Transition énergétique : avec le froid les allemands et les suisses à la rescousse ! il ne faut pas se tromper.

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Transition énergétique : avec le froid les allemands et les suisses à la rescousse ! il ne faut pas se tromper.

Depuis des mois, des années, les responsables politiques et médias associés nous disent que notre pays a l’électricité la moins chère d’Europe, la plus abondante, et qu’il faut préparer l’avenir en se séparant le plus rapidement de toutes les centrales thermiques (fioul, gaz et charbon) et de certaines centrales nucléaires puisque les énergies renouvelables sont là pour prendre le relais. Je n’arrête pas de dire et d’écrire que ce n’est pas si simple, qu’il y a des questions de prix, de réseaux et de disponibilité car le solaire et l’éolien sont des sources intermittentes. Qu’à cela ne tienne, nous avons une loi de transition énergétique que le monde nous envie et nous sommes le pays moteur de la guerre contre le réchauffement climatique !

L’hiver 2016/2017 arrive et pour des raisons de sécurité certains réacteurs nucléaires sont à l’arrêt pour un temps indéterminé tandis que les pouvoirs publics s’honorent d’avoir arrêté plusieurs centrales thermiques, tout en regrettant de n’avoir pu toutes les fermer pour donner l’exemple au monde entier. Il est vrai que l’on nous inflige le chiffre de 48000 morts chaque année en France dus aux émanations des hydrocarbures. On ne sait pas d’où sort ce chiffre, on ne connait pas les morts, mais il est utile pour éradiquer ces horribles pollueurs fossiles.

Mais la peur a changé, on ne craint plus les morts pollués, mais les morts de froid sans électricité, et l’on peine à démontrer que nos réseaux vont continuer à être alimentés malgré l’indisponibilité de nos installations. Pendant le même temps, sans faire trop de bruit, nos voisins allemands et suisses ont été précautionneux en poursuivant leurs programmes de combustibles fossiles pour ne pas être pris de court. Nos amis allemands, tout en arrêtant des centrales nucléaires et en appuyant sur les énergies renouvelables ont ainsi construit ces dernières années des centrales à charbon et même à lignite, ce combustible hyper polluant tant décrié. Au mois de Juin les prix « spot » de l’électricité étaient à 30 euro le Mwh , tout au long de l’été les annonces des fermetures des centrales nucléaires françaises ont fait grimper ce prix, jusqu’à 155 euro le Mwh vendredi 4 Novembre 2016 pour atteindre Lundi 7  Novembre 900 euro le Mwh ! Qui sont les vendeurs ? Les allemands et les suisses. Qui sont les acheteurs ? les français ! Il y a de quoi pavoiser ! Haro sur le thermique et voilà le résultat !

La politique énergétique de notre pays n’est pas un jeu politique ou politicien, ce n’est pas non plus l’objet d’une communication « plus écolo que moi tu meurs », c’est la rencontre d’une vision de l’avenir et des réalités. Nous n’avons pas voulu approfondir la vision et nous nous sommes refusés à regarder le monde réel. Si l’on peut rêver d’un avenir à long terme d’énergies renouvelables non polluantes et économiques, nous n’en sommes pas là, le chemin sera long, couteux, nécessitera encore beaucoup d’efforts scientifiques, techniques et industriels avec des modifications énormes d’infrastructures et de modes de vie. La coexistence de toutes les énergies, fossiles, nucléaires, et renouvelables va perdurer, et tout ce que nous pouvons faire c’est modifier dans certaines parties du monde l’équilibre actuel pour diminuer les effets néfastes de telle ou telle solution. Le rêve de l’avenir n’interdit pas, bien au contraire, le réalisme, il permet de tracer la route à partir de ce que l’on sait et de la modifier dès que des résultats probants permettent d’accélérer. Nous avons voulu condamner le thermique trop tôt, nous avons cru que les intentions et les annonces suffisaient, que les coups de menton bousculaient le réel, et nous avons pris sur la tête les 900 euro le Mwh du 7 novembre 2016. Imaginez que 20% des français, culpabilisés, aient opté pour les véhicules électriques depuis quelques années ! Les centrales thermiques allemandes et suisses auraient-elles suffi ?

Il est temps dans notre pays et dans notre expression extérieure à propos des autres pays  de revenir à la raison et d’arrêter de considérer la planète comme une annexe de Paris intra-muros.

Le charbon, disponible dans un grand nombre de pays, va continuer à être exploité. Le fait de conserver quelques centrales à charbon chez nous et de continuer à investir dans la diminution des pollutions et le remplacement d’une partie du charbon par de la biomasse est plutôt une bonne nouvelle car cela peut permettre de montrer le bon exemple à des pays très consommateurs et très pollueurs. Si l’Inde, par exemple, au lieu de multiplier les poêles à charbon individuels, arrivait à concentrer l’utilisation de ses réserves dans des centrales électriques à haute température, c’est 4/5 de la pollution et du CO2 qui disparaitraient dans cette région du monde !

Les centrales électriques au fioul sont, sans doute, la pire manière d’utiliser le résultat du raffinage du pétrole, et celui-ci devrait être réservé à des usages plus nobles. Le remplacement, dans les principaux pays, des centrales thermiques à charbon et à fioul par des centrales à gaz diminuerait de moitié les émissions de CO2 et conduirait à la satisfaction des objectifs recherchés par les « sauveteurs de la planète ».

Plutôt que de condamner et de vouloir éradiquer, si l’on se contentait de rationaliser et de faire bénéficier tous les pays des avancées techniques et industrielles, ce qui fait l’objet d’annonces tonitruantes et d’assemblées polluantes pourrait être obtenu en tenant compte des réalités de chaque pays, de chaque territoire, de chaque village. Il faut revenir aux principes de la conférence fondatrice de Stockholm de 1972, « think globally, act locally », Paris n’est pas le centre du monde ,(heureusement !)

Si le 7 Novembre 2016 pouvait être retenu par nos stratèges de tous horizons comme le point de départ d’une nouvelle approche des réalités avec moins d’arrogance et moins de certitudes, ce serait une bonne nouvelle pour notre pays, pour nos territoires qui souffriraient moins et peut-être pour le monde entier qui respirerait mieux avec moins de donneurs de leçons.

Loïk Le Floch-Prigent

 

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