Ce ne sont pas les 750 millions -sur 3 ans- de Mme Buzyn pour les hôpitaux au bord de la rupture, qui vont calmer les personnels en lutte depuis des mois. Cette aumône dérisoire est perçue comme une nouvelle provocation du pouvoir qui se refuse à augmenter les crédits, les effectifs et les lits supprimés au fil des années. Avec les conséquences que l’on sait.
Et l’on en sait quelque chose à l’hôpital-amiral Sainte Musse de Toulon, les « urgences » étant la partie la plus visible de l’iceberg. Ce sont non seulement les hôpitaux publics tous services confondus qui ne font plus face aux besoins mais tout notre système de santé et de protection sociale en plein démantèlement.
Le collectif santé, toutes professions confondues, a rejeté le plan Buzyn et décidé d’une mobilisation nationale le 24 septembre. Les sapeurs-pompiers s’y sont associés.
Très fortes inquiétudes pour ce qui est de l’Éducation nationale, de la Poste (les factrices et facteurs varois étaient en grève le 9 septembre : le courrier sera distribué plus tard en ville, des bureaux sont supprimés, les maires ruraux sont invités à financer des permanences postales), aux finances, manifestation CGT le 4 septembre, lors de l’inauguration du centre des impôts de La Seyne.
Idem de nos gares où, dans beaucoup, l’on ne vend plus de billets ou qui ferment, de nos lignes SNCF sacrifiées, de l’acheminement de nos colis, des tarifs qui flambent comme celui de la carte Zou, en région, passée de 15 à 110 euros ! Merci les LR aux commandes. On vend bien des aéroports et des autoroutes pour soigner les dividendes !
Dans le privé, pas un jour ne passe sans qu’on annonce une ou plusieurs fermetures d’entreprises aux quatre coins de l’hexagone mais à Toulon et dans le Var on serait les meilleurs « créateurs d’emplois » d’après son maire…alors qu’on est selon l’INSEE à 9,9% de taux de chômage, soit au-dessus de la moyenne nationale (8,7).(1)
Pour la CGT, il s’agit d’une rentrée combative, avec la préparation d’une riposte d’ampleur sur les retraites et plus d’une dizaine de dates catégorielles, interprofessionnelles, parfois intersyndicales, ainsi que pour le climat, rien qu’en septembre.
Avec la crainte d’un morcèlement des luttes et du risque de multiplication des pertes de salaires …En même temps que cela traduit une montée des résistances des salariés publics et privés, des professions libérales, des jeunes, des retraités, des agriculteurs…ce que le pouvoir redoute par dessus tout.
Quelques dates…
Prochainement des Gilets jaunes envisagent un rassemblement à Toulon, pour leurs revendications sociales et démocratiques et, ponctuellement pour la solidarité à l’égard d’Exarcheia, espace libre grec autogéré d’aide aux migrants, victimes de violences policières et de milices d’extrême-droite.
Le 16 septembre : manifestation pour le maintien des régimes autonomes de retraite, des avocats, médecins, kinés, personnels du transport aérien… à Paris et en province et le même jour , à l’appel des syndicats Solidaires, CGT, FO, CFDT, CFTC contre la réforme de leur administration, la direction générale des finances.
Une mobilisation des jeunes pour le climat, le 20 à Toulon. Le lendemain une autre pour la paix et le climat…
Le 21 septembre F.O appelle à une mobilisation nationale et locale pour le retrait de la réforme sur les retraites. La CGT a lancé pour le 24, une journée d’action interprofessionnelle à Paris et en province sur les retraites.
La CFDT, en revanche, serait plutôt vent faible. Elle observe, elle est centrée sur le rôle des CSE (comité social et économique) dans les entreprises et n’a pas lancé d’appels à manifester au plan national. Elle participe à des actions intersyndicales ponctuelles dans plusieurs secteurs. Elle compte sur les négociations pour faire avancer ses propositions. Sur les retraites elle n’est pas franchement hostile à l’esprit de la réforme, se contentant d’être « vigilante et de dialoguer avec ses militants ». Pas de quoi effaroucher Macron.
Retraite : chacun est concerné
Ce n’est pas encore l’heure d’un front syndical d’envergure. Cela n’empêchera pas les salariés et les citoyens les plus lucides de se sentir concernés par la gravité de la remise en cause de notre système de retraite par répartition qui, s’il a besoin d’être réformé, ne peut pas se traduire par « travailler et cotiser plus et plus longtemps pour toucher moins à la retraite, de plus en plus tardive ! C’est la baisse assurée du niveau de vie des retraités.es modestes. Ce sont les plus nombreux.
Autrement dit : le monde du travail continuera de voir sa contribution augmenter, contrairement à sa retraite tandis que celle du capital continuera de baisser…contrairement à ses profits ! Le gouvernement décidera de l’évolution du point de retraite, de sorte que sa valeur permette de limiter à 14% du PIB la part de la valeur ajoutée consacrée aux retraites.
Ainsi en ont-ils arbitrairement décidé : pourquoi pas 15 ou 16% si nécessaire ? Qui donc cela pourrait-il contrarier ?
Le manque à gagner du chômage, de la précarité et des bas salaires pèse à l’évidence sur l’équilibre financier du système, bien plus que l’allongement de la durée de vie qui est une chance pour chacun et pour la société. Pas une charge pénalisante…à condition d’en finir avec l’emprise de la finance qui pèse sur les « coûts » salariaux, des « coûts », ne l’oublions pas, qui créent les richesses dont une autre répartition s’impose. Les moyens existent pour financer de bons salaires et une bonne retraite.
Réformons dans ce sens ! Pas dans l’intérêt de la caste des riches.
Nous sommes la 7è puissance mondiale pour la production de richesses en 2019 et la 1ère pour le montant des dividendes distribués aux actionnaires.
C’est un droit pour chacun de vivre décemment jusqu’à la fin de sa vie. L’assurer ou non relève d’un choix politique des gouvernants et de leur majorité. Ils envisagent l’inacceptable.
René Fredon
(1) https://www.insee.fr/fr/statistiques/2012804
NB : Le samedi 14 à la Fête de l’Humanité à 14 h, Philippe Martinez débattra avec Jean-Paul Delevoye sur la question des retraites (transmis en direct sur les réseaux sociaux)