Trump et « moralisation » de la vie publique

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Au cours du débat de Var Matin entre les candidats de la 1ère circonscription de Toulon, ce 1er juin 2017 à la salle Botolaso, deux sujets de grande actualité ont été abordés ou plutôt effleurés. A dix candidats pendant moins de deux heures, cela fait peu pour chacun et pour chaque question.

La décision attendue dans la soirée -et confirmée- de Trump concernant le désengagement des Etats-Unis de l’accord signé à Paris à la Cop21 a trouvé un défenseur : celui du FN qui a osé justifier la position de Trump par l’argument du protectionnisme -mon pays d’abord- ce qui fait a-t-il dit, qu’en produisant chez eux les Américains vont réduire les importations et donc les émissions de GES (Gaz à effet de serre) découlant du transport des marchandises !!!

Il faut le faire ! Comme si le FN ignorait que c’était, avant tout, pour émettre librement les GES découlant des pollutions industrielles à grande échelle (pétrole, gaz de schiste, charbon, déforestations…), sans aucune taxe ni contrainte d’aucune sorte. Autrement dit il torpille un accord déjà difficile à concrétiser et encore plus à appliquer dont le but est de ralentir  les effets dévastateurs de nos modes de production, de consommation et de transport sur la planète tout entière.

Trump n’envisage pas du tout de ralentir les mouvements de ses navires de guerre déployés sur tous les continents, ni le commerce des armes, bien au contraire. Faisant au surplus courir au monde un danger d’escalade et de déstabilisation déjà suffisamment préoccupant. Le commerce des armes et la maîtrise des richesses au Moyen-Orient et ailleurs ont quelques rapports avec le terrorisme qui se répand jusqu’en Occident.

Il rêve encore d’une Amérique incarnée par les Etats-Unis, dominatrice du monde, par le dollar et les armes, il ne conçoit absolument pas un monde multipolaire dans lequel toutes les civilisations ont leur place.

Fidèle à lui-même, le FN qui avait, seul en France, soutenu sa candidature à la présidentielle américaine, lui emboîte le pas et érige le milliardaire polluant en modèle, au moment même où il est embourbé dans une lourde affaire pré-électorale de relations douteuses avec la Russie qui pourrait déboucher sur sa destitution !

On a les amis qu’on choisit.
Seconde question dans l’actualité : la loi de moralisation de la vie publique présentée dans l’après-midi par le ministre de la Justice. On en connaît les grandes lignes : mettre un peu d’ordre dans les pratiques des députés et ministres, qui, pour être légales n’en sont pas moins considérées comme…intolérables par l’opinion et de nature à jeter le discrédit sur les institutions : gouvernement et parlement.

Belle occasion saisie par Macron pour séduire l’opinion, à la veille du 1er tour, d’autant que le projet de loi doit être adopté…entre les deux tours ! Devinez pourquoi ? Pour en faire un argument électoral bien sûr, c’est que la majorité des sièges est loin d’être acquise, quoiqu’en disent les sondages qui font partie du conditionnement de l’opinion.

A quoi bon attendre que l’assemblée nationale soit élue si ça peut servir à gagner des voix. Ainsi fonctionne le système politique : tu arrives au pouvoir avec 24% des voix sur ton programme et, tu y ajoutes ceux qui n’ont pas voté pour toi et qui vont le faire par rejet de ton adversaire, l’extrême-droite et uniquement pour ça. Ensuite tu te précipites au nom de tous comme s’ils soutenaient ton programme. Astucieux, n’est-ce pas ? Et on parle de « moralisation » de la vie politique ? Pas de la proportionnelle, encore moins de la 6è République.

Mais c’est pire que de la mauvaise foi, c’est de l’imposture, de l’usurpation que d’interpréter un vote de second tour comme un vote d’adhésion à son programme rejeté au premier tour. Et de faire passer par ordonnances des décisions qui risquent de ne pas avoir de majorité au parlement. On est dans les combinaisons les plus classiques, les plus traditionnelles.

Comment veut-on que l’on puisse y croire surtout quand on sait ce qui se mijote dans les cuisines de l’Elysée.

Et puis, sans entrer dans les détails, l’Etat fait entrer la « morale » dans ses prérogatives : dire le bien et le mal en toute chose serait sa nouvelle fonction ? Ce ne peut être une confusion et c’est d’autant plus grave.

Autant la loi évolue avec les évolutions de la société elle-même -et dans les deux sens- autant elle n’a pas vocation à nous dicter ce qui est moral ou pas. Laissons cela à la pensée de chacun dans son intimité. Autre chose est l’éthique, le comportement de chacun vis à vis des autres et de la société. A plus forte raison quand on gère des fonds publics.

Il paraît évident que les législateurs -et donc la loi- seront d’autant mieux respectés s’ils ne sont pas suspectés par des actes, comme il y en a beaucoup trop, induisant un favoritisme familial, par exemple, ou exerçant une autre fonction directement liée à leurs décisions de députés. Comme le député Dassault  votant une part des crédits militaires destinés à sa société…et de multiples autres conflits d’intérêt. Et que penser des lobbies qui achètent des députés et rédigent eux-mêmes les lois qui les favorisent : ils sont de plus en plus nombreux.

Qui les laisse faire, qui tolère la fraude et l’évasion fiscale, qui invite les jeunes à devenir milliardaires ?

Mais alors que penser des effets des choix politiques libéraux qui admettent plusieurs catégories de citoyens  : des possesseurs de richesses jamais assez riches et à l’autre pôle les chômeurs, les pauvres, l’immense majorité, celles et ceux à qui la société ne garantit ni un emploi ni un revenu suffisant pour vivre dignement. Serait-ce « moral » ?

Seraient-ils -les nouveaux locataires de l’Elysée et de Matignon- incompétents car inefficaces ou s’emploieraient-ils à justifier…moralement bien sûr, que tel est notre monde que l’on ne pourrait changer ? Ce monde à deux vitesses qui détruit la planète et s’oppose à l’émancipation de tous les peuples, de toutes les catégories sociales des aliénations qu’ils subissent.

N’est-ce pas toute la question qu’il serait bien de se poser le 11 juin. Et si on commençait par maîtriser la finance pour lui donner une toute autre destination…l’Humain d’abord ?
Il y a tellement d’urgences sociales et écologiques.

René Fredon

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