Le patronat varois au bord de la crise de nerfs par René Fredon

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Sans que personne ne nous ai rien demandé à ce jour, le 24 janvier 2019 pour respecter le droit à l’oubli numérique, nous rendons anonyme l’article où il est fait référence à une condamnation définitive d’un acteur majeur du tissu économique varois. Le nom supprimé est remplacé par des ……. Ça ne rend pas la lecture moins croustillante. Toujours aussi élégant, ce texte c’est un peu « Ceinture et cravate », ……. le chic varois !

Le patronat varois au bord de la crise de nerfs

Que ce soit à l’Union Patronale du Var, adhérente au MEDEF ou à la Chambre de Commerce une certaine inquiétude, pour ne pas dire malaise, persiste depuis la condamnation définitive en appel, en juin 2012, à un an de prison avec sursis et trois ans d’inéligibilité du vice-président (à l’époque) de la commission des marchés de la CCI, ……., également président de l’UPV depuis 1995. En 2002, Hubert Falco en avait fait le président du conseil de développement de TPM.

Il « démissionne » -forcément puisqu’il y est contraint par sa condamnation- de sa fonction à la CCI en août 2013, après avoir été réélu président de l’UPV ……. pour un 7è mandat, à l’unanimité ! Pas rancuniers ni exigeants, ses pairs !

Magnanime, il renonce au pourvoi en cassation « pour ne pas engorger les tribunaux… » Il ne manque pas de souffle ! Il croit avoir trouvé la parade : son inéligibilité ne concerne pas un mandat privé, comme celui de l’Union patronale du Var. Un collège électoral restreint, trié sur le volet lui a renouvelé sa confiance.

Cette situation ne semble guère émouvoir les instances du patronat varois, ni le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie, Jacques Bianchi, élu jusqu’en 2016, un proche de …….. L’institution s’est trouvé mêlée à une affaire gravissime de marchés truqués dont l’instruction aura duré six ans, dans laquelle il y a eu mort d’homme et reconnaissance de la responsabilité d’un de ses vice-présidents, parmi d’autres condamnés. Un accident de parcours. On garde les mêmes.

Le malaise n’en est pas moins réel.

Dans une interwiew du 20 mai 2013 (à la veille de la réélection de …….), le président régional du MEDEF, Stéphan Brousse, qui l’avait détrôné de la présidence de l’UP régionale et du MEDEF PACA en 2010 déclarait ceci : « Est-ce que vous croyez que, dans le Var, il n’y a personne capable de remplacer ……. , au point qu’il se sente obligé de se présenter pour un 6e mandat ? Cela ne vous pose pas de problème ? Je suis contre de tels comportements… » faisant observer que lui-même n’avait fait qu’un mandat dans les Bouches-du-Rhône et un seul au niveau régional.

Il devait également fustiger le fait que l’UP du Var soit l’une des rares à intégrer la CGPME : « Est-ce que ça existe la CGPME PACA ? Bien sûr que non. C’est l’UPV qui décide…le président de la CGPME PACA, il prend ses ordres dans le Var. Point final. »

Comment, dans le Var, une telle affaire de marchés truqués impliquant notamment la Société Marseillais de Sécurité et la CCI du Var pour l’obtention du marché de l’aéroport de Toulon-Hyères, n’a-t-elle pas débouché sur un grand nettoyage, ce qui d’ailleurs, est la spécialité professionnelle de ……. ?

Ne serait-ce que pour que l’image de l’instance patronale varoise n’en soit pas écornée ainsi que celle de sa succursale, la CCI dont les présidents se décident à l’UPV.

Quelle légitimité peut avoir un vice-président de la commission des marchés reconnu coupable d’avoir participé à l’attribution d’un marché public truqué ? Même question pour tous ceux qui en ont eu connaissance en amont comme en aval. On ne peut s’en sortir par une pirouette du style : « la décision est injuste…la condamnation ne me vise pas personnellement… » comme le disait ……. dans la presse locale du 28 août 2013.

