Si la réunion du 3 mai avec le directeur du CHITS, Michel Perrot et le délégué départemental de l’ARS (agence régionale de santé), Sébastien Debeaumont constitue une avancée réelle qui a permis de mettre tous les problèmes sur la table, Manon Magagnosc, secrétaire du syndicat CGT, tout en en prenant acte, relativise les engagements pris par la direction.
« Il aura fallu 63 jours de grève pour qu’on en arrive là mais nous n’avons obtenu que très partiellement satisfaction, à savoir :
– Un renforcement ponctuel d’infirmier le jour sur les périodes d’été et d’hiver où il y a beaucoup plus de passage.
– La création d’un 9éme infirmier de jour toute l’année (il y avait déjà ce 9éme Infirmier de jour mais avec l’appel à des heures supplémentaires et à l’intérim),
– L’étude sur d’éventuels travaux d’ampleur pour agrandir les Urgences, ça reste vague.
Il n’y a aucune réponse sur les renforts de nuit en infirmiers et rien sur les aides-soignantes.Les conditions de sécurité pour les patients comme pour les personnels ne sont pas réunies.
Nous attendons la confirmation écrite des propositions faites par le directeur et le calendrier précis de leur mise en oeuvre. Nous ne pouvons nous contenter de simples effets d’annonces. En attendant la grève se poursuit. Une prochaine assemblée générale décidera de la suite à donner à notre mouvement. » (mardi 15 mai).
Le directeur estime « qu’il y a les effectifs globaux nécessaires… » et que c’est un problème d’organisation qu’il voulait bien revoir.
Ce qui est exactement le discours officiel de Macron qui répondait récemment à une infirmière que « les moyens financiers ne baisseraient pas », comme de la ministre A. Buzyn.
Les circonstances de la mort de Naomi, une jeune femme de 22 ans, suite à son appel au SAMU, pas pris au sérieux, viennent tragiquement rappeler que la sécurité des patients pose un vrai problème, y compris en amont des services d’urgence saturés, un temps d’attente qui s’allonge, dû au manque de personnels et de lits disponibles.
Sans doute qu’il y a des problèmes d’organisation interne dans ces grandes structures hospitalières, des problèmes de formation également…Ils ne doivent pas occulter de criants problèmes d’effectifs qui vont à l’encontre des politiques libérales de réduction des dépenses publiques. Les hôpitaux ne sont pas épargnés. Et ça, c’est du ressort de l’Etat de doter ou non nos services publics des moyens nécessaires à la prise en charge des patients, de tous les patients, quels qu’ils soient.
Contrairement à ce que soutenait le Président de la République à cette infirmière qui tenait bon sur l’insuffisance des moyens de nos hôpitaux très en retard sur les besoins.
En témoigne cette note (1) de la direction générale de l’offre de soins, transmise par FO-santé à la presse, un plan d’économies de 1,2 milliard d’euros sur la masse salariale est à l’étude pour la période 2018-2022. Le plan d’économies globales appliqué aux dépenses de santé atteignant 6,2 milliards !
Le taux de croissance annuelle de la masse salariale réduit de 2,1 à 1,59%, c’est précis. Le syndicat FO y voit « une dichotomie entre les propos du président de la République, du gouvernement et la réalité…un mensonge des pouvoirs publics sur la prétendue absence de plans d’économies sur l’hôpital ».
Autrement dit, cela se traduirait par des salaires compressés et « une suppression de 30 000 postes sur cinq ans », rapporte le site Hospimedia à partir de la même source syndicale.
Voilà qui appelle à beaucoup de circonspection concernant les annonces du gouvernement visant à rassurer l’opinion plutôt qu’à assumer toutes les conséquences des réductions de crédits concernant l’ensemble des services publics tandis que les faveurs fiscales sont accordées aux très riches, élevés au rang de « premiers de cordée ».
C’est plus qu’un symbôle.
René Fredon
(1) https://www.humanite.fr/budget-12-milliard-de-coupes-sur-les-salaires-des-hospitaliers-655090