Coronavirus : confinement strict de la population

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« Nous sommes en guerre… » a martelé à six reprises le président de la République, haussant le ton pour justifier les mesures contraignantes que les Français.es doivent accepter au stade où se trouve l’évolution du coronavirus dans notre pays notamment.

crédit photo Préfecture du Var

Des mesures préconisées par le conseil scientifique pour enrayer la progression du virus et éviter la saturation des services hospitaliers. Avec l’aval de tous les groupes politiques, le second tour des élections municipales est reporté au 21 juin, la réformes des retraites et celle de l’allocation-chômage sont suspendues, comme l’avait été la privatisation des Aéroports de Paris dès le 11 mars. Mieux serait d’y renoncer.

Dès demain s’appliqueront des dispositions de limitation de nos déplacements qui devront être justifiées, au jour le jour, par une attestation sur l’honneur qu’il faudra montrer lors de tout contrôle des forces de police.

Il s’agit là de mesures d’exceptions temporaires qui portent atteinte à nos libertés fondamentales de nous déplacer et d’aller où bon nous semble, de recevoir et d’aller voir qui nous voulons, quand nous voulons … Ce n’est plus possible, pendant un temps certes limité mais sans pouvoir en fixer la durée. Tout repose désormais sur nos comportements.

Si la population en accepte le principe c’est qu’elle a compris l’extrême urgence de la situation sanitaire et l’absence d’une autre alternative pour y faire face.

Autre chose est la mise en oeuvre quasi instantanée et les différents niveaux d’adhésion à un tel dispositif et à tout ce qui va bouleverser nos habitudes quotidiennes.

On en a eu une petite idée dès mardi matin dans les grandes et moyennes surfaces où il fallait faire la queue parfois pendant plusieurs heures comme à Carrefour Ollioules, à un mètre d’intervalle, avant de pouvoir entrer dans le grand magasin qui venait d’ouvrir.

Les possesseurs d’une carte d’invalidité ne pouvaient pas éviter l’attente sous peine de se faire conspuer. Plus les clients arrivaient, plus ils s’en retournaient en voyant grossir la file d’attente ! Pensant que c’était le début et que ça s’arrangerait, l’information était récente.

Faisant partie des habitués du mardi, je me suis résolu à retourner au petit market de proximité : l’entrée principale était fermée, il fallait passer par le parking uniquement et entrer un par un au fur et à mesure des sorties, le flux était modeste. Sauf qu’à l’intérieur les rayons étaient vides : plus de viande, plus de beurre, de fromage, plus d’endives …etc et les prix, supérieurs à la maison-mère, avaient déjà pris « un coup de chaud »…

Pourtant, on nous dit qu’il n’y a aucune pénurie alimentaire mais visiblement beaucoup trop ne peuvent s’empêcher de stocker, la parole publique est tellement dépréciée et l’individualisme tellement au coeur d’une société libérale où l’on admire l’argent, les milliardaires et les premiers de cordée !

crédit photo AFP

Pas plus tard qu’hier, on apprenait que le groupe de luxe LVMH du milliardaire Bernard Arnault allait fabriquer « en grande quantité », dans trois de ses ateliers de production français dédiés à ses parfums de luxe, du gel hydroalcoolique…et le donnera aux hôpitaux qui en manquent cruellement !

On atteint le sommet du cynisme et du symbole : l’homme le plus riche du monde qui a pratiqué à grande échelle « l’optimisation » fiscale et privé son pays d’une partie des impôts qu’il aurait dû payer, vient au secours de l’hôpital public pour réhausser son image et sa communication. Faudrait-il s’incliner devant un tel geste … patriotique ?

Il y a une dizaine de jours, on nous montrait E. Macron et son épouse, tout sourire, nous dire, décontractés, qu’ils allaient au théâtre et qu’il fallait bien vivre.  Aujourd’hui changement de registre, c’est la guerre totale contre le virus et, en plus, on va même nationaliser de grandes entreprises au bord de la faillite vient de renchérir B. Lemaire : « la guerre économique et financière sera durable, violente... »! Et l’on voudrait qu’il n’y ait pas de panique ?

« Nationaliser » pour le gouvernement ce n’est pas une reconversion idéologique mais la socialisation des pertes des entreprises qui ne produisent plus. Quand elles seront de nouveau rentables, ils reprivatiseront à nouveau si on ne les en empêche.

crédit photo Le salon beige

Mais le pompon, c’est encore Trump, le danger permanent, qui a parlé de « virus étranger » et qui vient de déclarer : »C’est un virus très contagieux, c’est incroyable. Mais c’est quelque chose sur lequel nous avons un contrôle extraordinaire. » Lui, par contre, il est incontrôlable et à la tête du plus grand État !

Il aura fallu cette pandémie pour que le pouvoir prenne la mesure de la place irremplaçable que tiennent nos services publics hospitaliers. Il s’agit de leur donner les moyens qu’on leur a retirés au fil des années au nom de la réduction des dépenses publiques et ce, dans tous les domaines. Pour l’instant le compte n’y est toujours pas, loin s’en faut. Les bonnes intentions ne sauraient suffire. On touche du doigt les ravages qu’ont produits les politiques d’austérité et de privatisations à partir des années 80, renforcées depuis 2017.

Pour l’heure, il s’agit de faire bloc pour que les consignes de confinement soient suivies, dans l’intérêt de chacun. Pour qu’elles portent leurs fruits comme nous y invite le monde de la santé, personnels soignants en tête des risques à prendre et du sur-travail que cela entraîne et qui doit être compensé, pas seulement reconnu.

Plus on fera preuve de responsabilité et de solidarité, plus on réduira l’évolution du virus et plus on évitera la surcharge de nos hôpitaux publics et de leurs personnels.

René Fredon

 

 

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