Le président du club pro de basket, Christian Giannini est enfin sorti de son silence pour récuser les accusations portées contre lui par les élus maires de Toulon et d’Hyères, président du conseil départemental (VM du 8/7/18), principaux financeurs du club pro depuis 28 ans.
Il affirme que les subventions publiques au club et à la section pro ont été légalement réparties et qu’il n’y a aucun détournement de fonds, que c’est la transparence la plus parfaite.
Il conteste les chiffres répartis entre le club (association sportive) et la section pro (société à objet sportif) : « Le budget de la SAOS pour 2017 est composé d’environ 1,3 million d’euros de financement public sur un budget de 2,1 millions d’euros, soit 61 % de financement public et non 80 %, 580 000 euros de subventions étant directement versés à l’association…
…Au cas présent, l’intégralité des subventions versées a bien été affectée à des missions d’intérêt général et n’ont en aucun cas servi au financement de la ligue professionnelle. »
Il dit avoir fourni tous les documents nécessaires à l’encaissement de ces subventions, ce qui a été approuvé par un commissaire aux comptes, dit-il.
« … les autorités auraient découvert un déficit de plus d’un million d’euros, de même que l’existence de dettes importantes de l’association à l’égard de la SAOS, dette antérieure à mon arrivée, et visée par un jugement public rendu par le tribunal de commerce de Toulon en 2014. »
Le président de l’ex-club pro de basket en conclut ironiquement « sauf à considérer que les édiles ne se sont que trop peu intéressés au club au titre d’informations pourtant parfaitement publiques » et « ont accordé des fonds publics en contrariété avec la loi, et notamment les dispositions rigoureuses du Code du sport portant sur l’octroi de subventions. »
Voilà qui ne peut que mettre un peu plus de piment dans les relations pas vraiment amicales entre les parties engagées sur le terrain judiciaire, ce que l’on découvre à la faveur de ce déballage public après « l’enterrement » du club pro de basket, le seul de toute la région Provence.
Des arguments discutables
Les élus disent n’avoir pas su que le club pourrait même être rétrogradé en Pro B ? ce qui semblait couler de source très tôt dans la saison, les fidèles le savaient dès le début, car c’est la règle sportive normale et le HTV s’enlisait dans le classement. C’est vrai aussi dans le rugby ou le football. On réduit la voilure financière et on s’attèle en vue de la remontée.
Là non, ils apprennent que les droits sportifs du club-pro ont été vendus à un club parisien en formation, compte tenu du déficit accumulé (1,1 million pour les uns, 850 000 pour les autres). Pourtant le président Giannini disait, le 22/5/18 : »Le HTV doit rester ici! Je serais surpris que le club parte à Paris car nous n’en avons jamais parlé. L’investisseur a même demandé à Philippe Legname de s’assurer qu’on ait les mêmes subventions l’an prochain. Il était prêt à injecter 1,3M€ pour remonter directement en Pro A. Ou alors il y a eu des discussions dans mon dos… » (1)
Tiens, tiens, Philippe Legname aurait été chargé d’une mission auprès de l’investisseur américain du Paris Basket Avenir ? Lui qui est salarié du club mais aussi directeur général du HTV, administrateur de la SAOS et bougrement influent car membre du comité directeur de la ligue nationale de basket et de la fédération française de basket-ball. Quel en fut le résultat ?
C’est incontestablement, l’une des chevilles ouvrières du basket dans le Var et dans la région. Et singulièrement du HTV.
Le 20 janvier 2018, il réagissait, dans Basket-Europe (2) à la sanction infligée au HTV : 3 matchs déclarés perdus par l’équipe pour des raisons de situation financière du club !! Les joueurs ne comprenaient pas qu’ils payent pour des raisons de gestion financière de leur club.
Les élus étaient au courant, ils ont même écrit au président (avec AR) pour en savoir plus sur la situation financière du club et l’utilisation des fonds publics. Pas de suite.
La réponse du berger à la bergère n’a pas tardé. Trois jours après (VM 11/7/18), Hubert Falco et Jean-Pierre Giran sont repassés à l’offensive sur l’opacité, la vente du club le plus subventionné (80% a-t-il maintenu) de la pro-A (ce n’est pas forcément un argument de bonne gestion), le salaire de Philippe Legname « approuvé par la fédération » et qui n’aurait pas travaillé que pour le HTV ?
Comment ? Depuis le temps qu’il est au club et même directeur général du HTV, les élus auraient ignoré sa situation salariale et ses responsabilités en dehors du club ? Un peu difficile à croire. Au fait, il percevait combien ? Le genre de détail que les contribuables ont le droit de connaître. Il est question qu’il intégre le club parisien à la même responsabilité ? Il aurait alors été juge et partie dans la transmission des droits en tant que représentant de la FFBB et directeur du HTV…
Le fond de l’affaire
Mais P. Légname ne doit pas servir de bouc émissaire. La situation du HTV découle d’une intervention très excessive des fonds publics (la moyenne des subventions publiques dans le fonctionnement des clubs-pro est de l’ordre de 20%. Ici 80 !! Ce n’est plus de la subvention c’est du mécénat…avec des fonds publics gérés ici par des élus, tous du même bord politique depuis trop longtemps.
Le contrôle des élus n’a pas été tatillon, c’est le moins qu’on puisse dire. C’est maintenant, beaucoup trop tard, qu’ils réagissent en chargeant ceux qui géraient directement le club et qui avaient pris la mauvaise habitude de se passer de l’avis de ceux qui le finançaient, pas de leur poche, de celle des contribuables.
Tant que ça va bien sur le plan sportif on ne fait pas de vague même en cas de déficit chronique. Mais quand ça se gâte, que les résultats de l’équipe sont mauvais, les sponsors, les annonceurs, les droits de retransmission, les spectateurs ne suivent plus, c’est la panique à bord ! La masse salariale toujours en inflation accentue le déficit. Les élus ne se doutaient de rien ? On ne les informait pas, disent-ils en choeur. Un peu court.
La justice aura à en juger et ça va prendre du temps vu la tendance à la baisse des effectifs et à la hausse du travail à effectuer dans des conditions dégradées. Et puis, il n’y a plus de club-pro à sauver…Seulement la vérité à connaître.
Il y aura donc prolongation dans cette affaire pleine de non-dits, de part et d’autre. Sachant que le HTV a été crée en 1990 et resté 10 ans en Pro B jusqu’en 2001 puis en Pro-A jusqu’en 2012, retour en Pro-B de 2012 à 2017…retour en Pro-A en 2017, avant liquidation : les contribuables pourraient-ils se faire une idée de l’ensemble des subventions publiques versées chaque année à la société HTV ?
Les élus leur doivent bien ça.
René Fredon
(1) https://www.basketeurope.com/livenews-fr/430109/christian-giannini-president-hyeres-toulon-le-htv-doit-rester-ici/
(2) https://www.basketeurope.com/livenews-fr/419287/appel-du-htv-la-reaction-de-philippe-legname-la-sanction-etait-demesuree/