Covid-19 : «  Nous n’étions pas prêts, Nous ne le sommes toujours pas ! »

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Dr Vincent Carret

par le Docteur Vincent CARRET
« Nous n’étions pas prêts ! …» Publie dans son Carnet de bord le Professeur Gilles PIALOUX … ( Chef de Service des maladies Infectieuses CHU de TENON)  

Face aux plans COM qui jetaient le trouble, il a consigné son vécu de soignant au front comme tous les soignants. Sa parole est libre, vraie et réelle. Elle est celle de nous tous.
«  Nous sommes prêts ! » était claironné par les hautes instances sur tous les plateaux TV et médias de France!

Hallucinante,  inconsciente et suicidaire stratégie de communication à faire tomber tous les soignants de France ! Par chance ils sont restés debout!

Combien de lettres, d’articles, de témoignages, d’interview, de « Une » de médias, d’émissions, de rapports, de textes de lois, de commissions d’enquêtes, de recommandations, de procédures, de directives, de normes, d’alertes, de drames, de conflits, de jours de grèves, de constats de rupture, de politiques d’injonctions contradictoires qui ont alerté sur la situation chaotique dans nos hôpitaux et nos services essorés par les plans d’économie et d’austérité financière?

Combien d’énergies déployées dans tous les hôpitaux et services d’Urgences de France depuis des années chaque début de mois de Septembre pour secouer et bousculer les systèmes établis et essayer d’anticiper les périodes de hantise, de débordements et d’impuissance que sont chaque hiver et leurs épidémies banales et classiques de simples grippes qui paralysent tout?

Pourquoi et comment tant de signaux accumulés n’ont-ils pas été reliés entre eux et suscités plus de décisions, de réalisations concrètes et de pragmatismes en écoute et respect du terrain?

Chaque année et depuis des années c’est la même rengaine !
Le Monde dans son évolution et ses secousses nombreuses nous impose pourtant depuis plusieurs années un devoir d’action et de réactivité à la hauteur des enjeux et des menaces qui se présentent.

Deux Nations au monde sont inscrites dans ce devoir et cette culture des menaces et des crises pour des motifs certes bien différents. Les crises y ont deux sens, celui du danger et celui de l’opportunité. Opportunité du changement, d’anticipation et de préparation, de prévention, pour chaque fois mieux répondre face aux événements et aux dangers. C’est une culture et un ADN. Israël et le Japon.

Nous n’avons pas cette culture. Notre culture du déni et de l’oubli une fois l’émotion passé est notre ADN.

« L’oubli est salvateur et permet de réparer les esprits à condition d’avoir tiré et retenu les leçons des drames » dit l’adage !

Par contre le défaut de vigilance et d’anticipation, le refus du prévoir se paie comptant ! Cash …et à quel prix !

«  Nous n’étions pas prêts » du Professeur PIALOUX  est le récit d’une sidération d’un système qui n’est que la continuité et la logique d’une crise engagée depuis onze mois ( et pour les Urgentistes depuis des années ) dans le mépris, le cynisme et le pourrissement d’un conflit très mal géré jusqu’à la rupture, une de plus, le drame et cette fois ci le cataclysme !

La sidération d’un hôpital public saigné et désarmé malgré les alertes, la sidération d’équipes soignantes confrontées aux injonctions contradictoires administratives permanentes et hors sol, au louvoiement de décisions politiques hasardeuses insouciantes pour pouvoir affronter les crises et à des pénuries surréalistes et déconcertantes.

Surtout ne pas être surpris ni étonné, aucun soignant de France ne l’ont été.

Trahis par la technocratie, les personnels soignants par devoir, par fierté, par mission, par courage, par devoir sont restés debout, là où tant de « responsables » et d’experts du passé sont restés aux abris, « responsables de rien et protégés de tout », et surtout jamais exposés au virus dans un de nos services de soins !

«  Nous sommes en guerre » annonce le président de la République ! mais avec une armée valeureuse et sans armes ou bien trop désarmée !

Au-delà des moyens, des drames et d’une certaine impuissance il en incombera jusqu’à atteindre nos consciences de citoyens et partout sur le territoire à interroger l’éthique face à certains choix où « l’intérêt collectif prime sur l’intérêt individuel et l’utilitarisme sur l’égalitarisme » écrit le Professeur PIALOUX. On ne saurait mieux définir la guerre !

«  Nous n’étions pas prêts, Nous ne le sommes toujours pas ! » renchérit ce Chef de service d’Infectiologie .

Ce Mercredi 20 Août 2020 sur LCI , au JT de 20h , le Professeur William DAB , ancien Directeur général de la santé, enfonce le clou, «  Nous n’avons toujours pas de STRATÉGIE claire, lisible et compréhensible par le pays dans son ensemble et sa globalité ».

Pour établir une stratégie il faut peut-être avant toute chose une autre culture.  Nous n’avons pas cette culture. Notre culture du déni et de l’oubli une fois l’émotion passé n’est pas salvateur car nous ne tenons pas compte des leçons à tirer.

Cette culture du déni, des plans COM « cache misère et cache austérité », arrivent comme beaucoup de secteurs et pans entier de notre société à bout du bout d’un système révolu et dépassé et impose à notre société de se réinventer.

Cette culture du déni et des plans COM sans actions et réalisations concrètes de terrain au plus près des équipes, des réalités et du pragmatisme doivent devenir un défi pour s’attaquer au déni.

C’est ce chantier qui nous attend maintenant et face auquel nous ne pouvons plus fuir ni renoncer.

Nous allons voir, maintenant et très vite, comment sont tirées ces leçons annoncées et promises par tous.

Dr Vincent CARRET
Ancien Chef de Services des Urgences
Praticien Hospitalier
Membre du Directoire Chits
Responsable AMUF Toulon-la Seyne et VAR

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