Golfe de Saint-Tropez : L’usine des torpilles vendue à un promoteur immobilier !

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Cette vente, il en est question depuis plusieurs années : les sites militaires sont promis à d’autres destinations que l’industrie, surtout lorsqu’ils se situent en bord de Méditerranée comme l’usine des torpilles du golfe de Saint-Tropez, principalement sur Gassin, Saint-Tropez et Cogolin.

Le site couvre une superficie de 12 ha et près d’un km de front de mer sur Saint-Tropez. « Du gâchis que d’y fabriquer des torpilles… » entend-on de ci de là ? Surtout depuis que l’État a privatisé les arsenaux et réduit leur voilure, que la plupart de ses personnels font désormais partie d’une entreprise de droit privé, Naval Group, qui a succédé en 2017 à la transformation de la DCN en société anonyme en 2003 sous le sigle DCNS. L’État détient 62,49% du capital.

Les effectifs salariés sont passés de 1 200 (site de Saint-Tropez 900 + site de La Londe 300) il y a une trentaine d’années à 300 aujourd’hui dont une poignée à statut d’État en cours d’extinction. Pas seulement du fait des évolutions technologiques mais dans la recherche de « compétitivité », le mot qui permet de justifier toutes les délocalisations et les abandons de nos filières industrielles.

Ici comme ailleurs, ce sont des emplois très qualifiés qui disparaissent pour laisser place à un tourisme qu’il faut certes développer mais sans se départir de nos savoirs-faire, bien au contraire, tout en prenant en compte les nouvelles technologies et les défis qu’appelle la transition écologique.

Nous ne défendons pas la fabrication des torpilles, en soi. Le PCF milite pour la paix, pour le désarmement général et simultané en même temps que pour que l’État soit maître de nos productions d’armements nécessaires à notre défense nationale, tout en travaillant à leur réduction tant que la sécurité collective n’est pas assurée. On en est malheureusement encore loin.

Mais nous ne sommes pas pour que se développe un marché privé de l’armement qui pousse à la fabrication des armes et donc à leur vente et utilisation « librement » accessible à des fins mercantiles.

La France, pour sa défense, a besoin d’une torpillerie indépendante et autonome, sauf à dépendre d’une puissance étrangère et concurrente, d’autant que Naval-Group et le gouvernement se veulent fournisseurs d’armements et de tous les systèmes sous-marins (navires-équipements-armements).

Un accord a été passé avec l’entreprise italienne Ficantieri pour constituer une co-entreprise Fincantieri-Naval-Group avec la cession à Fincantieri de STX-Saint-Nazaire ( 3000 emplois). Le nouveau gouvernement italien fait trainer le projet initié par le PDG H. Guillou, une convention a été ratifiée à Rome en juin 2018. Nombre de spécialistes s’inquiètent car Fincantieri et Naval-Group ont des productions concurrentes, rendant illusoire leur co-entreprise prévue pour booster les ventes à l’export. Par contre cela peut justifier des réductions de doublons dans les études, recherches et productions, réduisant encore l’activité industrielle en France.

Voilà pourquoi nous défendons nos industries d’armements et l’emploi qu’elles génèrent. La désindustrialisation a fait perdre à la France sa capacité exportatrice et le savoir-faire de millions de salariés sacrifiés sur l’autel du profit privé maximum et le plus rapide possible, comme l’exigent les actionnaires. C’est ce qui a conduit à la crise que l’on traverse, qui s’amplifie et qui précarise des pans entiers de la société.

D’où la contestation sociale qui s’est exprimée tout au long de l’année 2018 entre autres depuis le 17 novembre à travers le mouvement des gilets jaunes remettant en question les choix politiques du gouvernement Macron, exigeant plus de pouvoir d’achat pour les plus défavorisés, les chômeurs, les salariés, les retraités, les jeunes, tous les revenus modestes devenus très insuffisants pour vivre dignement. S’y ajoute l’injustice fiscale qui favorise délibérément les revenus du capital.

Cette dictature de la finance mondialisée, c’est-à-dire du système capitaliste qui l’engendre, est la source même de la violence sociale qui s’abat sur nos sociétés. Et pas qu’en France.

Désindustrialisation et spéculation

C’est ce que dissimulent le pouvoir, les médias, les leaders de tous bords…à l’exception de trop rares analystes et militants -dont les communistes- comme si le capitalisme et son évolution vers la financiarisation de l’économie, synonyme d’austérité pour les peuples, constituaient un horizon indépassable et qu’il fallait se contenter d’en atténuer les effets sans toucher à leur cause.

La vente de l’usine des torpilles illustre par ailleurs la nature des choix de ce gouvernement à travers l’opération immobilière privée qui se prépare sur un terrain de l’État à des fins forcément mercantiles et passant outre toute concertation avec les élus et les populations locales. Seul le maire de Cogolin a fait savoir qu’il ne s’opposerait pas à la vente.

Comme l’a rappelé madame Waniart, maire de Gassin, le 12/1/19 lors de la cérémonie des voeux, en présence du directeur de l’usine : « nous nous battrons pour faire reculer les projets immobiliers ou d’investissements obscurs…j’avais encore la naïveté de croire que l’intérêt général primerait sur le pouvoir de l’argent…et que nous pourrions préserver ce site et protéger son environnement… »(1)

Trois jours après la vente du 19 décembre 2018, le directeur de l’usine de torpilles, Damien Raby ne révélait ni le nom des acheteurs, ni le montant de la vente (VM du 22/12/18). Il ne donnait que l’évaluation des Domaines : 38 millions d’euros ! Ce n’est qu’après les fêtes que l’on connaissait l’identité des acquéreurs, les frères Wajsbrot de Metz, des promoteurs immobiliers qui auraient fait la meilleure offre : 50 millions d’euros. Seulement il y a quelques conditions suspensives.

Concernant les 12 hectares sur Gassin, il faut rappeler qu’ils sont terrains militaires ce n’est pas M. Raby, le directeur local, qui les vend c’est le directeur de Naval Group, Hervé Guillou, mandaté par la ministre des Armées F. Parly car seule la ministre peut autoriser cette vente, après déclassement des domaines et de la DTTM.

Ainsi, à partir des terrains publics de la  Défense mais aussi d’Edf, de la Sncf…, on assiste, à l’échelle du Var, à du détournement de biens publics qui nourrit les spéculations.

À Saint-Tropez, le chemin risque d’être long, compte tenu de la résistance que suscite ce double abandon : 1/ d’une activité industrielle (Naval Group prévoit de louer une partie du site pour poursuivre son activité pendant 8 ans !) 2/ abandon d’un site naturel exceptionnel à un promoteur pour bétonnage alors que les collectivités locales veulent le préserver !

En effet les élus de la communauté de communes du Golfe s’étaient positionnés fortement pour un maintien d’activités économiques technologiques sur le site, cette volonté étant actée dans le SCOT qui vient d’être arrêté.

Nous appelons tous les citoyens du golfe à se mobiliser pour faire échouer cette opération immobilière en vue et à exiger la poursuite de l’activité industrielle sur ce site, synonyme d’emplois préservés et à créer par la reconquête des missions utiles à notre défense nationale.

  NE LAISSONS PAS VENDRE À LA DÉCOUPE LE PATRIMOINE PUBLIC

Pierre Daspre
Secrétaire de la fédération du PCF

(1) https://www.varmatin.com/vie-locale/vente-des-terrains-dcns-a-gassin-le-maire-met-en-garde-naval-group-198738

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