Le chant polyphonique russe  d’Uzorika Pureté et émotion

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dominique Vellard

Les Rencontres du Thoronet  animées par Dominique Vellard se sont illustrées  vendredi soir avec un concert  exceptionnel qui mérite d’être salué à sa juste valeur. En effet, il est très rare d’entendre en Occident de la polyphonie traditionnelle russe féminine tant  l’empreinte  des chœurs liturgiques d’hommes, certes fort beaux et majestueux font de l’ombre à cette expression si pure et délicate de la tradition vocale spirituelle des chœurs féminins.

Uzorika est un ensemble à géométrie variable formé généralement de six interprètes et qui se présenta jeudi à trois virtuoses : Varvara Kotova formée depuis son enfance au sein du groupe Sirin, digne émule de son père Andrej Kotov un des grands ethnomusicologue russe, Varvara Sinitsyna a la voix de soprano d’une incomparable ductilité et Natalia Romanenko au timbre chaud et moiré.

Une polyphonie traditionnelle mais savante
Les trois protagonistes sous la direction de Kotova  ont choisi un programme d’une intense émotion musicale.  Une quinzaine de chants soit en russe ancien de style  Znamenny ou  Strtochnoy. Un florilège de monodies complexes,  laissant éclore une polyphonie subtile ample frôlant parfois  l’atonalité.

Cette musique si spécifique à l’âme russe pieusement recueillie et transcrite s’ouvre sur des  émotions inouïes pour nos oreilles occidentales. Les  interprètes ont émues pour trois raisons essentielles. D’abord par la maîtrise de l’intonation (les trois voix s’exprimant avec une justesse admirable). Ensuite par la  technique vocale (émission parfaite, tenue vocale superbe, virtuosité  évidente des passages solistes). Enfin et surtout par  les variations de couleurs des voix à l’intérieur de chaque chant.  Evitant à cette musique  strophique de tomber dans la monotonie (puisqu’il n’y a pas de développement.) On peut regretter, par ailleurs, le saucissonnage par les applaudissements de chaque morceau interrompant la continuité  émotionnelle.

Un hommage aux voix féminines
Ce qui a séduit le public (très nombreux et attentif) c’est aussi la présence de ces  femmes qui, sans effets extérieurs, avec une grande humilité, sans recherche démagogique des effets, ont défendu cette esthétique musicale ancienne.

Elles chantaient dans leur arbre généalogique et descendaient ainsi  au plus profond de l’interprétation, jusqu’aux racines d’une tradition nationale  en voie de disparition. Je ne peux m’empêcher de penser, à ce sujet,  à la réflexion de Jean Jaurès sur l’esprit national qui disait : « En profondeur,  les racines d’une expression nationale rejoignent d’autres racines d’autres peuples et donnent,  grâce à l’authenticité, une forme  à la fois commune et diverses à la fraternité ». De nombreux applaudissements accompagnèrent le départ des interprètes après un bis bien choisi. Le public quitta à regret ce lieu magique tout empreint de la magie de cette musique précieuse, à la confluence de la beauté et de la sérénité recueillie et partagée.

Jean-François Principiano

Dans la suite du festival signalons les prochains concerts :

Samedi 20 juillet 21h l’Ensemble Cinquecento pour la célèbre messe de Guillaume Dufay, l’homme armé

Lundi 22 juillet 21h The curious Bards place de la Mairie du Thoronet chansons et airs à  danser d’Irlande et d’Ecosse

Mardi 23 juillet 21h l’Ensemble Gilles Binchois dans Le Printemps de Claude Le Jeune.

Ce Festival, magnifique fleuron de la culture varoise honore la politique culturelle du Département. Il est aussi  riche que nécessaire grâce à la  personnalité de son directeur artistique Dominique Vellard, à l’efficacité de Maxime Vagner ainsi qu’à  toute une équipe de bénévoles fière de faire partager aux mélomanes et aux touristes son patrimoine, liant social incomparable.

Infos et réservations 06 76 02 79 40 contact@prodigart.org

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