Le Conseil Scientifique craint des hôpitaux débordés !

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Dr Vincent carret

par le Docteur Vincent CARRET
La « note d’alerte » transmise au gouvernement souligne l’« Urgence d’agir » pour contrôler l’épidémie

Une de plus !
Toutes ces alertes qui alertaient depuis tant d’années, ne se sont pas trompées …

Sans attendre cette nouvelle poussée du Covid-19 (ou ses suites) et déjà début Septembre, il fallait pousser les murs dans nos hôpitaux pour trouver des lits, sans compter le personnel en renfort difficilement « trouvable ».

Sans attendre le Covid-19, en ces périodes hivernales qui arrivent, trouver un lit de Réanimation dans le VAR et autres territoires, est un combat depuis des années et les SAMU Centre 15 sont obligés de transférer des malades de Réanimation hors département vers les bouches du Rhône ou les Alpes Maritimes par défaut de capacité de réanimation dans le VAR … Ce n’est pas nouveau … et la problématique connue de tous !

Rien n’a changé, dans l’hôpital pensé et voulu à « flux tendus », qui étouffe et cherche de l’air en permanence, sans souplesse ni capacité d’extension ou d’adaptation pour faire face aux situations exceptionnelles, le moindre grain de sable au quotidien fait basculer tout un système dans la crise et la crise ou les crises ne sont pas dans les logiciels ni l’ADN de nos Administrations Françaises, ni de la « Culture » de notre société, la preuve !

«  Choix complexes et difficiles » dit la note d’alerte.
« La situation est grave » estime le Professeur Philippe JUVIN, Chef de Service des Urgences de l’hôpital Européen Georges-Pompidou  sur France Inter.

La « note d’alerte » transmise au gouvernement souligne l’« Urgence d’agir » pour contrôler l’épidémie. Cf Le Monde le 3 octobre 2020.

Pour le Conseil scientifique, « Tout retard se traduirait par la nécessité de mesures ultérieures plus fortes et de plus longues durées ». Pourquoi alertent-ils ?

Parce que la cohabitation des flux devient plus qu’une inquiétude, une hantise pour tous les responsables du secteur de la Santé et de tous les hôpitaux de France  en cette période d’automne et à l’ approche de l’hiver, périodes de tous les risques et de tous les dangers pour les services d’Urgence de France, hors Covid-19.

Les hôpitaux et CHU de France ne connaissent pas le conflit RAOULT / APHM . Leurs activités sont triples. Ils ne reçoivent pas que l’infectiologie et le Covid. Nous recevons certes le Covid, mais aussi toutes les Urgences habituelles ininterrompues qui restent prioritaires, les accidents de la route en hausse dans certaines régions en post confinement et les pathologies lourdes et chroniques en « effet retard et boomerang » comme les cancers en évolution et avancés.

Le mélange devient « explosif » pour nos structures et équipes qui commencent à vivre de véritables tensions en leurs murs. C’est logique et sans surprise pour personne. L’hôpital pensé et voulu en « Flux tendus » en est une contrainte chèrement payée par tous et une insouciance dans la protection de nos populations.

Pour cette raison et devant les « choix difficiles et complexes » reconnus par le Conseil Scientifique, les politiques sous la pression des événements et des réalités de terrain sont encouragés à se décider sans délai.

« Prendre des mesures dès à présents , fortes, et précoces, par anticipation dans un pays qui n’a pas la culture du risque, peut être difficile à accepter tant qu’il n’y a pas de crise visible. On ne peut pas toujours accepter de foncer droit dans le mur et de réagir toujours au dernier moment au pied du mur ou dans le mur ! Une deuxième vague avec un rebond de mortalité encore plus important ne serait admis par personne, surtout dans sa propre famille et un désastre sur le plan politique et de l’opinion publique ! »

« Nous sommes en guerre », six fois répétés par le Président de la République au vu de la perception de la situation antérieure. En situation de guerre des décisions radicales et violentes doivent être prises. Les soignants plus que personne devront être en première ligne de décisions non plus uniquement organisationnelles et médicales mais éthiques !

«  La dimension éthique » de certains choix avec des conséquences sur la mortalité directe ou indirecte induite à court, moyen ou long terme pour différentes catégories de la population se posera . Les médecins sous la pression et pour pallier aux conséquences des politiques de santé d’austérité et d’économies, qui ont désarmé l’hôpital public menées depuis trente ans, ne veulent pas avoir à choisir !

En l’absence de mesures fortes décidées actuellement par le gouvernement, comprises et acceptées par tous, dans une obligation de responsabilité individuelle et donc collective, les modélisations, en cas de non changements des comportements de la société, annoncent une saturation des capacités de lits de Réanimation au 1er Novembre 2020 !

Il n’y aura pas assez de place aux Urgences, en Réanimation et à l’hôpital pour tous !
Le drame pour TOUS , et les périodes de tensions inhabituelles que nous rencontrons depuis un mois au sein de nos services d’Urgences et pression modérée du Covid-19, pour l’instant, ( ce qui est encore plus inquiétant !!!! ) , serait de ne pas valider cette stratégie PROACTIVE de nos gouvernants . Ils n’ont plus le choix, d’autres choix.

Réagir, c’est être actif au dernier moment, trop tard, une fois dans le mur. Nous en connaissons et déplorons depuis des années et chaque hiver, hélas, les conséquences, nos malades en attente des heures durant sur des brancards couloirs des Urgences à « flux tendus » eux surtout le savent et le vivent.

Cette « note d’alerte » du Conseil scientifique qui craint le débordement des hôpitaux et leur saturation est aussi motivée par une surmortalité qui pourrait survenir dans les Ephad et l’incapacité des hôpitaux publics de les seconder et de pouvoir absorber leurs flux.

«  On n’a pas conscience que des gens de sa propre famille peuvent présenter un danger » , et pourtant ! Y compris chez les médecins et soignants avertis et des plus vigilants , cette conscience est de rigueur.et un poids

Dans ces temps de grandes inquiétudes , la seule et petite lueur d’espoir, si faible, réside dans « l’incertitude » de l’évolution d’une maladie émergente et que l’on ne connaissait pas où tout et son contraire ont été dit depuis des mois, y compris dans la cacophonie scientifique,  mais face aux incertitudes l’espoir est faible, l’anticipation et les contraintes POUR TOUS , restent au final l’unique espoir de faire front.

Les pressions et les contraintes sont POUR TOUS, elles le seront encore PLUS pour les SOIGNANTS en première ligne et au contact direct du virus. Nos familles, nos équipes et les soignants qui ont perdu les leurs pour DEVOIR être au front le savent plus que tous.

Et nous allons retourner au front …

Dr Vincent CARRET
Ancien Chef de Services des Urgences
Praticien Hospitalier
Membre du Directoire Chits
Responsable AMUF Toulon-la Seyne et VAR

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