Trump-Netanyahu provoquent un bain de sang à Gaza

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Lundi 14, à l’occasion de l’inauguration à Jérusalem de l’ambassade américaine, des milliers de manifestants palestiniens sans armes se sont rassemblés à la frontière imposée par l’État d’Israël dans la bande de Gaza pour protester contre cette nouvelle provocation concoctée par les deux chefs d’État pour affirmer que Jérusalem a vocation à être la capitale d’Israël.

La répression de l’armée Israëlienne a fait au moins 55 morts et 2500 blessés ! Qui fait régner la terreur ? Qu’on ne vienne pas dire que critiquer la politique de cet État relèverait de l’anti-sémitisme et qu’il ne ferait que se protéger en annexant les territoires palestiniens depuis plus de quarante ans et qu’il défendrait ensuite ses conquêtes coloniales au nom de sa sécurité !

Ce massacre perpétré après la décision de Trump dénonçant l’accord avec l’Iran sur le nucléaire et celle de transférer son ambassade de Tel-Aviv à Jérusalem, marque son soutien politique, diplomatique et militaire à Netanyahu qui s’autorise à bombarder le territoire syrien !

Cet usage de la force vise à dissuader le peuple palestinien de toute velléïté de résistance et d’affirmation de son droit bafoué à un État indépendant sur son propre sol. Cette humiliation permanente ne peut que provoquer colère et indignation en Palestine et bien au-delà. Elle favorise les tensions dans cette région des plus instables et nourrit le fanatisme religieux le plus intolérable. Il condamne le processus de paix et la création de deux États.

Ce que prévoyait l’assemblée générale de l’ONU du 29 novembre 1947 qui adopta le principe du partage du territoire entre deux États, l’un arabe et l’autre juif, au sein d’une union douanière, Jérusalem et Bethléem étant placés sous administration internationale (résolution 181) (1). Le 14 mai 1948 l’indépendance de l’État d’Israël était proclamée.

Ce nouvel acte de violence à Gaza, 70 ans après, a été immédiatement dénoncé par le conseil de sécurité de l’ONU, ainsi que par la France et la plupart des capitales européennes et mondiales.

« Le Conseil de sécurité réaffirme que toute décision ou action qui prétend avoir modifié le caractère, le statut ou la composition démographique de la ville sainte de Jérusalem n’a aucun effet juridique, est nulle et non avenue et doit être annulée conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité », disait aussi le projet de texte qui proposait une enquête indépendante et transparente sur les évènements meurtriers de ce 14 mai 2018.

Les États-Unis ont aussitôt bloqué le communiqué du conseil de sécurité. Le porte-parole du centre communautaire Israëlite de Toulon et du Var, Yves Haddad déclarait la veille : « Israël n’a pour sa part, jamais pu compter sur qui que ce soit pour assurer sa propre sécurité » (VM 13/5/18). Cela prête à sourire. Il trouve parfaitement normal qu' »un État installe son ambassade là où il le souhaite, avec l’accord du pays d’accueil… » Pardi ! Mais alors que valent les résolutions de l’ONU pour ce pays condamné de multiples fois pour ses annexions de territoires ? Le droit de véto américain lui était acquis, quoi qu’il fasse. Il a continué.

Force est de constater que les Palestiniens n’ont toujours pas d’Etat et que les frontières qui leur étaient reconnues, ont été allégrement bafouées tout comme les accords de paix signés qui laissaient entrevoir un horizon pacifié. Ce n’est ni un alignement idéologique sur la partie palestinienne, ni un rejet de l’état juif par principe mais le constat d’une situation qui, dès le départ, n’a pas respecté les droits des palestiniens qui vivaient en Palestine et qui attendent toujours la reconnaissance de leur État.

Nous ne perdons pas de vue l’hostilité du peuple arabe de Palestine et alentour à cette décision prise sans eux, à l’époque. D’autant que la Palestine avait été occupée en 1917 par la Grande Bretagne qui y proposait déjà l’établissement d’un Etat juif, ce qui suscita la révolte des Palestiniens en 1936 contre l’émigration juive qui fuyait les pogroms en Europe notamment et contre le mandat britannique.

L’existence d’Israël ne saurait être remise en cause. Ni sa sécurité. Cela l’autorise-t-il à annexer « pour mieux se protéger » ? A piétiner les résolutions de l’ONU ? Et à ne pas vouloir entendre parler de restitution des territoires conquis ? Cela rend tout accord impossible. Serait-ce le but recherché ? Le nationalisme exacerbé de Trump et de Netanyahu (même s’ils ne sont pas les seuls) concourt directement à aggraver les menaces qui pèsent sur le monde par l’escalade de la violence ce qui de surcroît alimente le rejet de l’occident.

Le positionnement de Trump ne fait que souffler sur les braises toujours ardentes d’un conflit qui n’en finit pas dans cette partie du monde particulièrement déstabilisée et pas que par des questions religieuses. Tout en parlant de paix, il vole au secours d’un gouvernement, fort de sa puissance militaire qu’il met au service de son expansion. Ce qui ne peut qu’éloigner toute perspective de paix dans la région.

Et donc favoriser la montée d’un antisémitisme récurrent contre lequel il est plus important que jamais de lutter, tout comme contre tous les racismes, l’islamophobie n’étant pas moins détestable et tout aussi dangereuse. Ces racismes servent les desseins de celles et ceux qui les utilisent pour diviser les sociétés sur des bases identitaires plutôt que de les rassembler sur des bases solidaires face aux ravages du libéralisme sur le plan social et écologique.

L’Europe, tout en condamnant, est trop divisée et trop enlisée dans son ultra-libéralisme qu’incarne si bien la politique de Macron, pour peser sur la situation nouvelle et très préoccupante créée par le dirigeant américain qui avait entraîné deux pays, la France et l’Angleterre dans les frappes en Syrie il y a un mois !

Pour arrêter l’engrenage de la sur-enchère militaire qui se joue en ce moment, comme pour arrêter la fuite en avant du libéralisme à l’oeuvre, c’est sur l’intervention des peuples qu’il faut compter.

Sous peine de faire le jeu des nationalismes, toujours à l’affût, qui exploitent les peurs et la dégradation sociale pour des issues que nous connaissons trop bien.

René Fredon

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