Dadou, auxiliaire de vie : « il faut avoir du courage et du cœur »

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Dadou est auxiliaire de vie depuis cinq ans. Comme ses collègues, chez VAMADOM, elle se rend chez les bénéficiaires régulièrement, effectue entre 15 et 25 kilomètres chaque jour et travaille 35 h par semaine.

Mais derrière cette fiche règlementaire, il y a toute la démarche personnelle et humaine qui fait la spécificité de cette profession…
« Quand j’arrive, chez la personne qui m’attend, je commence par prendre des nouvelles, souvent je prépare un café que nous buvons ensemble, puis je m’occupe du matériel : faire le lit, passer l’aspirateur, faire tourner une machine. En principe, l’infirmière est passée avant moi pour la toilette et les soins. En dehors du personnel soignant, je sais que je suis la seule visite prévue, surtout en ce moment, avec le confinement. Mais, pour la plupart, la vie « confinée » est leur quotidien, avec ou sans virus ! Les enfants et les petits-enfants sont loin, ils travaillent… Alors, on prend les photos du temps passé, on raconte sa vie d’avant. C’est un moment de partage très important.  Avant de partir, je regarde ce qu’il y a dans le frigo pour éviter les « pannes » de livraisons qui arrivent, malheureusement. »

La valeur de la vie quotidienne
Il y a, chez les bénéficiaires, une majorité de femmes seules, quelques couples, et des hommes qui ont besoin d’une aide régulière à la suite d’un accident de santé. Tous sont conscients de la crise que nous traversons. Ils voient désormais Dadou avec un masque, des gants, une sur-blouse… On ne se fait plus la bise, on ne se serre plus la main…

« En règle générale, ils n’ont pas peur pour eux, mais pour leurs enfants et petits-enfants. Ils sont plus fatalistes que dépressifs et se tiennent informés grâce à la télévision. Les familles qui ne se déplacent plus, nous sont reconnaissantes. Le regard porté sur notre  «mission» a changé ! Alors, qui peut faire ce travail, parfois ingrat, parfois épuisant ? Celles et ceux qui ont une bonne expérience de la vie, qui sont solides psychologiquement, car nous pouvons être confrontés à la mort. Il faut du courage et du cœur.»

Dadou avoue qu’au début elle ne pensait pas « tenir » cinq ans. Aujourd’hui, elle se sent « utile » et pense même que cette crise épidémique aura, à terme, des effets positifs, au niveau individuel, mais aussi au niveau de notre société : « Prendre un café avec ses amis, embrasser ses enfants, se promener en respectant la nature, toutes les choses simples de la vie vont prendre de la valeur. »

Auxiliaires de vie : « elles méritent notre reconnaissance »
Depuis 2012, Olivier est à la tête de la société VAMADOM, à Toulon. Il organise, au quotidien, le travail d’une cinquantaine d’auxiliaires de vie, certaines à temps plein, d’autres à temps partiel. Si le terme est employé au féminin, c’est que les hommes sont rares, dans cette activité, mal reconnue, mal payée et, pourtant, en première (ou deuxième…) ligne aujourd’hui…

«En temps normal, je travaille avec une cinquantaine de salariées. Mais aujourd’hui, avec l’épidémie, certaines sont obligées de rester à la maison pour garder les enfants, d’autres craignent de contaminer leur famille. Il en reste une trentaine qui ont toutes décidé de continuer, car elles savent que les personnes qu’elles aident au quotidien, n’ont parfois pas d’autre solution. Je les en remercie tous les jours, d’autant qu’elles font passer leur crainte légitime, après leur travail. »

Protection et conseils pratiques
Les bénéficiaires étant, en majorité, des personnes âgées, Olivier sait qu’il a des responsabilités dans la protection de ses salariées, comme de ces hommes et de ces femmes qui ont choisi de rester chez eux, malgré la maladie, le handicap, l’âge…

L’aide à domicile, c’est un peu « l’Ehpad à la maison ».
Nous avons été les derniers servis au niveau des masques, mais aujourd’hui, nous disposons de toutes les protections règlementaires et comme j’avais anticipé sur les commandes de gel hydro-alcoolique,  je sais que toutes les précautions sont en place.  Je suis au bureau tous les jours, de 7 h à 19 h : c’est mon rôle, de répondre aux questions, d’informer, à partir des messages que je reçois de l’ARS (Agence Régionale de Santé). C’est mon rôle aussi de les écouter, d’accepter l’expression de leur angoisse… J’ai d’ailleurs adhéré à un service d’aide psychologique par téléphone. Car il n’y a pas que le virus qui fait peur : que sera l’avenir, pour elles, pour leur conjoint, pour leurs enfants ?… »

La conclusion d’Olivier, pourtant, est optimiste :
« Je pense que nous en sortirons plus unis, plus solidaires ».

Nicole FAU

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