La mémoire courte

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Christian Estrosi a été élu, le 18 décembre 2015, président du Conseil régional de Provence-Alpes-Côte-d’Azur.

Il a reçu des mains de son prédécesseur socialiste Michel Vauzelle (celui la même qui avait fait voter, en septembre 2015, une délibération afin d’améliorer l’accueil des migrants et réfugiés dans les communes de la région, avec notamment un fonds d’urgence doté de 3 millions d’euros), l’écharpe sang et or, aux couleurs de la Provence.

Dans son discours d’intronisation, M Estrosi a salué ses adversaires de gauche qui ont aidé à son élection ; il entendait être un président d’ouverture à gauche, rappelant que les socialistes ont fait le choix de se retirer pour faire barrage au FN.

Moins d’une année aura suffi pour que la mémoire du Président de Région s’altère, qu’il oublie ses engagements et renie ses propres affirmations en faisant voter, le 3 novembre 2016, une délibération anti-migrants, largement inspirée d’une motion préalablement déposée par le Front National qui, du coup, l’accuse de plagiat mais, n’en doutons pas, se réjouit de cette opportunité de pouvoir se faufiler dans un Conseil Régional qui ne lui avait accordé que 42 voix sur les 123 que compte l’assemblée régionale.

La différence entre les deux textes est plutôt mince : le FN engageait la Région à s’opposer au plan d’accueil des migrants et à supprimer les subventions aux associations d’aide aux migrants. La délibération votée n’aurait pas retenu ce type d’engagements.

Au-delà de ces différences affichées, il reste la réalité avec un texte prévoyant que les présidents d’exécutifs locaux «puissent s’opposer à l’accueil de migrants clandestins», promettant de soutenir les communes qui s’opposeraient par «tous les moyens légaux à l’établissement de mini jungles de Calais» et ne disant rien d’une triste réalité à savoir, la suppression de nombreuses subventions autrefois attribuées aux associations d’aide aux étrangers et aux migrants et la forte diminution des crédits destinés aux organismes dispensant des cours de langue française alors qu’il serait nécessaire de maintenir voire, d’augmenter leurs capacités d’intervention pour aider les personnes, jetées hors de leurs pays par la guerre, la faim, les persécutions.

Si en perdant la mémoire, le Président de la Région Provence Alpes Côte d’Azur pense nous faire perdre nos convictions, notre croyance en l’humanité, nos valeurs, il se trompe. Lourdement.

Il se trompe d’autant plus que des centaines, des milliers de personnes – associations, collectifs, simples citoyen-ne-s -, dans cette belle région, se mobilisent aujourd’hui pour accueillir dignement celles et ceux qui, contre leur gré, ont fui le plus souvent la mort.

(Voir le Collectif, migrants dans le Var – Contact : collectif-migrants83@laposte.net)

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