Par Yann Bizien
Nous étions confortablement installés dans une société hédoniste, une société libre, insouciante et de l’abondance. Avec les attentats terroristes, des inondations et des incendies plus fréquents et plus violents, et aujourd’hui avec l’épidémie du COVID 19, nous sommes rentrés dans une société plus incertaine, plus dangereuse, celle du risque permanent, d’une société angoissée, bloquée et affaiblie.
Depuis la fin du mois de mars, avec un collectif de professionnels de Santé et de citoyens, nous voulons favoriser l’ouverture d’un centre de dépistage du COVID 19 sur la ville de Cuers. En anticipant ce besoin sanitaire essentiel, nous nous étions élevés de façon responsable au niveau d’un enjeu vital qui est simplement celui de tout faire pour préserver la vie humaine.
Dans le contexte délicat de l’entre-deux tours des élections municipales, et dans le but de ne pas politiser cette ambition, notre collectif a tenu en à informer directement, par téléphone et par e-mail, le Directeur général des services de la commune de Cuers le 1er avril dernier. Notre échange téléphonique avait pour but de rechercher un site pouvant accueillir ce centre de dépistage sur la ville de Cuers. Nous avons alors reçu une première réponse laconique et peu motivée qui mettait en avant « des contraintes de mise en place qui nécessitaient une réflexion au niveau intercommunal et l’adhésion des Maires concernés ». Puis, plus rien ! En pleine crise, nous avons constaté que notre commune restait installée dans sa routine et ses divisions.
Faute de prise en main sérieuse de ce dossier par les élus de Cuers, et devant l’urgence, notre collectif a décidé de créer le 15 avril une association Loi 1901 à but non lucratif et reconnue d’utilité publique. Sa seule ambition est de faciliter la mise en place d’un centre de dépistage à Cuers à la disposition d’un Laboratoire et des soignants. Elle a recherché et trouvé très rapidement un terrain disponible grâce au concours du Conseil Départemental. Elle a déposé un dossier auprès de l’agence régionale de Santé et elle en a informé M. le Préfet du Var. Elle a également sollicité le concours d’un architecte pour concevoir un projet de centre de dépistage comportant plusieurs options de la plus simple, avec un Drive, à la plus ambitieuse pour un module complet comportant une capacité de dépistage par tests PCR et sérologique.
Ce projet a été officiellement porté à la connaissance de la Municipalité les 1er et 2 avril. Il a été traité tout à fait sérieusement par le service de l’urbanisme. Une réponse a été apportée par lettre signée par le Maire en date du 22 avril 2020 précisant que le projet pouvait être réalisé compte tenu de son aspect provisoire. Le lundi 26 avril, je sollicitais un rendez-vous auprès de notre Maire pour une demande de subventions en ma qualité de Vice-Président de CuerSanté. J’ai pu lui exposer une nouvelle fois en présence de l’élu de son choix tous les aspects de ce projet qui n’a qu’un but : élever le niveau de sécurité sanitaire de notre commune et l’adapter au besoin.
Nous avons vécu tout le mois d’avril la dégradation de la situation sanitaire du pays et nous allons à présent rentrer dans la période à risques très élevés du confinement.
Nous vivons dans la plus grande ville de l’Intercommunalité et la perception des habitants est que rien de bien n’a été fait pour eux durant le confinement. A ce stade, vous n’avez toujours pas reçu de masques de la part de la ville, et il n’y a toujours pas de centre de dépistage actif alors qu’ils fleurissent partout autour de nous…
Compte tenu des incertitudes nationales, du coût des travaux à réaliser, de la mise à l’arrêt de certains services publics et des entreprises, et de l’urgence, il est désormais préférable, de privilégier l’option la moins contraignante, la moins coûteuse, la plus facile et la plus rapide à mettre en place.
Cette option, c’est tout simplement le Drive sur un petit parking ou dans une contre allée avec une simple tente mise à disposition par les Pompiers, un balisage adapté par barrière, une signalisation et une vidéosurveillance. Ce Drive provisoire est prévu d’être adossé à un Laboratoire de proximité qui doit en prendre la responsabilité, comme dans l’ensemble des situations équivalentes, et en assurer le fonctionnement conformément à la Doctrine de l’Agence Régionale de Santé.
Depuis plus de 10 jours, CuerSanté cherche le dialogue avec la ville et multiplie les demandes de rendez-vous pour proposer cette solution qui met en place les conditions d’une collaboration utile, constructive et efficace entre la ville, le Laboratoire et notre association.
Ce matin, il n’est encore pas trop tard. Mais nous ne pouvons plus attendre. Il est encore temps d’accepter le réflexe d’unité et la solution la plus modeste. Face à l’enjeu sanitaire, les blocages ne sont pas recevables parce que les centres de dépistage font partie de la stratégie globale de lutte contre le virus COVID 19. J’ajoute qu’ils sont aussi une des conditions centrales du maintien indispensable de notre département dans les indicateurs verts. En effet, à partir du 11 mai, il y aura en France une recrudescence des échanges sociaux et donc un besoin de dépistage élevé pour détecter le plus vite possible les personnes infectées et leurs contacts afin de les soigner. C’est facile à comprendre, et à admettre !
Madame, Monsieur, chers amis, diriger une commune, c’est avant tout servir, c’est faire son devoir, c’est choisir, anticiper, prévoir, prendre des risques, décider, donner des impulsions, réaliser des ambitions pour la ville et ses habitants, et les protéger en s’attachant toujours à l’intérêt général sans jamais s’enfermer, ni dans la routine, ni dans les préjugés.
Je veux conclure en vous redisant que la ville de Cuers doit vous apporter des solutions, pas des problèmes. Elle doit agir, plutôt que de ne rien faire. Voilà pourquoi les blocages ne sont pas recevables.
Pour l’avenir, l’association CuerSanté continuera à solliciter toutes les compétences de ses membres et de notre environnement pour la mise au point d’un projet plus ambitieux venant en complément des moyens de secours de la Commune. Sa volonté est de mettre au profit du Laboratoire de proximité, des médecins libéraux et des soignants dans leur ensemble un outil pouvant faire face à des situations sanitaires graves qui peuvent se reproduire, selon une majorité de chercheurs.
Yann Bizien
Coordinateur du projet
Centre de dépistage de Cuers
Chargé de la fusion des informations
Vice-Président de l’association « Cuersanté ».
