dégagea un rituel particulier, séparé de celui des synagogues. Le Grégorien, « chant propre de l’Église romaine » a été attribué au pape Grégoire le Grand (590-604). En fait, Grégoire a surtout fixé le texte des prières romaines dans son Sacramentaire grégorien. D’autre part, le Grégorien a certainement hérité des récitatifs judéens et de leur structure mélodique de base.

Le Chant vieux romain est à peine plus ancien. C’est le chant liturgique et ecclésiastique du Vatican, dès le IVe siècle. Selon l’ordonnance du pape Innocent III, il fut officiellement remplacé par le chant grégorien. Plus spécifique encore le chant ambrosien est une sorte de plain-chant dont St Ambroise aurait été l’instigateur à Milan, et dans quelques paroisses lombardes en 386. Ce chant, se divisait en strophes rythmiques ou psalmodiques, et en chant métrique. St Ambroise emprunta aux Grecs leurs quatre modes principaux : le dorien, le phrygien, le lydien et le mixolydien; ces modes, nommés depuis authentiques ou impairs, sont le 1er, le 3e, le 5e et le 7e du plain-chant grégorien. Il adopta aussi le chant alternatif ou antiphonique, usité chez les Orientaux, et dont l’emploi se répandit ensuite dans l’Église latine.

Une création de Dominique Vellard
Ces musiques, qui apparemment semblent proches, ne peuvent être interprétées que par des spécialistes d’un style malheureusement tombé en pseudo oubli interprétatif. D’où l’importance de ce concert, sans doute le plus important de l’été musical au Thoronet. Dominique Vellard est un des spécialistes de ce style aux confins du passé. C’est donc un voyage dans le temps qui est proposé ici. La soirée sera agrémentée d’une création actuelle, sorte de pont entre les siècles sur le thème de la création. La composition de Dominique Vellard « Il y eut un soir, il y eut un matin » écrite sur le texte de la Genèse, premier livre de la Bible repose sur une note tenue de bout en bout, unifiant la composition, symbole de la vibration créatrice. Cette note-référence, comme dans la musique indienne, ou comme dans les œuvres de Giacinto Scelsi explicite les diverses couleurs modales et colore la polyphonie. Les vièles ponctuent le texte récité́ par un jeu fuide, elles préludent et concluent le chant qui se développe sur toute une gamme d’écriture et sur une grande diversité́ rythmique. Un concert événement à déguster sans modération.

Jean François Principiano

« Magnalia Dei » Samedi 28 juillet à 21h à l’Abbaye du Thoronet

Photos : Dominique Vellard
Ensemble Gilles Binchois
Manuscrit de chant grégorien

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