Le discrédit qui pèse sur tous les décideurs politiques, économiques, financiers s’en trouve renforcé. D’autant que pas une voix ne s’est élevée du côté des politiques en place, du patronat varois, de la préfecture. Il est vrai que la France et le Var en particulier baignent dans une ambiance délétère où les scandales à répétition font l’actualité en même temps que gouvernement, opposition et patronat se disputent pour savoir lequel est le plus « réformateur », mais dans le même sens : toujours plus d’austérité pour les victimes de la crise.

L’image que donne le patronat varois n’est qu’un des reflets de la décomposition politique et morale de notre société qui se détourne de ceux qui exercent les responsabilités, à tous les étages.

Serait-ce si banal ?

Cet épisode de la réalité d’une des fédérations patronales les plus puissantes est connu depuis longtemps des hautes sphères du MEDEF, de Parisot à Gattaz, en passant par Seillères qui s’en accomodent fort bien et ferment pudiquement les yeux, laissant les « locaux » régler leurs problèmes internes sans avoir à les désavouer publiquement.

Au nom de la… »démocratie » qui règne dans les instances du patronat…et d’une éthique assez particulière ? Parlons-en, il suffit, grâce notamment à internet, de recenser les propos et écrits des uns et des autres, sur cette affaire, sans revenir en détail sur la genèse du procès, intéressante à plus d’un titre par ailleurs.

Comme ce fax confidentiel émanant de la SMS, trouvé par ……. dans son porte-document, alors qu’il n’en aurait pas été le destinataire et dont il a dit ne pas connaître le contenu, quelques heures avant que la commission d’appel d’offres décide de l’attribution du marché…à SMS.

Ou encore ses rencontres avec Antoine Nivaggioni (assassiné le 18 octobre 2010 à Ajaccio), gérant de la SMS et Jean-Claude Nativi, gérant de 2003 à 2007 qui avait écopé de quatre ans de prison dont deux avec sursis. De simples rencontres de courtoisie avec l’homme le plus influent du Var dans le domaine économique qui distribue 800 mandats patronaux. (l’Express, UPV : le « maillage » des patrons, 24/01/2002).

Il ne s’agit pas d’acharnement sur un homme ni d’immixtion dans le fonctionnement interne de la CCI ( établissement public qui perçoit des fonds publics), mais « la société a le droit de demander compte à chaque agent public de son administration » (art 15 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen).

C’est ce qu’a rappelé la justice. Il est pour le moins surprenant que l’instance départementale du patronat varois ait renouvelé sa confiance unanime à un président reconnu coupable de violation du code des marchés publics, autrement dit de participation active à un trucage d’appel d’offres. C’est même assez surréaliste !

Serait-ce si courant et donc si banal que « d’arranger » un appel d’offres pour attribuer un marché à un candidat préalablement choisi et très persuasif ?

Une goutte d’eau dans l’océan des scandales politico-économico-judiciaires qui font l’actualité quotidienne et qui ne surprennent plus personne. La Cour des Comptes pointe-t-elle la fraude patronale aux cotisations sociales : 20 à 25 milliards qui manquent dans les caisses. Passons à autre chose. L’évasion, la fraude fiscales…mais voyons, c’est de l’optimisation fiscale, la taxe sur les transactions financières, très bien mais plus tard, tous ensemble…

Quant au lobbying, il est entré dans les moeurs depuis longtemps. Il ne fait pas dans l’humanitaire. La pression sur les décideurs ne cesse de monter en puissance, quitte à s’éloigner notablement de la morale et du respect des lois. Il n’y a que le résultat qui compte, concurrence oblige. Dans cette affaire on était au-delà du lobbying…

Cela renvoie les leçons de civisme et certains patrons à leur propre miroir.

Cela ne vaut sans doute que pour une minorité mais le Var, la Côte d’Azur, abondent d’affaires et de pratiques troubles mêlant personnalités de la politique, du monde économique, de celui des affaires et des trafics en tous genres.

Raison de plus pour être plus en alerte et plus exigeants vis-à-vis des hommes publics, particulièrement de ceux qui servent avec zèle des intérêts privés.

René Fredon

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