Après la carotte d’Ecophyto I, le bâton d’Ecophyto II

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Après l’échec d’un plan Ecophyto I sur lequel l’ensemble de la communauté scientifique agronomique s’est cassé les dents, le ministre de l’Agriculture vient d’annoncer les détails d’Ecophyto II. Très sceptiques, la Coordination Rurale (CR) et l’Organisation des Producteurs de Grains (OGP) doutent fortement de l’exactitude du diagnostic de départ et de la stratégie déployée.

Nouveauté ne veut pas dire efficacité !
Alors qu’Ecophyto I reposait sur une formation diplômante délivrée à chaque agriculteur, Ecophyto II prend une tout autre orientation. En effet, l’inefficacité du Certiphyto ayant démontré que la compétence des agriculteurs n’était pas la cause d’une supposée surconsommation des produits, le nouveau plan qui s’obstine à réduire sans réfléchir, repose quant à lui sur un certificat d’économie de produits phytosanitaires (CEPP). L’objectif de réduction de 20 % imputée aux distributeurs de PPP se veut être atteint par la raréfaction des produits et des pénalités financières, répercutées in fine aux agriculteurs.

Cadre de réflexion biaisé, échec assuré
Lors d’Ecophyto I, les pourcentages de réduction fixés par le Grenelle de l’environnement étaient des chiffres « politiques » sans aucune approche scientifique. D’ailleurs, la première étude de l’INRA (janvier 2010), démontrait l’impossibilité d’atteindre les objectifs fixés à 10 ans d’échéance. Des économies étaient certes envisageables, mais elles ne pouvaient reposer sur la seule restriction d’usage des phytosanitaires. Le système cultural dans son ensemble devait être repensé.

Une réorientation indispensable
Aujourd’hui, la CR et l’OPG souhaitent ramener le débat de la consommation des produits phytopharmaceutiques au problème plus global des cultures.

  • Les conditions économiques actuelles sont catastrophiques pour les producteurs de grains et ce n’est pas une taxe supplémentaire pour les caisses de l’Etat (la vraisemblable finalité des CEPP) qui réglera les économies de chimie.
  • La panoplie de cultures qu’il est économiquement acceptable d’introduire dans nos assolements est trop restreinte. C’est dans le cadre de la PAC, avec une ouverture économique à d’autres espèces cultivées, que doit être menée la réflexion des phytosanitaires.
  • Une refonte du pseudo Plan protéines initialisé en 2015 est déjà à mener, avec des moyens économiques dignes d’un tel programme.

Max Bauer le Président de la coordination rurale de conclure : « Les « mesurettes » qui consistent à rogner quelques aides aux uns pour les répartir inefficacement aux autres ne peuvent constituer une base de notre politique agricole. »

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